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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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servait de boussole. Nous traversons le petit pont de pierre, en sens inverse et<br />

croisons un couple d’amoureux tendrement enlacé se promettant monts et<br />

merveilles, sous le clair de lune rousse. J’interromps cette effusion de baisers<br />

romantique et demande aux tourtereaux de nous indiquer l’hôtel le plus<br />

proche. L’image la plus éloquente serait celle d’un cheveu qui tombe dans<br />

un velouté de légumes.<br />

Nonobstant, la jeune-fille en fleur et son Roméo nous indiquent<br />

poliment un bed and breakfast situé de l’autre côté de la rue. Excédés, nous<br />

nous arrêtons pour la nuit au Globe Hôtel, qui comme son nom l’indique<br />

accueille tous les globes trotteurs de la planète. A peine après avoir franchi<br />

la porte de l’hôtel de catégorie une étoile, je ressentais un profond désarroi.<br />

Derrière le comptoir, la patronne à la voix chaleureuse préparait ses<br />

potions à la pression. Ici tout inspirait la débauche, ambiance fiévreuse,<br />

piliers de bar, puits de lumière triste, prestations des plus rudimentaires. En<br />

un mot, l’auberge des Thénardier nous déroulait son paillasson. En guise de<br />

corbeille d’accueil, les hôteliers nous offraient gracieusement un plateau thé<br />

et café en contre-partie du paiement cash de vingt cinq pounds par nuit et par<br />

personne. Le logis qui s’avérait une excellente formule pour les routards et<br />

les budgets limités nous assènerait le coup de grâce. Un B&B et un repas par<br />

jour pour cinq personnes représentaient un douzième du salaire mensuel de<br />

Marc. En dix jours nous serions liquidés. Marc règle la douloureuse note<br />

d’hôtel et s’empresse de nous ravitailler en vivres et tabac roulé, à l’épicerie<br />

de nuit. Il se faufile comme une ombre dans la fraîcheur de la nuit, revêtant<br />

son éternel sweat-shirt bouloché à peine plus épais qu’un tricot qui<br />

l’habillera pour l’hiver. De part le refus inique de prise de mesures de<br />

protection par les autorités françaises, notre troupe de résistants, mon cher<br />

Watson, fut frappée à l’estomac, privée des bonnes tables anglaises.<br />

Cette vision m’insufflait la débâcle qu’engendra la guerre de 1939-<br />

1945 et je disais tout haut ce que certains pensent tout bas, « Elle a du être<br />

belle la guerre ! ». Le rationnement rigoureux allait s’<strong>org</strong>aniser sans même<br />

prendre le temps de la réflexion. « Boire, manger, trouver un abri pour<br />

dormir », tel serait notre lot quotidien.<br />

Cinq citoyens français confrontés à une guerre atypique, devaient<br />

apprendre par cœur la règle impérieuse de la vie en communauté. Nous<br />

avions artistement dressé une table pique-nique, agencée sur la commode<br />

calée entre le lit et la porte de la chambre pour ne pas passer aux yeux de la<br />

maison, pour des primates ou pis « Les Visiteurs » venus d’un autre monde.<br />

Nous prenions notre menu repas composé d’une recette-terroir des<br />

plus basiques, un en-cas de jambon-fromage enroulé entre deux tranches de<br />

pain de mie, enrichi d’une tablette de chocolat. Il va sans dire que la nappe et<br />

les couverts ne seraient sortis que pour les circonstances particulières… Le<br />

jour suivant, nous élirons domicile au Peveril Hôtel de classe identique,<br />

située sur une butte à l’orée de la ville. La morosité gagnait insidieusement<br />

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