23.06.2013 Views

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Colérique de nature, Phaï démarrait au quart de tour et s’emportait à<br />

tous vents. Marc faisait tant bien que mal le tampon entre Phaï et moi.<br />

De tempérament calme mais ferme, il s’armait de patience pour<br />

supporter les foudres passagères de Phaï.<br />

Finalement, cette attente prolongée au pub se soldait par un échec.<br />

Notre convoi de réfugiés reprenait la randonnée pédestre sur le<br />

chemin de Compostelle et croisait sur son passage une colonne de l’armée<br />

du salut remontant vers le bourg. La balade des gens malheureux se<br />

poursuivrait sur la voie ferrée et s’arrêterait provisoirement à la prochaine<br />

station. Dehors, les oiseaux gazouillaient, les pétales de roses et une pluie<br />

soudaine de glands et pétioles d’azalée formaient une mosaïque colorée sur<br />

le parterre du quai de la gare. La train corail sifflait déjà son arrivée en gare,<br />

il était tout juste midi. A la dernière minute, je passais un coup de fil à Rosie.<br />

Le jour J de l’exil, maman mit un chèque bancaire sous pli pour<br />

régler l’avance des billets du train aller-retour Toulouse-Paris accordée par<br />

notre Mata Hari toulousaine. Maman lui demandait expressément de ne pas<br />

l’encaisser avant notre appel depuis l’étranger, pour sa propre sécurité et la<br />

priait en outre de patienter sous peine de causer l’interdiction bancaire et<br />

nous mettre un peu plus sur la paille.<br />

Etant donné qu’elle nous avait hébergés, son compte serait épluché<br />

dans les minutes suivant l’opération bancaire et Rosie serait inévitablement<br />

soumise à la question. Maman prévoyait de lui adresser un mandat<br />

international dès que la situation financière serait apurée. A titre<br />

compensatoire, j’encourageais Rosie à vendre ma bague sertie de diamants<br />

sachant qu’elle en tirerait un bon prix. Ce bijou taillé par un orfèvre m’avait<br />

été offert par mon ex-fiancé Bruno à l’occasion de nos retrouvailles, après<br />

une période de guerre froide. J’avais négligemment oublié ma bague chez<br />

Rosie et lui proposais mon bijou en gage de paiement. Je profitais de ce bref<br />

intermède pour contacter un ami dacquois, le suppliais de ravitailler et<br />

prendre soin de notre chatte persane Duchesse isolée dans la maison<br />

familiale landaise.<br />

Rassurée par les propos bienveillants de cet ami, je retournais sans<br />

tarder sur les quais.<br />

La locomotive nous convoierait vers une destination inconnue, un<br />

autre port d’attache.<br />

Nos bras ressemblaient à des ramures cassées, nos mouvements<br />

prenaient la cadence d’une chenille fatiguée. Poussés par la force du<br />

courage, nous croyions qu’un lendemain nous attendrait dans une autre ville.<br />

Tapis dans le wagon, le regard tourné vers l’avenir, nous guettions le<br />

lieu favorable où les ailes brisées des papillons humains pourraient enfin se<br />

poser, sans trop de casse. Nous, les captifs, reprenions le chemin cahotant de<br />

l’errance pendant que les hauts représentants myopes se voilaient la face et<br />

165

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!