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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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Sur la façade de l’église, j’aperçus un petit écriteau « Révérend<br />

Stevens GRAHAM ». Instinctivement, je relevais le numéro de téléphone et<br />

m’engouffrais dans la cabine téléphonique, à deux pas de là. Dans un élan<br />

indomptable, j’ai décroché le combiné. J’étais tellement bouleversée que je<br />

parvenais tout juste à articuler deux mots. D’une voix pantelante étouffée par<br />

les sanglots, je brossais le portrait de nos péripéties. Le Révérend Graham<br />

m’écouta patiemment et me répondit d’un ton cordial, qu’il venait<br />

incessamment à notre rencontre.<br />

Contre toute espérance, la prière de maman fut exaucée.<br />

Les versets bibliques, comme surgis du temps scelleraient la<br />

promesse de Dieu, « Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous<br />

diriez à cette montagne, transporte-toi d’ici là et elle se transporterait, rien<br />

ne vous serait impossible ».<br />

Il y eut une trêve, il y eut un matin : le dix-septième jour du mois de<br />

septembre de l’an de grâce 2003. C’est alors que le désert de l’indifférence<br />

régressa au son des trompettes du Tout-Puissant. Dans le creuset de notre<br />

existence, démunis d’argent, isolés dans une petite île patrouillée par les<br />

hommes de main, un homme, un seul ravirera la flamme de la Résistance.<br />

Au bout d’une quinzaine de minutes, le révérend sortit de sa voiture<br />

pour venir nous saluer. Un rayon de lumière scintillait sur sa merveilleuse<br />

chevelure blanc argenté. Il n’a pas encore cinquante-cinq ans, mais il en<br />

paraît dix de moins. Grand, élégant, un regard d’un bleu profond souligné<br />

par un sourire radieux illuminait son visage. Il avait beaucoup d’allure, mon<br />

père d’adoption.<br />

De cet étranger, je ne savais rien, sinon cet écriteau vissé sur la<br />

façade de l’Evangelical Church qui m’informait en deux mots de son<br />

ministère de prédicateur. Nous le suivons à sa voiture. Il se charge ce jour là,<br />

de se substituer aux responsabilités de l’Etat français, de porter notre fardeau<br />

et ramener les brebis égarées dans une bergerie qui n’est autre que sa<br />

maisonnée. Le trajet fut relativement court jusqu’à Braiswick, une bourgade<br />

en retrait des remparts de Colchester où le pasteur avait élu domicile avec<br />

son épouse, Pauline. Il nous dépose devant sa demeure située dans un<br />

lotissement bordé de haies. Dans l’allée gravillonnée qui jouxte le jardinet,<br />

dort une vieille caravane.<br />

Mis à part le facteur qui remplit sa tournée rituelle et une vieille<br />

dame qui cancane, le quartier résidentiel est très silencieux.<br />

Dès l’entrée, cette maison respirait la sérénité et semblait murmurer<br />

dans le creux de l’oreille « Laissez derrière vous votre fardeau, demandez et<br />

vous recevrez, frappez et l’on vous ouvrira ». Havre de paix, voilà<br />

l’expression qui convenait à cette demeure, un appel irrésistible pour des<br />

exilés à bout de souffle, des cœurs cabossés avides de repos et de réconfort.<br />

Dans le hall d’entrée, le ballet aquatique de poissons tropicaux dans<br />

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