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à la façon donc chacune évoque les activités scolaires. On a déjà pu remarquer que dans
les propos de Justine il était davantage question de vie familiale que de vie scolaire. En
parcourant ce long entretien on sera frappé de la longueur du contenu famille par rapport
au contenu école. Mais une deuxième remarque s’impose : Justine va énumérer quelques
matières pour dire qu’elle les aime ou pas, se comparer aux autres. Ce qu’elle aime à
l’école, ce sont « certaines matières que à peu près tout le monde aime ». En revanche elle
parle longuement du sport, en riant beaucoup pour dire sur le même plan le jugement qu’elle
et que les autres portent sur elle-même : « j’suis pas très fortiche, j’ai eu sept sur dix quand
même, c’est pas génial, pourrait faire mieux mais bon, parce que je suis pas nerveuse,
nerveuse » dit-elle en riant. Parler de l’école signifie donc être comparée aux autres élèves.
Pour Inès ce sera comparer la méthode de résolution des divisions proposées en recherche
mathématique : « je fais quelques exemples en montrant bien avec des flèches et tout,
ça ce serait ça ma recherche enfin pour moi, pour d’autres élèves ça serait pas pareil »
et apprécier cette méthode en la comparant à d’autres : « après on a regardé la méthode
que les autres écoles elles faisaient et puis c’était beaucoup plus facile parce que moi
franchement on avait quand même essayé de me l’expliquer j’avais rien compris ». Il est
question de comparaison dans les deux cas, mais Justine est comparée tandis que Inès
compare…
D’une façon plus générale on peut remarquer que du côté de Justine dans l’école il est
plutôt question de relation individuelle à la maîtresse ou d’ambiance alors que du coté
d’Inès l’organisation de la parole est liée à la possibilité de construire des liens aux autres.
Justine aimait bien l’ancienne maîtresse « on l’entendait jamais crier… y’a une meilleure
ambiance dans la classe. Si ça crie, t’as pas envie de travailler… Je l’ai eue pendant deux
ans… J’aime bien garder la même maîtresse ». Inès apprécie le quoi-de-neuf qui permet
de raconter à toute la classe contrairement aux autres écoles où « on parle pas directement
à toute la classe on parle juste à sa voisine, c’est plutôt la chose que je préfère ici parce
qu’avant… ».
De fait d’autres liens s’installent, entre cette élève et les autres élèves, via la part de
l’enseignant. Deux petits récits de vie de classe parlent d’eux-mêmes de ce point de vue :
À la question de savoir s’il y a une pièce dans l’école qu’elle n’aime pas du tout, Justine
répond « ce que je n’aime pas du tout, c’est aller au tableau… c’est pas que j’ai peur des
autres, hein. Je suis pas à l’aise, c’est tout… c’est parce que je suis devant tout le monde.
Un peu, ouais, ça, à cause de ça. J’aime pas quand les autres me regardent… c’est un peu,
heu, un peu gros… gros sur soi-même (c’est à dire ?) tous les regards sont sur soi-même
et puis ben, on se sent pas bien… ». Inès a raconté qu’elle était pipelette et agitée, et avait
d’ailleurs le surnom de « gazelle agitée » quand elle était petite. À la fin de l’entretien elle
revient sur cette agitation : « je bouge quand même assez mais c’est surtout les jambes et
les bras que je bouge, c’est pour ça que souvent mes stylos ils tombent (ah bon ! et alors
c’est embêtant quand tes stylos ils tombent ? tu te fais crier ?) ben non, non, je le ramasse
comme ça (elle disparaît sous la table pour faire le geste du pied) et puis après voilà,
ou alors des fois quand mon stylo il roule, il roule, il roule, ben c’est les autres qui me le
ramassent et puis après je dis “merci” ». Il est ici évident que le rapport aux autres est vécu
de manière très différente.
2.2. Nas et Raïssa
Ce qui rapproche Nas et Raïssa a trait à la fois aux événements douloureux qui les
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