Traité des monnaies - Institut Coppet
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ÉCRITS MONÉTAIRES DU XIV' SIÈCLE<br />
principalement le prince, d'autres toute la communauté, d'autres<br />
encore <strong>des</strong> parties de celle-ci. Ces derniers temps, on en a vu<br />
se produire bon nombre au royaume de France. Certains ont<br />
même déjà été évoqués plus haut, qu'il convient cependant de<br />
rappeler.<br />
D'abord, il est vraiment exécrable et infâme au plus haut point<br />
de la part d'un prince de commettre une fraude, de falsifier la<br />
monnaie, d'appeler or ce qui n'est pas de l'or, et livre ce qui<br />
n'est pas une livre, et autres actes de cette sorte indiqués antérieurement<br />
aux chapitres XII et XIII. En outre, il lui incombe de<br />
condamner les faux-monnayeurs. Comment donc peut-il rougir<br />
assez si l'on trouve chez lui ce qu'il devrait chez autrui punir<br />
de la mort la plus infâme?<br />
Encore une fois, c'est un scandale considérable, comme on le<br />
disait au chapitre VIII, et avilissant pour le prince, que la monnaie<br />
de son royaume ne reste jamais dans le même état, qu'on<br />
la fasse varier d'un jour à l'autre et qu'elle vaille quelquefois plus<br />
dans un endroit que dans un autre au même moment. D'autre<br />
part, durant ces pério<strong>des</strong> de mutations, on ignore très souvent<br />
combien vaut telle ou telle pièce, et il faut faire commerce de<br />
la monnaie, ou bien l'acheter et la vendre, ou bien changer le<br />
prix, à l'encontre de sa nature. Et, ainsi, il n'y a aucune certitude<br />
pour la chose qui doit être la plus certaine, mais plutôt la<br />
confusion de l'incertitude et de la désorganisation qui attire le<br />
blâme sur le souverain.<br />
De plus, il est absurde et tout à fait contraire à l'honneur d'un<br />
roi d'interdire le cours de la vraie et bonne monnaie du royaume<br />
et, poussé par la cupidité, de sommer, que dis-je, de contraindre<br />
ses sujets à utiliser de la moins bonne monnaie, comme si<br />
l'on voulait dire que ce qui est bon est mauvais, et vice versa,<br />
alors qu'il est pourtant dit là-<strong>des</strong>sus par le Seigneur par la voix<br />
du prophète61 : « Malheur à vous qui dites que le bien est mal<br />
et que le mal est bien. »<br />
61./saïe, V, 20.<br />
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