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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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umeux, armé de courage et de persévérance, il sortait des quais, en<br />

direction d’une ville, empruntant une locomotive qui le mènerait à mille<br />

lieux de ce village, à la conquête d’un distributeur automatique bancaire.<br />

Cette manœuvre habile permettrait d’échapper assurément aussi<br />

bien au traçage au compas qu’à un coup de filet opéré par des pirates en tous<br />

genres.<br />

Au crépuscule, il regagnait à pied le Manoir ramenant les vivres et le<br />

nerf de la guerre avant de débattre avec ses coéquipiers des nouvelles<br />

directives qui s’imposaient.<br />

Tôt le matin, après une nuit enfiévrée, le patron cédait volontiers sa<br />

place à son épouse plutôt matutinale, chargée de servir à ses visiteurs<br />

impromptus, un copieux breakfast. Le jardin arboré prêtant au farniente, les<br />

rosiers parfumés, le vaisselier, les assiettes gourmandes, la gaieté et la<br />

convivialité de nos hôtes, en un mot, tous les ingrédients du bien-être et de la<br />

détente étaient au menu du jour. La sympathie et la chaleur emplissaient la<br />

vie de ces lieux et les exilés n’avaient que l’embarras du choix.<br />

Un plateau gourmant composé de saveurs sucrées salées, corn flakes<br />

avec du lait, oeuf au bacon accompagné de saucisses, toast au beurre et à la<br />

marmelade éveillaient notre appétit. Mon regard filtrait l’éblouissement que<br />

cette demeure offrait à notre famille meurtrie en guise de bienvenue.<br />

Le mirage de l’île paradisiaque assombrira bientôt nos visages, la<br />

peur du lendemain et la précarité nous assommeront avec virulence.<br />

De cette vision mirifique, je garderai l’impression d’une nature<br />

morte et la précarité me laissera des souvenirs poignants.<br />

Dans la salle de restaurant, assise près de la fenêtre, le regard triste<br />

de maman, se perdait dans la mer paisible d’horizons verts et ouatés par la<br />

brume qui enveloppait le manoir. Au Phénix Hôtel, les jours ouvrés, il n’y a<br />

pas âme qui vive, même le breakfast, le lunch, le high-tea et le dîner étaient<br />

invariablement insulaires. Les premiers jours, maman et Simone flânaient<br />

avec mélancolie du côté des docks et s’égaraient dans le bourg pour tuer le<br />

temps. Les vedettes allaient et venaient déversant visiteurs et vacanciers le<br />

temps d’une escapade maritime. Les vélos, les voitures, les promeneurs<br />

couraient l’île le regard vers la mer.<br />

Dès le lendemain de notre arrivée, la femme de chambre obligeante,<br />

s’enquerrait de savoir si nous gardions la chambre pour la nuit et si nous<br />

étions satisfaits de notre escapade en famille dans ce repaire de Merlin<br />

l’enchanteur. Je m’escrimais à faire avaler à mon hôte bavard, que nous<br />

étions en voyage d’affaire. Je prétextais préparer un reportage sur l’art de<br />

vivre au Cottage et sur les balades insolites au cœur de Londres pour justifier<br />

nos allées et venues. Ce dernier semblait convaincu de nos explications<br />

sommaires, malgré que notre mise ne soit pas fringante. Une fois le petitdéjeuner<br />

englouti, le visage repoudré, je rejoignais l’unité spéciale, dans la<br />

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