LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org
LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org
LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
nos déambulations, nous tombons nez à nez avec un couvreur qui restaure le<br />
toit du clocher de l’église. A notre venue, l’homme tout sourire dehors,<br />
s’empresse de descendre de son échafaudage pour nous renseigner. Celui-ci<br />
s’excuse presque de nous recevoir en bleu de travail et se présente comme le<br />
curé de la modeste paroisse anglicane. Nous déposons momentanément nos<br />
bâtons de pèlerins, à la porte de l’église de la Visitation.<br />
Nous lui faisons part de la pénurie actuelle de logement dans le<br />
secteur. L’ecclésiastique nous met en rapport avec la bonne du curé à<br />
laquelle nous exposons notre situation des plus précaires. Nous frappions à<br />
la porte de la charité pensant trouver dans ce lieu de prières, un asile pour<br />
quelques nuits, habité par une âme compatissante. Au lieu de nous aider, la<br />
bonne sœur se contente de passer en revue l’annuaire des pages jaunes et<br />
nous conseille vivement de nous rabattre sur le caravaning. Je lui force la<br />
main pour qu’elle facilite nos démarches. Manque de bol, une fois n’est pas<br />
coutume, il y a une condition incontournable. La « Bernadette Soubirous »<br />
de service, recroquevillée sous la statue de la Vierge sacrée, tourne le dos à<br />
la vasque d’eau bénite et nous apprend que les emplacements sont libres<br />
jusqu’à la mi-janvier mais la caravane n’est pas fournie...<br />
Je demande alors l’hospitalité chrétienne au sein de la paroisse ou<br />
auprès de fidèles. La nonne nous prie de patienter quelques instants pour<br />
soumettre notre requête au curé. D’un bond, elle quitte sa chaise et revient en<br />
un éclair, l’air plutôt embarrassé. Le regard fuyant, elle nous propose en<br />
dernier ressort l’Armée du Salut. Puis sans ménagement, la mégère nous<br />
envoie au diable au risque de subir les foudres du divin dispensateur. A la<br />
sortie, l’homme d’église nous apprend contre toute attente que la paroisse<br />
n’a pas vocation à héberger les réfugiés politiques ni même les pauvres de<br />
tout bord. Nous ne faisions pas la mendicité et pourtant nous étions traités<br />
avec les mêmes égards que ceux réservés aux gueux.<br />
Nos doléances ne trouvaient point de complaisance et résonnaient<br />
comme dans une coquille vide. Dépités, nous reprenons bâton de pèlerin et<br />
sandalettes pour arpenter le bitume du chemin de Compostelle. Nous étions<br />
tels des fuyards agglutinés çà et là devant un pub, un hôtel, une église<br />
guettant un eden anglais qui nous accueillerait ou un bon samaritain qui nous<br />
tendrait une main secourable. L’espoir d’un secours tournait court. Tel était<br />
le village de Colchester, un petit coin perdu entre le paradis et les lieux de<br />
perdition, où la vie semblait s’écouler comme un long fleuve tranquille.<br />
L’automne semblait s’absorber dans un précoce hiver. Le soleil<br />
quittait l’horizon à cinq heures de l’après-midi. Pour nous, il était grand<br />
temps de trouver un abri. Dans une angoisse incommensurable, nous<br />
décidons de rebrousser chemin en direction de la ville-dortoir où les prix des<br />
chambres d’hôtes référencées par l’office du tourisme restent plus<br />
abordables. Le soleil venait de se coucher sur la ville et le ciel cendré nous<br />
170