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Traité des monnaies - Institut Coppet

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NICOLAS ORESME • TRAITÉ DES MONNAIES<br />

CHAPITRE XXII<br />

La communauté<br />

peut-elle faire de telles mutations<br />

de monnaie?<br />

Puisque, comme on l'a montré au chapitre VI, la monnaie appartient<br />

à la communauté, on voit bien que cette même communauté<br />

peut en disposer à son gré. Elle peut donc la modifier autant<br />

de fois qu'elle le veut, prendre là-<strong>des</strong>sus autant qu'il lui plaît et<br />

en user comme de sa chose, surtout si cette même communauté<br />

a besoin d'une grosse somme d'argent pour la guerre, la rançon<br />

de son prince ou autre accident semblable. De fait, elle peut alors<br />

lever celle-ci au moyen d'une mutation de la monnaie, ce qui<br />

n'est pas contre nature ni comparable à l'usure, du moment que<br />

ce n'est pas le prince qui le fait, mais la communauté même<br />

à qui appartient cette monnaie. Car, pour cette raison, bien <strong>des</strong><br />

arguments invoqués plus haut contre les mutations de monnaie<br />

sont caducs et n'ont plus leur place ici.<br />

Non seulement, on le voit, la communauté peut faire cela, mais<br />

encore elle en a le devoir, dès lors que cette contribution est<br />

nécessaire, puisque, dans une telle mutation, se voient réunies<br />

presque toutes les conditions favorables requises dans toute taille<br />

ou contribution. En effet, elle rapporte beaucoup de gain en peu<br />

de temps et elle est très facile à collecter et à répartir ou assigner,<br />

sans qu'il soit nécessaire d'y affecter beaucoup de monde,<br />

sans possibilité de fraude de la part <strong>des</strong> collecteurs et avec <strong>des</strong><br />

frais modiques. On ne peut d'ailleurs en imaginer de plus équitable,<br />

de plus proportionnelle car, en règle générale, celui qui<br />

a le plus de moyens y contribue le plus, et elle est, de par son<br />

montant, moins perceptible ou sensible, donc mieux supportable,<br />

sans risque de rébellion et sans mécontentement populaire.<br />

Elle est de plus tout à fait générale, car ni le clerc ni le noble<br />

ne s'en peuvent exempter par privilège ou autrement, comme<br />

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