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Traité des monnaies - Institut Coppet

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NICOLAS ORESME • TRAITÉ DES MONNAIES<br />

tation du premier argument69 , il m'apparaît que, pour que le<br />

prince ne feigne pas qu'une telle nécessité existe quand elle<br />

n'existe pas, ainsi que, comme le dit Aristote 70, le feignent les<br />

tyrans, il faut que la communauté, ou sa partie la plus qualifiée,<br />

détermine expressément ou tacitement quand, comment et à quel<br />

degré se présente la nécessité. Expressément, dis-je, parce que<br />

la communauté doit être réunie à cette fin, si elle en a la faculté;<br />

tacitement, cependant, si le besoin était si pressant que le peuple<br />

ne puisse être convoqué et si évident qu'il apparaisse notoire<br />

par la suite. Dans ce cas, en effet, il est permis au prince de recevoir<br />

quelque chose <strong>des</strong> ressources de ses sujets, non par une<br />

mutation de la monnaie mais au moyen d'un emprunt dont il<br />

faut faire par la suite le remboursement intégral.<br />

Pour ce qui est du second argumenFl, où l'on dit que le prince<br />

peut avoir privilège de muer les <strong>monnaies</strong>, ce n'est, pour commencer,<br />

pas à moi de me mêler <strong>des</strong> droits souverains du pape,<br />

mais je pense qu'il n'a jamais concédé cela et qu'il ne le concéderait<br />

jamais, parce que, ce faisant, il donnerait la permission<br />

de mal agir que nul ne mérite de recevoir, même à de bonnes<br />

fins. Quant à l'empereur, j'affirme qu'il ne peut en aucun cas<br />

donner à un prince le privilège de faire ce qui ne lui est pas<br />

permis à lui-même, et c'est le cas d'une telle mutation de la monnaie,<br />

comme il ressort <strong>des</strong> propos antérieurs. Enfin, de la communauté<br />

même, il est dit au chapitre XXII qu'elle ne peut muer<br />

les <strong>monnaies</strong> que dans un cas déterminé et si, dans ce cas, elle<br />

confiait ce soin au prince, avec les limitations raisonnables que<br />

l'on peut déduire de ce chapitre et <strong>des</strong> autres, le prince ne le<br />

ferait pas alors en tant que principal auteur, mais comme exécutant<br />

<strong>des</strong> dispositions du peuple.<br />

En réponse à l'argument qui consiste à dire que la communauté,<br />

à qui la monnaie appartient, peut se dépouiller de son droit et<br />

69. Cet argument est avancé dans le chapitre précédent « En cas de nécessité, tout<br />

appartient au prince".<br />

70. Aristote, la Politique, V, II (l314b), 7.<br />

71. Cet argument est avancé dans le chapitre précédent, « Par un privilège spécial<br />

du pape, de l'Eglise et de l'empereur, ou même de la communauté ".<br />

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