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En fait, les remplaçants n’ont pas à leur disposition la maîtrise de tous les outils de la
pédagogie Freinet. Or il s’agit bien de toute une organisation pédagogique qui s’intercale
entre le maître et l’élève, et n’est pas appuyée sur une seule relation personnelle maître/
élève.
Là encore quelques exemples sont probants. Dans l’entretien Raïssa semble étonnée que
je lui demande si elle a parlé de sa situation familiale avec son maître habituel : « (M. X, lui
il te comprend ?) je sais pas (tu sais pas ?) non j’ai jamais parlé de ça avec lui » Inès est
aussi étonnée d’une question portant sur la réaction du maître quand ses stylos tombent.
« (tu te fais crier ?) les autres, ils me les ramassent et je dis “merci” ». Noura, quant à elle,
peut parler longuement de son envie de devenir maîtresse : « j’aimerais bien faire maîtresse
et bien expliquer aux enfants la vie plus tard… quand j’arrive pas à dormir la nuit et ben je
pense dans ma tête comment je serai, comment je leur expliquerai et tout ça j’aime bien
faire maîtresse », sans pour autant qu’on ne la voit à aucun moment solliciter l’approbation,
ou l’encouragement du maître. Elle n’apparaît pas l’élève que d’autres nommeraient « la
chouchou ».
Jamais en définitive nous ne voyons ces élèves dire qu’ils aiment ou n’aiment pas ce maître
ou cette maîtresse dans l’école Freinet, pas plus que nous ne les voyons être rejetés, ou
pris à parti publiquement. En revanche nous allons souligner dans le paragraphe suivant à
quel point relations au maître et aux pairs sont reliées, via le travail scolaire.
3.3. Les relations entre pairs
Il semble de façon générale que dans les autres écoles on soit en présence d’individus
juxtaposés. On peut trouver beaucoup d’énonciations en « je » en ayant le sentiment que
les autres sont presque inexistants ou alors que le rapport aux autres est vécu aussi en
termes de pouvoir : qui aura le pouvoir sur l’autre ? À l’école F les rapports entre les élèves
sont explicités, qu’il s’agisse de bons ou de mauvais rapports. C’est un thème aussi très
argumenté.
Un certain nombre de réflexions montrerait des individus juxtaposés, qui ne se connaissent
pas vraiment, sauf quand il s’agit d’une copine proche. Que l’élève dise « je » ou « on »,
cela ne semble pas changer grand-chose : il s’agit d’individus qui font les mêmes choses
mais n’échangent pas entre eux. C’est ainsi que Mélanie (CE ) énumérait les différentes
activités pratiquées en sport. Mais elle décrit de la même façon impersonnelle des activités
d’échange : « elle nous a donné un livre la maîtresse pendant deux semaines, ben pendant
les vacances et c’est nous qui devons faire les questions et on va envoyer, on va écrire les
questions et mettre les réponses et la maîtresse elle corrigera les fautes d’orthographe,
ensuite quelqu’un écrira au propre les questions et on enverra à l’autre classe de CE2 et eux
aussi ils nous enverront les questions et ça se fait par groupe de cinq ou de quatre ».
Un indicateur nous paraît intéressant de cette disposition d’esprit : on a le sentiment que
l’élève suppose ce que les autres pensent, sans le savoir exactement. : « on n’apprenait
presque rien, on n’a rien fait… la première semaine qu’on avait travaillé avec elle, on avait
travaillé sur les chevaux et ça plaisait pas j’pense. Moi ça me plaisait pas mais j’pense que
les autres ça plaisait pas non plus ». Même réflexion à propos de chaises dans une salle :
« y’avait des nouvelles chaises, les tables y étaient bien rangées et tout le monde j’pense
que ça leur plaît maintenant » (Flora, CM ). Dans le même registre, on pourrait parler des
relations individuelles qui excluent l’ensemble des autres élèves. C’est ainsi que Flora définit
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