Traité des monnaies - Institut Coppet
Traité des monnaies - Institut Coppet
Traité des monnaies - Institut Coppet
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
ÉCRITS MONÉTAIRES DU XIV· SIÈCLE<br />
l'une d'elles, sans changer celle <strong>des</strong> autres, on fera du coup varier<br />
la proportion. Ainsi, celui qui appellerait ou ferait valoir la première<br />
pièce « deux deniers )), sans changer les autres, ferait varier<br />
la proportion. Et c'est, comme on l'a établi au chapitre précédent,<br />
quelque chose qu'il ne faut pas faire, sauf peut-être dans<br />
<strong>des</strong> cas rarissimes dont je ne m'occupe pas pour l'instant. Il convient<br />
donc, si la proportion reste inchangée et qu'une pièce<br />
change d'appellation, que les autres soient aussi transformées<br />
proportionnellement: si l'on appelle la première « deux deniers )),<br />
la deuxième doit être appelée « deux sous )) et la troisième « deux<br />
livres )). Ainsi, si l'on ne faisait pas d'autre mutation, c'est au prix<br />
majeur qu'il conviendrait de comparer proportionnellement, ou<br />
appeler, les marchandises. Mais une telle mutation <strong>des</strong> noms<br />
serait frauduleuse. On ne doit pas la faire parce qu'elle serait<br />
scandaleuse, et fausse l'appellation. On en viendrait en effet à<br />
appeler « livre )) ce qui ne serait pas véritablement livre, et cela<br />
a <strong>des</strong> conséquences fâcheuses, comme on vient de le dire. Il est<br />
vrai cependant qu'il ne s'ensuivrait aucun autre inconvénient<br />
si les redevances et autres revenus n'étaient pas déterminés par<br />
une unité monétaire 41 ; mais s'ils l'étaient, il apparaît immédiatement<br />
qu'avec les inconvénients précités, par suite d'une telle<br />
mutation, ces revenus diminueraient ou s'accroîtraient proportionnellement<br />
de façon déraisonnable et injuste et, aussi, au détriment<br />
de bien <strong>des</strong> gens. Et si les redevances ou revenus de certains<br />
étaient trop faibles, ils devraient être accrus d'une autre<br />
façon, spéciale, et non de cette façon préjudiciable et dommageable.<br />
On ne doit donc précisément jamais faire cette mutation<br />
de l'appellation, et le prince surtout ne doit en aucun cas<br />
s'y risquer.<br />
CHAPITRE XII<br />
La mutation du poids <strong>des</strong> <strong>monnaies</strong><br />
Si l'on transformait le poids d'une pièce en en faisant varier proportionnellement<br />
le prix, et si on lui donnait une autre appella-<br />
41. " ... ad pecuniae numerum ... "<br />
62