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Traité des monnaies - Institut Coppet

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ÉCRITS MONÉTAIRES DU XIV' SIÈCLE<br />

le remettre tout entier au prince, et que le droit de battre monnaie<br />

serait ainsi tout entier dévolu au prince, il m'apparaît d'abord<br />

que c'est quelque chose qu'une communauté dûment consultée<br />

ne ferait jamais et, d'autre part, qu'il ne lui serait de toute<br />

façon pas permis de muer les <strong>monnaies</strong> ou de faire un mauvais<br />

usage de son bien propre, comme il est dit au chapitre XXII. En<br />

outre, la communauté <strong>des</strong> citoyens, qui est naturellement libre,<br />

ne se réduirait jamais elle-même à la servitude, ni ne se mettrait<br />

sous le joug d'un pouvoir tyrannique en connaissance de<br />

cause. Si donc, trompée, intimidée par <strong>des</strong> menaces ou contrainte,<br />

elle concède au prince de telles mutations, sans s'apercevoir <strong>des</strong><br />

maux qui s'ensuivent, et qu'elle s'assujettit ainsi servilement,<br />

elle peut annuler cette concession sur-le-champ et de n'importe<br />

quelle façon. En outre, la chose qui revient à quelqu'un pour<br />

ainsi dire par droit naturel ne peut jamais être transmise à bon<br />

droit à autrui; or, c'est ainsi que la monnaie appartient à cette<br />

libre communauté, comme il ressort assez <strong>des</strong> chapitres 1 et VI.<br />

De même, donc, que la communauté ne peut concéder au prince<br />

le droit d'abuser <strong>des</strong> épouses <strong>des</strong> citoyens auxquelles il en voudrait,<br />

de même ne peut-elle lui donner un tel privilège monétaire<br />

dont il ne pourrait user que mal en exigeant un gain sur<br />

leurs mutations, comme il ressort assez de bien <strong>des</strong> chapitres<br />

précédents. Cela éclaire aussi ce qu'on ajoutait ensuite à propos<br />

de la communauté en désaccord sur la réglementation de la monnaie<br />

qui peut con<strong>des</strong>cendre sur ce point à l'arbitrage du prince.<br />

Je dis qu'elle le peut à certains égards et dans certaines circonstances,<br />

mais non en lui concédant le pouvoir d'amasser autant<br />

de gain au moyen de ces mutations indues.<br />

A cet autre argument, tiré du chapitre VII, selon lequel le prince<br />

peut recevoir un certain revenu sur la monnaie, il est facile de<br />

répondre qu'il s'agit là pour ainsi dire de lui allouer une petite<br />

somme, limitée, qu'il ne peut augmenter à volonté par les mutations<br />

précitées, mais qui demeure au contraire sans variation<br />

aucune. On le concède, le prince peut avoir <strong>des</strong> revenus, et il<br />

doit tenir un rang magnifique, le plus honorable qui soit. Mais<br />

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