Traité des monnaies - Institut Coppet
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ÉCRITS MONÉTAIRES DU XIV· SIÈCLE<br />
comme le fait ressortir Aristote80 au livre V de la Politique. C'est<br />
surtout, en vérité, si le prince lui-même, qui est dans le royaume<br />
ce que sont dans le chant la teneur et la voix principale, chante<br />
trop fort et sans s'accorder avec le reste de la communauté, que<br />
la douce musique du gouvernement royal sera troublée.<br />
C'est pourquoi, selon Aristote 81 , il Y a encore une autre différence<br />
entre le roi et le tyran: le tyran veut être plus puissant<br />
que toute la communauté qu'il domine par la violence; la modération<br />
du roi, au contraire, va de pair avec un régime tel qu'il<br />
est plus grand et plus puissant que chacun de ses sujets, mais<br />
qu'il est cependant inférieur à cette communauté tout entière<br />
en forces et en ressources, et qu'il se trouve ainsi dans une situation<br />
moyenne. Puisque le pouvoir royal tend communément et<br />
facilement à s'accroître, il faut donc faire preuve de la plus grande<br />
défiance et d'une vigilance toujours en éveil. Oui, c'est une<br />
sagesse suprême qui est requise pour le préserver de dégénérer<br />
en tyrannie, surtout à cause <strong>des</strong> tromperies <strong>des</strong> adulateurs qui,<br />
comme dit Aristote82 , ont toujours poussé les princes à la tyrannie.<br />
En effet, comme on lit dans le Livre d'Esthey83, ceux-ci<br />
« abusent avec une habile fourberie la confiance naïve <strong>des</strong> princes<br />
qui juge <strong>des</strong> autres d'après leur propre nature », et c'est par<br />
leurs « suggestions que se dévoient les élans <strong>des</strong> rois». Mais,<br />
puisqu'il est difficile de les éviter et de les extirper, ce même<br />
Aristote84 donne une autre règle par laquelle la royauté peut se<br />
maintenir longtemps. C'est que le prince modère l'accroissement<br />
de son pouvoir sur ses sujets, qu'il ne fasse pas d'exactions, de<br />
rapines, qu'il leur accorde ou concède <strong>des</strong> libertés et qu'il ne<br />
les entrave pas, qu'i! n'utilise pas un pouvoir absolu mais une<br />
autorité limitée et réglementée par les lois et les coutumes. En<br />
effet, comme dit Aristote85 , rares sont les choses qu'il faut laisser<br />
80. Aristote, op. cit., V, 1 (1301 b 26).<br />
81. Aristote, op. cit., V, II.<br />
82. Aristote, op. cÜ., V, Il (1314a 2).<br />
83. Esther, XVI, 6, 7.<br />
84. Aristote, la Politique, V, Il (l313a 18).<br />
85. Aristote, op. cit., III, 16, ?<br />
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