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Pratiques langagières dans les classes de
mathématiques
1. Objet d’étude et méthodologie
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IUFM Nord-Pas de Calais
Dominique LAHANIER-REUTER
Maître de conférences
Université de Lille III
Équipe THEODILE
Dans la continuité de la recherche précédente, nous avons cherché à décrire les
fonctionnements didactiques dans les classes de mathématiques du groupe scolaire
Concorde. Pour approcher ces fonctionnements, nous avons décidé de nous intéresser
tout particulièrement aux objets d’étude et aux manières de travailler avec ces objets tels
que nous pouvions les appréhender au travers d’observations de classe. Cet intérêt nous
a semblé légitime a priori car les résultats que nous avions obtenus laissaient supposer
des objets à travailler et des façons de les étudier tout à fait spécifiques aux classes
de mathématiques de cet établissement. L’une des particularités de l’organisation de
l’enseignement des mathématiques dans cette école « freinet » est en effet de privilégier
les recherches individuelles, qui permettent à chaque élève de travailler une question
personnelle. L’une des caractéristiques les plus emblématiques de l’enseignement de cette
discipline, à savoir que l’ensemble des élèves de la classe étudient en même temps le
même objet n’est donc pas ici respectée. D’autre part nous avions pu, à partir d’observations
dans ces classes, relever des thèmes de recherche mathématiques « extra-ordinaires »,
comme celui du nombre de cercles nécessaire à la construction de deux, trois… rosaces,
d’autres au contraire dans lesquels nous pouvions reconnaître des thèmes « classiques » à
l’école comme celui de la recherche de la conversion de dirhams en euros. Ainsi, l’analyse
de ces objets d’étude dans les classes de mathématiques de cette école « freinet » peut
être un point intéressant de notre projet de connaissances, en ce qu’ils apparaissent à la
fois différents et similaires d’autres objets étudiés ailleurs, ils disent quelque chose des
pratiques et dispositifs disciplinaires dans cette école et peut-être de leurs effets. Mais nous
avons également choisi d’étudier de façon attentive les manières de travailler avec ces
objets d’étude qui s’instaurent dans ces classes. Nous avions déjà pu mettre en évidence
des rapports à l’erreur qui nous paraissaient spécifiques des élèves « freinet », ainsi que
des conduites argumentatives qui l’étaient tout autant. Il nous a en conséquence semblé
que l’analyse des positions respectives du maître et des élèves par rapport à ces objets,
aux résultats et à la façon dont ils émergeaient et dont ils étaient confirmés ou non pourrait
nous révéler également des particularités de la gestion didactique des maîtres « freinet ».
Ce sera donc en terme de phénomènes de topogénèse et de chronogénèse que nous
chercherons à décrire principalement les manières de faire associées à l’étude de questions
disciplinaires.
Pour mener à bien notre étude, nous nous sommes essentiellement centrés sur l’analyse
de discours écrits et oraux. Par exemple, nous avons étudié les différentes formulations
et reformulations des projets, questions, thèmes de recherche énoncés par les élèves
ou l’enseignant pour décrire les objets d’étude. De même, pour mettre en évidence des
phénomènes de gestion de la chronogénèse, nous avons tenté d’identifier certaines