Traité des monnaies - Institut Coppet
Traité des monnaies - Institut Coppet
Traité des monnaies - Institut Coppet
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
NICOLAS ORESME - TRAITÉ DES MONNAIES<br />
pur du métal allié. Mais cet alliage doit suivre une certaine proportion,<br />
telle que dix d'argent contre un d'un autre métal, ou<br />
trois, ou toute autre appropriée, selon ce qui a été dit auparavant<br />
au chapitre III. Et cette proportion peut être modifiée à la<br />
suite d'une variation donnée, réelle ou équivalente à une variation<br />
réelle, de la proportion dans la nature de la matière, et ceci<br />
de deux façons: soit parce que la matière manque, et celui qui<br />
n'a pas d'argent, ou sensiblement moins qu'avant, peut alors diminuer<br />
la proportion d'argent dans la monnaie noire par rapport<br />
à l'autre métal; soit parce que l'argent devient plus abondant<br />
que précédemment, et on doit alors en mettre plus dans cet<br />
alliage. Mais, comme je l'ai dit, ces choses n'arrivent que fort<br />
rarement et en outre, dans une telle éventualité, c'est par la communauté<br />
que doit être effectuée cette modification de la proportion<br />
ou alliage pour plus de sûreté afin d'éviter une tromperie<br />
maligne, comme il a été dit au chapitre X à propos de la mutation<br />
de la proportion <strong>des</strong> <strong>monnaies</strong>. Et dans nul autre cas, on<br />
ne doit modifier un tel alliage ou la proportion de l'alliage. Surtout,<br />
cela ne peut jamais être permis au prince, pour les raisons<br />
données dans le chapitre précédent, raisons qui s'appliquent<br />
directement ici, puisque l'empreinte de la monnaie est la marque<br />
de l'authenticité de la matière et de cet alliage: les modifier,<br />
ce serait donc falsifier la monnaie. En outre, sur certaines<br />
pièces, on inscrit le nom de Dieu ou d'un saint quelconque et<br />
le signe de la croix, ce qui fut inventé et institué il y a bien longtemps<br />
pour témoigner de l'authenticité de la pièce en matière<br />
et en poids. Si donc le prince, sous cette inscription, change la<br />
matière et le poids, il est considéré commettre subrepticement<br />
une imposture et un parjure, rendre un faux témoignage et aussi<br />
transgresser le commandement par lequel il est dit 46 : « Tu ne<br />
prendras pas le nom de ton Dieu en vain! » Il abuse aussi de<br />
ce terme de moneta ; en effet, selon Huguçon 47, moneta vient<br />
de moneo (