Traité des monnaies - Institut Coppet
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ÉCRITS MONÉTAIRES DU XIV' SIÈCLE<br />
meilleure et que tous préféraient à la mauvaise, pour leur rendre<br />
ensuite un argent moins bon, en l'absence de toute nécessité<br />
et sans que cela puisse avoir une quelconque utilité pour<br />
eux. Lors même qu'il la fait meilleure qu'avant, c'est cependant<br />
pour qu'elle soit dépréciée par la suite, et qu'il leur attribue moins,<br />
à valeur égale, de la bonne que ce qu'il avait reçu de l'autre.<br />
De toute façon, il en retient une partie pour lui. Donc, dans la<br />
mesure où il reçoit plus d'argent qu'il n'en donne, à l'encontre<br />
de l'usage naturel de celui-ci, cet accroissement est comparable<br />
à l'usure elle-même, mais elle est pire que l'usure en ce qu'elle<br />
est moins volontaire ou qu'elle s'oppose plus à la volonté <strong>des</strong><br />
sujets, sans que cela puisse leur profiter, et en l'absence complète<br />
de toute nécessité. Puisque le gain de l'usurier n'est ni aussi<br />
élevé ni en général préjudiciable à autant de gens que l'est celui-ci,<br />
imposé à toute la communauté contre ses intérêts avec non moins<br />
de tyrannie que de fourberie, je me demande si l'on ne devrait<br />
pas l'appeler plutôt brigandage <strong>des</strong>potique ou exaction frauduleuse.<br />
CHAPITRE XVIII<br />
De telles mutations <strong>des</strong> <strong>monnaies</strong>, en soi,<br />
ne doivent pas être pennises<br />
Parfois, dans la communauté, pour qu'il n'arrive pas quelque<br />
chose de pire, et pour éviter le scandale, <strong>des</strong> choses déshonnêtes<br />
et mauvaises sont permises, telles que les lupanars publics.<br />
Quelquefois aussi, par nécessité ou par commodité, on permet<br />
d'exercer une activité vile, comme le change, ou même dépravée,<br />
comme l'usure. Mais, en ce qui concerne cette mutation<br />
de monnaie faite pour en tirer du gain, on ne voit pas de cause<br />
au monde pour laquelle tant de gain devrait ou pourrait être<br />
admis. Par là, on n'évite pas le scandale mais on l'engendre plutôt,<br />
comme il ressort suffisamment du chapitre VIII. Bien <strong>des</strong> inconvénients<br />
s'ensuivent, dont certains ont déjà été évoqués et dont<br />
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