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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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omantique, berceau de notre naufrage, tes eaux ne jaillissaient pas d’une<br />

source, mais ton sel iodé nous conserverait en vie et cette brève cure<br />

océanique que tu nous offrais en partage purifierait nos blessures morales,<br />

j’aurai bien envie de t’appeler Renaissance.<br />

Belle île en Mer, tu nous recueillais dans les remparts de ce<br />

légendaire Manoir. Le sang du Maître de céans n’était pas royal, mais son<br />

âme sensible renfermait les trésors de la spiritualité, et nous lui devions une<br />

fière chandelle. Dans ta noble demeure baptisée Phénix, dépourvue de<br />

frasques et de barons, seuls le portrait de la Reine mère et un tableau<br />

représentant une partie de polo me montraient ô combien tes sujets restaient<br />

attachés au Royaume et aux traditions. Le papier peint de la chambre<br />

d’amour, à fleurs Kitsch, la salle de bain sur le palier au fond du corridor, la<br />

baignoire éburnée semblant être fixée sur pilotis tant le carrelage était<br />

mouvant, les robinets en col de cygne du lavabo plus blanc que neige, et le<br />

beau miroir décoré d’angelots qui me disait que j’étais la plus chanceuse des<br />

fées conféraient un charme discret et un style désuet à cette maison quelque<br />

peu hantée par le spectre de la vétusté.<br />

La table de chevet ornée d’un plateau « thé-café and milk »<br />

accompagné de petits biscuits, était accouplée au lit à baldaquin, avec vue<br />

imprenable sur un plafond écaillé. Le radiateur électrique en option<br />

garantissait une atmosphère glaciale durant la période hivernale. Dans cette<br />

Chambre des Communes, les honorables membres de la famille se<br />

consultaient régulièrement avant de ratifier les plans d’action. Une commode<br />

ancienne, aux larges tiroirs contenant nos précieux CD-rom, les traités<br />

d’entente et les documents secrets, trônait dans ce décor féerique. L’armoire<br />

d’époque semblait avoir fait la guerre de Cent ans, les étagères s’éboulaient à<br />

chaque tentative d’ouverture ou fermeture du loquet. Enfin, dans les rares<br />

moments de paresse ou d’oisiveté, l’on pouvait se pencher savamment sur<br />

une avalanche de revues de jardinage, de livres de recette, de catalogues de<br />

chasse, sans risquer d’attraper le coup de cœur, ni éprouver la passion du<br />

bibliophile.<br />

Depuis le rez-de-chaussée jusqu’à l’étage, plusieurs exemplaires de<br />

la Sainte Bible étaient mis à la disposition des clients, exposés en vitrine<br />

dans une bibliothèque accolée contre la porte des chambres à coucher. Dans<br />

le jardinet, le canis Britannicus de race berger allemand s’ébroue sur la<br />

pelouse fraîchement tondue dès que sa maîtresse lui montre la laisse.<br />

Calfeutrée dans l’échauguette, Simone observe depuis la guérite les<br />

mouettes rieuses piaillant au-dessus des cargos. Maman pensive, assise sur le<br />

fauteuil du petit salon, au rez-de-chaussée, se consacre à l’étude biblique du<br />

livre des Cantiques des Cantiques de Salomon.<br />

Marc était en somme le patriarche de l’arche. Dès le début du mois<br />

d’août, depuis le territoire français, d’une oeillade exercée, il vit venir le<br />

déluge, cette pluie torrentielle qui menaçait d’engloutir le navire et son<br />

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