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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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Le vieil homme et le cab déposent notre valise devant la porte du<br />

vieux manoir, le ciel s’assombrit. Le chauffeur s’assure que des places sont<br />

vacantes, nous réglons la course, et il nous tend gentiment sa carte. Notre<br />

profil idéal de touriste n’échappe pas à l’artisan. Sans doute y voyait-il une<br />

opportunité juteuse pour terminer la saison estivale en beauté. Il nous salue<br />

poliment, selon la formule usuelle « j’espère vous revoir bientôt » soit « See<br />

you soon I Hope », ce à quoi je rétorque dans le parler britannique, « I would<br />

love to », j’adorerai. Avant de pénétrer dans ce refuge, je jette un vague<br />

regard sur le front de mer venté, ce bol d’air frais me revigore, le phare low<br />

érigé dans une eau noire éclaire la traversée d’un paquebot et j’aperçois sur<br />

le bord de la plage un héron solitaire.<br />

Le soleil s’est couché sur l’archipel, l’air du large draine ses<br />

embruns, nous nous engouffrons dans une allée verdoyante et apercevons se<br />

dessiner dans la brume, les tourelles du manoir. Face aux révérences des<br />

marais et proche de l’embarcadère, le cottage niché dans un recoin de<br />

verdure à l’attrait enchanteur nous procure la douce impression que le temps<br />

s’est arrêté. Dans la contre-allée, une élégante Jaguar vert patina attire<br />

irrésistiblement notre regard. Nous poussons la porte en arc brisé de<br />

l’auberge de charme à la tour chaperonnée où règne une ambiance festive.<br />

La musique bat son plein. A l’accueil, nous consignons nos identités<br />

sur le registre des arrivées, en tronquant nos adresses respectives dans<br />

l’hypothèse où les hôteliers commettraient des indiscrétions.<br />

Devant le comptoir du bar, un client déjà bien éméché commande un<br />

« dram » au mastroquet, un homme trapu au regard bleu acier, le ventre<br />

bedonnant qui verse machinalement une mesure de Scotch dont la belle<br />

couleur ambrée rappelle le pur malt. Entre les tournées de whisky et la Bitter<br />

qui coule à flot dans les choppes en verre, ce samedi soir s’annonce fiévreux<br />

et tumultueux dans l’ancienne demeure gentilhommière. Loin d’être classé<br />

dans une catégorie de luxe, le B&B, dépourvu de couronne, recèle dans son<br />

décor rustique, l’âme des celtes et l’empreinte des manoirs d’antan. Le<br />

week-end, tous les villageois se retrouvent pour boire de la bière brune à<br />

gogo, au goût caramélisé et jouent aux « darts », notre jeu de fléchettes. Le<br />

patron de l’hôtel nous convie chaleureusement à nous installer dans le petit<br />

salon feutré pendant que le personnel nous prépare les chambres. Des<br />

tentures couleur pourpre voilent la vue sur la jetée. Confortablement installés<br />

sur des fauteuils en velours rouge nous trinquons gaiement dans la coutume<br />

du pays, « Cheers » autour d’une « mild », une bière brassée pour fêter cet<br />

heureux dénouement avant d’aller dîner.<br />

« D’où venez-vous Ladies and Gentlemen ? », s’enquiert le serveur<br />

dans un français approximatif. Déglutissant avec peine la première g<strong>org</strong>ée<br />

crémeuse de malt, je réponds en adressant un clin d’œil à Phaï.<br />

- « Nous sommes citoyens belges, une fois… »<br />

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