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fini » qui consistent essentiellement en des demandes d’ajouts, de reprises, d’expansions
du travail et non pas, comme cela peut apparaître dans d’autres classes, par des travaux
distincts. La continuité est la marque de l’école Freinet. Cette continuité dans le travail
entrepris, la durée de la « recherche entreprise » parfois sur plusieurs semaines est un point
essentiel de ce dispositif pédagogique. En effet, s’inscrire dans la durée permet à l’élève
de tisser des liens entre les différents moments d’activité dans la classe de mathématiques,
c’est-à-dire de développer une certaine clarté cognitive, en empruntant ce concept à Michel
Brossard . Même si les questions du maître, ses exigences, si les remarques des autres
élèves remodèlent l’étude de l’élève, il n’en reste pas moins que l’activité de l’élève n’est
pas une suite de tâches sur lesquelles il n’exerce aucun contrôle, et dont il a la charge de
reconstruire les liens.
Ces demandes ou exigences planificatrices ne sont pas les seuls moyens dont le maître
use. Les conseils, aides apportées… dans une gestion plus immédiate du travail de
l’élève contribuent également à l’émergence des questions : « tu vas commencer par une
feuille de papier quadrillé », « tu vas te mettre devant le calendrier »etc.
Légitimités des objets d’études et des travaux des élèves
Caractérisés par leur construction « en regard » par l’enseignant et l’élève dans ces moments
individuels, par leur diversité, par leur éloignement parfois des études programmées par
l’Institution, les objets d’étude à Freinet sont spécifiés aussi par les légitimités qu’ils reçoivent.
L’étude commence invariablement (en primaire) par de l’écrit (je considère ici que des tracés
sont de l’écrit) individuel. Cette production d’écrit est immédiatement considérée comme un
travail (les désignations sont explicites « c’est un joli travail », les rappels à l’ordre aussi),
volontaire, signifiant, intéressant pour l’élève et la collectivité.
Par exemple, le maître expose l’écrit d’une élève absente et dit que « même si elle n’est pas
là, on va essayer de comprendre ce qu’elle a voulu faire ». C’est en effet le travail initial de
l’élève (à l’écrit) qui légitime l’étude entreprise. On peut faire la distinction avec ce qui se
passe dans d’autres écoles, où ce qui légitime l’étude est le sens à accorder à l’exécution
tâche délivrée par le biais d’un énoncé produit par le maître. L’intérêt que revêt le travail
entrepris, la légitimité de l’étude est attestée également par le maître : c’est lui qui dit – en
‘privé’ – « ça c’est intéressant », « je passerai bien ma matinée à ça, veinard », mais aussi
par les élèves, cette fois en public : « c’est bien ce que tu as essayé » etc.
La signification de l’étude portée par un élève en particulier est aussi attestée à l’oral par
le maître, qui insiste plus qu’ailleurs sur le partage du sens, à la fois en privé : « tu iras voir
Hassan », et en public : « on reprend l’idée de… ». Enfin, ce sens et cette légitimité sont
accrédités par la publication des recherches mathématiques sous forme de recueils diffusés
auprès des parents d’élèves.
Les situations de légitimité du travail individuel mené, de l’étude poursuivie par l’élève, les
moyens utilisés pour attester du sens accordé à ceux-ci sont par conséquent diversifiés.
Selon ces situations et ces moyens (essai de compréhension a priori, intérêt marqué par
l’enseignant, par les élèves, identification de l’élève et de sa recherche, identification de
l’expertise d’un élève sur une question, personnalisation des idées et des questions, diffusion
des textes dans la sphère familiale) les ordres et les sources de la légitimité sont diversifiés
également : le premier ordre de légitimité est celui du travail écrit, le second celui de la
communauté des pairs, le troisième celui de l’enseignant, le quatrième celui des savoirs et
BROSSARD M. ( ), Activités métalinguistiques et situations scolaires, Revue repères, Numéro ,
INRP, Paris.
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