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LES PILIERS DE LA TRAITRISE - Scandale-France.org

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<strong>LA</strong> CROISIERE APRES <strong>LA</strong> TOURMENTE<br />

Si je déroule le fil de mes impressions, je ne vois plus qu’une coque<br />

géante qui mettait le cap sur la Grande Ile, drainant sur sa traversée maritime<br />

les traces houleuses du péril que la Gaule avait laissé dans ma mémoire. Je<br />

me souviens vaguement d’un ciel vaporeux, des pavillons anglais portés par<br />

un drakkar presque blême qui tanguait sur une vaste étendue d’eau salée<br />

nous éloignant du peuple Franc. Le pont du Stenaline recueillait en son sein<br />

des trompe-la-mort, rescapés d’un premier naufrage. Je m’accrochais à ce<br />

dernier cordage d’espoir. Postée à bâbord malgré le pied peu marin, cheveux<br />

au vent, les yeux larmoyants, je regardais la proue de ce bateau de la<br />

dernière chance qui naviguait à vitesse grand V sur la Mer du Nord.<br />

A son bord, je découvrais les hyperboréens de Diodore, les<br />

descendants de vikings, les citoyens britanniques actuels discutant<br />

fiévreusement le coup dans la langue de Shakespeare, debouts devant un bar<br />

à cocktails. Chaque passager faisait sa propre récolte d’images pendant que<br />

nous chassions les vestiges de la tourmente.<br />

La jeunesse exubérante s’apprêtait à reprendre le chemin du lycée et<br />

les couples s’accrochaient pour des vétilles. Quant à nous, nous évacuions le<br />

trop plein d’angoisse blottis les uns contre les autres, affalés sur une<br />

banquette, le cerveau en ébullition, les yeux avides au milieu de cette<br />

fourmilière humaine. J’aurai volontiers passé toute ma vie à voyager,<br />

traverser les frontières l’esprit libre et le vent en poupe. Si seulement j’avais<br />

pu emprunter une autre peau pour franchir inaperçue le danger et retourner à<br />

la maison fêter une happy-end. Le navire et la mer avaient noyé le spectre de<br />

la mort et déjà nous guettions l’abordage prêts à sabler le champagne sur<br />

l’île de Bretagne. Les globe-trotters arrivaient à leur destination, les mains<br />

dans les poches et les poches vides.<br />

Nous n’avions toujours pas réglé notre préoccupation vitale du<br />

moment. Désespérément, j’avais tenté de joindre Michaël pendant la<br />

traversée en vue de trouver une solution d’hébergement. Malheureusement,<br />

il répondait aux abonnés absents. Où allions-nous loger, trouver un point de<br />

chute ? Il était primordial de dénicher une chambre chez l’habitant ou bien<br />

un hôtel pour se mettre à l’abri pour la nuit. Les exilés devaient remporter un<br />

double challenge, survivre avec de faibles moyens sur une terre inconnue et<br />

continuer à se battre jusqu’à la cessation des hostilités.<br />

Nous nous sentions presque libérés, mais avant de ressentir la<br />

véritable sérénité, nous devions réussir le passage en douane.<br />

La formalité fut loin d’être aisée.<br />

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