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de la sécurité et de conditions d’études favorables, comme constructeur de situations
favorables et comme recours…). Ces principes sont alliés à des valeurs éthico-politiques
notamment autour de l’institution de la démocratie au sein de l’école (non comme discours
ou objet de réflexion mais comme règles à construire et à respecter – y compris par les
enseignants – et comme conseils à faire fonctionner), de la coopération et de l’entraide (et
non de la compétition), du respect mutuel (entre pairs, entre professeurs et élèves, entre
professeurs et parents…), de l’action éducative conçue comme moyen d’émancipation et
contribution à une société meilleure. De surcroît, ces éléments sont articulés sur un autre
principe fondamental selon lequel ces conceptions n’ont de sens qu’actualisées au sein de
pratiques qui permettent aux élèves de les éprouver. » (Reuter & Carra, 00 ).
La comparaison d’écoles montre ainsi qu’il est possible d’obtenir une configuration éducative
empêchant le développement du phénomène de violence. Elle n’apparaît cependant
transférable qu’avec un travail d’équipe conséquent et le partage de deux principes forts :
celui de justice et d’éducabilité. Les maîtres Freinet ont obtenu de pouvoir constituer une
équipe en dérogeant aux règles du mouvement et en procédant par cooptation. Nous avons
souligné, ailleurs (Reuter & Carra, 00 ), les difficultés pour y parvenir et la nécessité d’appuis
dans l’institution. Mais, remarquions-nous, si l’on voit l’intérêt de la constitution d’une équipe
forte et soudée autour d’un projet pour « relever » une école, la systématisation d’un tel
procédé comporte cependant des risques, notamment celui d’accroître les inégalités entre
écoles.
Le sentiment de violence des maîtres Freinet apparaît moins élevé que la moyenne de leurs
collègues de l’échantillon. Depuis leur arrivée, ce sentiment a évolué avec les contours
que prend, dans leur discours, en concordance avec nos observations, ce phénomène
aujourd’hui : la tension permanente donnant lieu à une multitude d’incidents et entravant le
bon fonctionnement de la classe a disparu tout comme ont fortement diminué « les formes
dures de violence physique ». Les incidents restant sont sporadiques et ne constituent plus
un obstacle pour le travail des élèves, se dégageant ainsi de leur appréhension par le
registre de la violence.
Pour autant, et à l’instar de leurs collègues, les parents apparaissent à l’origine d’incidents,
incidents qui ont pu déstabiliser les enseignants, voire l’équipe, ainsi qu’on l’a montré. La
gestion de ces incidents – collective, différée et en articulation avec les missions de l’école
et le cadre institutionnel au sein desquelles elles s’inscrivent – favorise une déconstruction
de leur dimension pouvant être vécue dans un premier temps comme violente par les
intéressés. Simultanément ce mode de régulation a un effet protecteur sur les contours de
la personne, en donnant une dimension collective et professionnelle à l’incident, qui bien
souvent, ailleurs, chez les enseignants victimes, est lu comme un problème interpersonnel,
relationnel voire inhérent à la nature violente de l’auteur. D’une manière plus globale c’est
l’ensemble de la vie scolaire qui est fortement régulée au sein de l’école et dans ses relations
avec son environnement. Cette régulation s’actualise à travers des rituels et des dispositifs
(le « conseil d’enfants », « l’heure des parents », « le quoi de neuf »…). Ces processus de
régulation, opérant à différents niveaux, apparaissent fortement en cohérence, formant un
système dont le socle est constitué des principes de la pédagogie Freinet. Au centre, le
travail des élèves et la construction des savoirs donnent sens à ce fonctionnement alors que
le pouvoir donné aux élèves dans la gestion de leur vie scolaire contribue à l’adhésion de
ces derniers (Carra, 00 ). Ce fonctionnement en système constitue une limite réelle pour
sa transférabilité mais la comparaison avec d’autres écoles nous a permis d’isoler certaines
dimensions, efficientes à certaines conditions, et, a priori, transférables.
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IUFM Nord-Pas de Calais