23.06.2013 Views

Télécharger le tome 1 - IUFM

Télécharger le tome 1 - IUFM

Télécharger le tome 1 - IUFM

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Ça m’a fait un plaisir ! ». El<strong>le</strong> ajoute, toute émue : « et puis j’ai retrouvé mes copines et ils<br />

se sont tous jetés sur moi ! ». Ce n’est pas <strong>le</strong> cas de Raïssa qui va exposer ce qu’el<strong>le</strong> vit en<br />

classe. À côté des menaces des autres, il y a <strong>le</strong>s endroits et <strong>le</strong>s jeux qu’el<strong>le</strong> aime (dont el<strong>le</strong><br />

dit pourquoi el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s aime), <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s qui permettent d’être autonome et donc de se déplacer<br />

dans la classe, <strong>le</strong> choix possib<strong>le</strong> d’activités et d’activités à réaliser avec d’autres (« j’aime<br />

bien faire de la musique avec mes copains »), la liberté que donne <strong>le</strong> plan de travail, <strong>le</strong> choix<br />

de thèmes de conférences et <strong>le</strong> vote de l’appréciation par toute la classe, <strong>le</strong> respect des<br />

règ<strong>le</strong>s.<br />

L’organisation de la classe lui permet de vivre d’autres choses « à côté » de cel<strong>le</strong>s qui sont<br />

diffici<strong>le</strong>s, d’introduire ainsi peu à peu en el<strong>le</strong> <strong>le</strong> droit de vivre, <strong>le</strong> désir et <strong>le</strong> plaisir. On sent<br />

ce plaisir intense quand el<strong>le</strong> raconte la préparation de cette conférence sur <strong>le</strong>s dinosaures<br />

qui lui permet de glisser à ce qu’on pourrait appe<strong>le</strong>r une « nouvel<strong>le</strong> vie avec son père » ou<br />

un nouveau mode de relation : « j’aime bien tout ce qui est nature et tout ça, j’aime bien<br />

parce que mon père il m’a beaucoup emmené dans <strong>le</strong>s forêts et dans <strong>le</strong>s montagnes hein<br />

et puis il m’a appris p<strong>le</strong>in de choses mais j’ai pas retenu tout mais j’aime bien ». Se servir<br />

de ce qu’il lui a donné, <strong>le</strong> goût de la montagne et de la nature, pour vivre quelque chose par<br />

el<strong>le</strong>-même, est un élément fort de reconstruction après <strong>le</strong> deuil. Ce sont de tels propos qui<br />

nous ont permis d’écrire (Jovenet, 00 ) que « face à une relation individuel<strong>le</strong> privilégiée<br />

qui se donne comme but de restaurer (réconforter, soigner, traiter… la partie malade du soi,<br />

la pédagogie Freinet oppose <strong>le</strong> traitement égal pour tous et par tout, d’un individu pris dans<br />

sa totalité ».<br />

2.3. Tom et Boris<br />

Le rapprochement entre Tom et Boris se fait sur la base d’un changement d’éco<strong>le</strong> qui fait<br />

suite à une souffrance forte vécue dans l’éco<strong>le</strong> précédente, non évacuée à <strong>le</strong>ur arrivée dans<br />

la nouvel<strong>le</strong> éco<strong>le</strong>. Mais ce qui va <strong>le</strong>s différencier repose sur ce que Boris peut reconstruire<br />

de lui-même dans cette éco<strong>le</strong> en pédagogie Freinet alors que Tom cherche à évacuer <strong>le</strong>s<br />

mauvais souvenirs qui l’assail<strong>le</strong>nt continuel<strong>le</strong>ment.<br />

Ce vécu dans l’ancienne éco<strong>le</strong> est inscrit dans <strong>le</strong> corps. Il est diffici<strong>le</strong> à dire, <strong>le</strong>s mots qui<br />

viennent à l’esprit sont forts et s’entrechoquent. Boris dit : « dans cette éco<strong>le</strong> on était castré…<br />

un moment qui m’a choq-, une fois ça m’a beaucoup fait, ça m’a énervé et puis on m’avait<br />

puni, on m’avait mis sur un pneu qu’on mettait à côté des maîtres pour punir <strong>le</strong>s gens, on<br />

m’avait puni, on m’avait mis sur <strong>le</strong> pneu, ben moi, on était obligé… » et Tom : « on n’arrêtait<br />

pas de me frapper dans <strong>le</strong>s coins euh… on m’tapait tout <strong>le</strong> temps. A V, Mme D. el<strong>le</strong> tirait nos<br />

oreil<strong>le</strong>s ». Les auteurs de ces faits sont aussi bien <strong>le</strong>s adultes que <strong>le</strong>s enfants ; <strong>le</strong> présent<br />

et <strong>le</strong> passé se confondent. Tom entend <strong>le</strong>s questions sur l’éco<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> contexte<br />

précédent. Pour Boris, l’interlocuteur devient témoin : <strong>le</strong> tutoiement <strong>le</strong> rend auditeur et<br />

spectateur de ces scènes gravées dans sa mémoire : « avant moi c’était beaucoup, c’était<br />

sévère en fait, tu tombais par terre, c’était de ta faute ». De fait à ces aspects physiques se<br />

mê<strong>le</strong>nt humiliations verba<strong>le</strong>s auxquel<strong>le</strong>s participent aussi bien <strong>le</strong>s adultes que <strong>le</strong>s autres<br />

élèves. Boris <strong>le</strong> raconte en classe : « une fois on avait eu un texte, il y avait un mot, c’était<br />

‘solitaire’, il y a une fil<strong>le</strong> qui a demandé : “c’est quoi solitaire ?” et la maîtresse el<strong>le</strong> a dit<br />

“solitaire c’est quelqu’un qui reste tout <strong>le</strong> temps seul” et après el<strong>le</strong> nous a demandé “c’est<br />

qui dans la classe qui est solitaire ?”, ben moi j’ai <strong>le</strong>vé <strong>le</strong> doigt comme ça parce que je savais<br />

que personne ne voulait me par<strong>le</strong>r et puis après la maîtresse el<strong>le</strong> a dit “c’est parce que tu ne,<br />

tu ne, tu ne par<strong>le</strong>s pas aux autres gens, tu cherches pas à voir <strong>le</strong>s gens” et toute la classe<br />

<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!