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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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J’étais naïve au point d’imaginer qu’une chaîne de solidarité<br />

miséricordieuse déploierait tous les moyens pour nous sortir de ce tourbillon.<br />

Systématiquement, mes relations reprenaient dans leur grande<br />

mansuétude le même refrain « nous sommes de tout cœur avec vous » et<br />

semblaient réciter la prière « Dieu vous bénisse » par saccade de deux à la<br />

manière d’un mantra. En guise de soutien moral et financier, la réplique «<br />

Bon courage » s’échappait laconiquement du combiné téléphonique,<br />

fredonnée par nos amis, trissée par nos proches, comme un leitmotiv censé<br />

nous réconforter. Sans doute par compassion ou plutôt pour se débarrasser<br />

de la problématique, valait-il mieux nous communiquer les coordonnées<br />

téléphoniques du « Citizen Advice Bureau », soit l’équivalent français d’un<br />

service d’aide sociale, à l’écoute des doléances des ménages anglais, sans<br />

rapport aucun avec notre requête d’exilé. Ceux là même qui par le passé, je<br />

dirai même un passé proche, nous témoignaient leur attachement et ne<br />

tarissaient pas d’éloge à notre égard, nous tourneraient le dos.<br />

Le carnet des bonnes adresses étant périmé, nous étions en proie à<br />

l’idée de dormir à la belle étoile, sous les ponts, bercés par le clapotement<br />

des eaux noires de la Tamise. Le tire-jus en papier recyclable, mon vieil ami<br />

ne me quitterait plus.<br />

A la tombée de la nuit, rongées par l’inquiétude, nos mères<br />

guettaient depuis la fenêtre de la chambrette le retour du front. Le trio<br />

revenait d’une randonnée pédestre plus corsée que le trekking. Ce type<br />

d’expédition au sein de la capitale de rêve n’avait ni le charme ni le rythme<br />

des visites culturelles en bus à impériale. La valise diplomatique de Phaï<br />

contenait la trousse à outils du hacker bien aimé ainsi que la liste des<br />

constats de déni de justice dressés et couchés sur des compte-rendus par le<br />

brigadier Marc. Par la force des choses, je m’improvisais tour à tour reporter<br />

sans frontière et sans bannière ou avocat.<br />

Après la presse à scandale, nous multiplions les démarches auprès de<br />

cabinets d’avocats internationaux ayant pignon sur rue. D’emblée, les<br />

honoraires onéreux des hommes de loi constituaient un handicap sérieux.<br />

Nous sollicitions la défense de nos droits de citoyens français<br />

bafoués ainsi que les conseils avisés d’un juriste avant d’entamer une<br />

procédure d’asile politique. Paradoxalement, ces derniers nous orientaient<br />

vers leurs confrères français prétextant que ce type de litige ne relevait pas<br />

de leur juridiction ou compétence. En résumé, tout le monde nous faisait<br />

tourner en bourrique.<br />

Plusieurs jours de suite, à la hâte et dans la crainte, nous parcourions<br />

des kilomètres à pied, marchant parfois plus de huit heures par jour, épuisés,<br />

avant de rejoindre notre refuge à Harwich. Puis après une journée harassante,<br />

nous rentrions à l’hôtel. Je m’enroulais dans les draps en me disant que ce<br />

n’était qu’une question de jours. Le temps s’écoulait, les démarches<br />

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