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gens ils s’entendent pas bien donc c’est aussi peut-être à cause de l’endroit, ils aiment<br />
pas trop l’endroit, ou je sais pas… à mon avis c’est l’endroit où ils sont tous <strong>le</strong>s deux par<br />
exemp<strong>le</strong> il y a quelqu’un et quelqu’un d’autre et ben ils sont au même endroit et puis ils<br />
jouent chacun de <strong>le</strong>ur côté et puis ils se poussent et peut-être qu’ils croient qu’il n’y a pas<br />
assez de place donc ils sont serrés donc ils se poussent et tout sans faire exprès et après<br />
ils vont commencer une bagarre généra<strong>le</strong> ».<br />
Mais il ne s’agit pas d’un seul raisonnement par hypothèse (!) puisque une question la<br />
replonge el<strong>le</strong>-même dans une réalité à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> participe : « ben en fait nous on est<br />
comme ça des fois et puis on se par<strong>le</strong>, on se crie un peu dessus quoi ».<br />
Un autre élément favorab<strong>le</strong> au respect des autres se développe à travers <strong>le</strong>s métiers que<br />
chacun remplit à tour de rô<strong>le</strong>, et du plan de travail qui n’oblige pas tout <strong>le</strong> monde à al<strong>le</strong>r<br />
au même rythme et surtout à avoir envie de faire <strong>le</strong>s mêmes choses en même temps.<br />
L’organisation de l’espace et du temps est une responsabilité partagée par tous.<br />
Enfin <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la paro<strong>le</strong> est aussi primordial. Mais avant tout ce qu’il faut souligner c’est<br />
qu’il ne s’agit pas ici d’une paro<strong>le</strong> qui règ<strong>le</strong>… ou règ<strong>le</strong>rait des conflits ayant eu lieu, comme<br />
on semb<strong>le</strong> <strong>le</strong> penser en évoquant <strong>le</strong> pouvoir de la paro<strong>le</strong> avec un certain adage issu d’une<br />
émergence « psy » qui amènerait à penser que si chacun peut donner son point de vue sur<br />
<strong>le</strong> litige… <strong>le</strong>s choses vont s’arranger parce que chacun se sera senti entendu ! À l’éco<strong>le</strong><br />
Freinet, la paro<strong>le</strong> est une paro<strong>le</strong> de construction plus que de réparation des dégâts…<br />
On peut dire que Rose cherche <strong>le</strong>s bons arguments pour décrire comment se tisse ce travail<br />
qui lutte contre l’exclusion, au prix de bagarres passagères… réalité dont el<strong>le</strong> n’est pas plus<br />
que Odi<strong>le</strong>, absente… :<br />
« en fait je trouve dans cette éco<strong>le</strong> il y a beaucoup plus de chamail<strong>le</strong>s que dans mon<br />
ancienne éco<strong>le</strong> mais je trouve qu’il y a beaucoup plus de gens qui sont amis en fait, dans<br />
mon ancienne éco<strong>le</strong> il y en a qui restaient toujours tout seuls dans <strong>le</strong>ur coin, et là je vois<br />
que tout <strong>le</strong> monde est uni en fait, en quelque sorte ils sont tous copains <strong>le</strong>s uns <strong>le</strong>s autres,<br />
sauf ils se chamail<strong>le</strong>nt très souvent, mais après <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain “oh tu es ma copine”… donc<br />
moi je trouve qu’il y a une bonne harmonie en fait mais en même temps ils se chamail<strong>le</strong>nt<br />
beaucoup, enfin je dis ‘ils’ mais moi aussi… il y a des élèves qui sont plus ‘bagarre’, il y en<br />
a d’autres qui sont plus “oh ta mère el<strong>le</strong> est pas bel<strong>le</strong> !” ou des choses comme ça en fait,<br />
il y en a qui sont plus ‘bagarre’ et plus ‘insulte’ et il y en a qui sont <strong>le</strong>s deux… Dans mon<br />
ancienne éco<strong>le</strong>, ça mettait deux, trois jours pour qu’on soit amis, on se faisait la tête et tout,<br />
ici on se dispute, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain c’est bon on est re-amis, donc c’est bien, ça évite de perdre<br />
des bons amis, voilà ».<br />
Trois éléments peuvent se dégager.<br />
Tout d’abord l’étude comparative des entretiens a fait ressortir ce que j’appel<strong>le</strong>rai <strong>le</strong> poids<br />
des éléments évoqués par <strong>le</strong>s élèves. Hors de la pédagogie F, lorsque <strong>le</strong> domaine familial<br />
revient fréquemment dans l’entretien, il peut occulter complètement toute expression du<br />
vécu à l’éco<strong>le</strong>, quel que soit l’âge (et la classe) de l’enfant. Si la séparation est trop forte,<br />
tout ce qui est dans une éco<strong>le</strong> est mauvais, et dans l’autre est bon, sans qu’émerge aucun<br />
élément autre ; si <strong>le</strong> poids de la souffrance ne peut être parlé, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s enfants se<br />
vivent essentiel<strong>le</strong>ment comme victimes et que ce sentiment envahisse tout ce qui se passe<br />
à l’éco<strong>le</strong>. En clair on pourrait dire que l’éco<strong>le</strong> subit <strong>le</strong> contre-coup de ce vécu extérieur, mais<br />
que rien dans l’éco<strong>le</strong> n’ouvre une brèche dans ce repli.<br />
Le deuxième élément, que montrent <strong>le</strong>s remarques des élèves : activités scolaires et<br />
<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais