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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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distribuait généreusement à chaque membre de la famille l’argent réservé<br />

aux menues dépenses.<br />

Les frais d’hébergement, de restauration et de déplacement se<br />

révélaient onéreux. Le coût de la vie en Angleterre n’était pas en adéquation<br />

avec nos faibles revenus. Dépossédés de tout et frappés iniquement<br />

d’ostracisme, nous investissions une part non négligeable de notre budget<br />

dans l’achat de matériel informatique dispendieux mais néanmoins salutaire.<br />

Emportés par cette spirale de la précarité implacable, l’univers<br />

virtuel constituait notre seule arme de défense pour briser la loi du silence.<br />

Sans compter les dépenses occasionnées par nos rituelles tournées dans le<br />

cyberespace qui finissaient d’engloutir toutes nos économies.<br />

Fort heureusement, le patron de l’hôtel ne nous avait pas exigé le<br />

paiement de la chambre lors de notre arrivée. Le visage de maman se<br />

rembrunissait au fur et à mesure que les jours passaient. Nos ressources déjà<br />

modiques s’amenuisaient, et nous contraindraient à écourter le séjour à<br />

l’hôtel Phénix.<br />

Nous avions cassé la tirelire et au bout de deux semaines, nous<br />

étions déjà pris à la g<strong>org</strong>e. Nous nous contentions d’un breakfast copieux et<br />

parfois d’un dîner. Lors d’une de nos virées à Londres, à la sortie d’un<br />

cybercafé, nous nous étions réfugiés par hasard dans un établissement de<br />

restauration rapide pour consommer une boisson chaude, avant de rejoindre<br />

notre campement. Par bonheur, la chaîne de restauration baptisée à la<br />

française sous l’enseigne “Le prêt à manger” liquidait gracieusement ses<br />

stocks de sandwichs du jour, avant la fermeture.<br />

Dans cette scène pitoyable, en m’imposant un arrêt sur image, je me<br />

souviens nettement de cet employé débonnaire, un jeune homme flandrin,<br />

l’air attristé, qui semblait deviner sans mot dire, juste en croisant nos regards<br />

perdus dans la vitrine réfrigérée, que nous étions quelque peu gênés aux<br />

entournures. Nous ressortions les bras chargés de denrées alimentaires,<br />

enveloppées dans une poche en plastique.<br />

Nous traversions incontestablement une mauvaise passe et j’aurai eu<br />

tellement honte d’être pratiquement réduite à la mendicité, que la faim à tout<br />

prendre me paraissait préférable. J’avais l’impression erronée de donner<br />

l’image d’un tire-sou. Confrontés jour après jour aux réalités matérielles<br />

consternantes, nous serions bientôt aguerris contre les fléaux de<br />

l’indifférence et le sentiment miséreux.<br />

En désespoir de cause, j’épluchais mon carnet d’adresse.<br />

Nous ne connaissions personne d’autre, en dehors de Michaël et une<br />

parente lointaine de maman susceptibles de pouvoir nous héberger sous leur<br />

toit, moyennant le versement d’un petit loyer. Une nuit d’angoisse, j’ai voulu<br />

joindre la cousine éloignée de maman, originaire du rocher de Gibraltar,<br />

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