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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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lover une dernière nuit dans les couettes moelleuses. Au sein de ce Sweet<br />

Home inviolable, une fois le pont-levis de ses fenêtres ventrues remonté et la<br />

porte refermée derrière nous, je me réfugiais dans une attitude presque<br />

flegmatique, à l’instar des anglais. Le « come back home » exclu d’office de<br />

nos projets, il ne restait plus qu’à reprendre la route « on the road again », à<br />

la recherche d’une nouvelle tranchée dans le maquis.<br />

Au matin du 14 septembre, nous levions le camp. Sir Terry<br />

LINDSELL, les larmes aux yeux voyait au grand jour sous un ciel brumeux<br />

deux mères soucieuses, une jeune-femme éreintée et deux hommes perdus,<br />

fauchés, arrachés de leur patrie par une bourrasque injuste, prendre la route,<br />

le baluchon sous le bras, les serviettes de toilettes entassées dans le vieux sac<br />

sponsor en simili-cuir noir griffé « Johnny Walker » qui dormait sans doute<br />

depuis des années dans l’armoire de l’hôtelier.<br />

Le vent balayait la rue, les feuilles d’automne tapissaient les<br />

trottoirs. Nous longions péniblement à pied les quais du port d’Harwich et<br />

tout au long du trajet jusqu’à la gare, je versais silencieusement les larmes du<br />

désespoir. La rafale emportait derrière elle notre détresse et me soufflait dans<br />

le creux de l’oreille les paroles de Johnny Hallyday, un célèbre chanteur<br />

français, « Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir ». Désespérés, nous<br />

marchions à l’aveuglette vers l’inconnu. Sur le chemin, nous faisions une<br />

halte dans un pub situé en front de mer. A tout hasard, nous demandions à la<br />

barmaid de nous indiquer une chambre chez l’habitant, une adresse où loger<br />

moyennant le versement d’un loyer.<br />

Un jeune groupe de musiciens débarqué en fanfare, installait les<br />

instruments de musique sur une scène aménagée dans un recoin du bar. Le<br />

groupe jouait un concert aux inspirations rock et jazzy. Le chanteur bohème<br />

reprenait les vieux tubes des Beatles, le bassiste grattait de la mandoline sur<br />

des airs de Pink floyd, le saxophoniste et le batteur s’en donnaient à cœur<br />

joie. La salle avait une mauvaise acoustique et les cuivres canardaient dans<br />

les aigus. Entre le bourdonnement incessant des instruments et les maux de<br />

tête dus à la tension psychique, nos ouïes étaient à la noce. Nous passerons<br />

près de trois heures d’attente interminables scotchés sur une banquette, avec<br />

nos bagages de fortune encombrants. J’infusais le café à l’américaine dans la<br />

tasse en porcelaine pour tuer le temps et maman priait silencieusement, les<br />

yeux rivés vers le ciel d’où lui viendrait le secours. De retour au pub, la<br />

barmaid ramenait de sa chasse aux informations de mauvaises nouvelles. Les<br />

tarifs pratiqués par les hôteliers étaient exorbitants. Les agences<br />

immobilières avaient fait leur beurre et terminaient la saison estivale. Quand<br />

bien même l’agent nous aurait trouvé par miracle un deux pièces et cuisine,<br />

nous étions si fauchés que seul un taudis et un bout de pain noir nous<br />

semblaient accessibles.<br />

Le baromètre des humeurs n’était pas au beau fixe.<br />

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