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2.2. Usages différenciés des objets selon <strong>le</strong>s classes<br />

Les classes Freinet se caractérisent, entre autres, par une utilisation d’objets pédagogisés.<br />

L’éco<strong>le</strong> va ici puiser des objets à l’extérieur de ses frontières mais pour répondre à ses propres<br />

objectifs. Cela demande un travail important de décontextualisation/recontextalisation de la<br />

part des maîtresses. Néanmoins, il n’existe pas de façon identique dans <strong>le</strong>s deux classes<br />

puisque la consigne n’est pas donnée aux mêmes moments des activités. Lorsque S présente<br />

d’emblée <strong>le</strong> problème à résoudre (déplacer l’eau), <strong>le</strong>s objets convoqués deviennent des<br />

outils au service de ce problème. Ils ne relèvent plus de la sphère quotidienne. Les élèves<br />

utilisent des récipients (inéga<strong>le</strong>ment efficaces) pour réaliser l’action demandée et pas des<br />

pots de yaourts ou des bouteil<strong>le</strong>s de shampooing détournés de <strong>le</strong>urs fonctions premières.<br />

Ainsi, nous observons qu’ils ne voient pas, ou ne par<strong>le</strong>nt pas de l’ancienne fonction de<br />

l’objet. Dans la classe de F, la consigne arrive après 0 minutes. Les élèves peuvent pendant<br />

ce premier temps manipu<strong>le</strong>r toute une série d’objets à <strong>le</strong>ur guise. La situation met donc<br />

en présence un liquide (l’eau) et des récipients spécifiques (comme un pot de chocolat).<br />

Les élèves, n’ayant pas construit encore d’autre cadre que celui lié à l’espace scolaire de<br />

l’activité, produisent des discours basés sur <strong>le</strong>ur quotidien hors-scolaire. Ils font semblant<br />

de boire, de préparer une boisson chocolatée… C’est <strong>le</strong> discours de la maîtresse (F) qui va<br />

canaliser puis interdire <strong>le</strong>s activités de jeu d’illusion mises en place spontanément par <strong>le</strong>s<br />

élèves (jouer à faire comme si…). Dans <strong>le</strong>s classes Freinet, si la maîtresse n’a pas établi<br />

d’emblée, par l’intermédiaire de la consigne qu’on ne joue pas, qu’on ne fait pas semblant,<br />

alors el<strong>le</strong> <strong>le</strong> rétablit dès que ce type de situation est construit par <strong>le</strong>s élèves. Il existe certes<br />

une différence temporel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s deux classes, mais dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong>s maîtresses<br />

recontextualisent, par <strong>le</strong>urs énoncés verbaux, l’objet. Celui-ci est au service d’un travail ou<br />

d’une consigne mais pas d’un jeu. Ici <strong>le</strong> travail scolaire est mis à distance des situations qui<br />

feraient illusion. Ce n’est pas <strong>le</strong> cas de la classe de J qui déclare à la minute 0 « je vous ai<br />

apporté des ciseaux pour faire semblant », à la minute ’ « tiens <strong>le</strong>s comme si c’était des<br />

ciseaux », et fera semblant de se couper <strong>le</strong> doigt à la minute ’. Les ciseaux en carton sont<br />

des objets pédagogiques construits pour la séance. C’est donc la maîtresse qui <strong>le</strong>s introduit<br />

et qui <strong>le</strong>s accompagne d’un discours basé sur <strong>le</strong> jeu du « faire comme si ». Cette situation<br />

est très différente des deux précédentes. Dans l’éco<strong>le</strong> Freinet ces types de discours sont<br />

portés uniquement par <strong>le</strong>s élèves et sont recadrés systématiquement par <strong>le</strong>s maîtresses.<br />

Notons cependant que dans la classe de S, <strong>le</strong>s élèves peuvent continuer à « faire semblant »<br />

dès que la maîtresse ne <strong>le</strong>s regarde plus (cf. <strong>le</strong>s actions répétées de Camil<strong>le</strong> qui mime <strong>le</strong>s<br />

gestes liés au ménage – à partir de la e minute). Ainsi <strong>le</strong> discours de la maîtresse pose<br />

des limites qu’il ne faut pas franchir mais qui <strong>le</strong> sont hors de son regard. L’élève montre par<br />

cette attitude la prise de conscience de ce qui doit être fait ou pas, la situation interdite étant<br />

cachée. Lorsque des objets pédagogiques, fabriqués pour la séance, sont à l’œuvre dans<br />

<strong>le</strong>s deux classes Freinet, ils ont <strong>le</strong> statut d’outils et non pas d’objets d’étude. De plus, ils sont<br />

transformés par <strong>le</strong>s maîtresses et non pas créés comme <strong>le</strong> fait J. Cette distinction permet<br />

d’éclairer <strong>le</strong> discours qui <strong>le</strong>ur est associé. Une élève de la classe de S refuse d’utiliser<br />

un flacon parce qu’il est troué. C’est une sorte de dysfonctionnement de l’objet qui est<br />

mis en avant ici. Durant toute l’activité J nomme « ciseaux pour faire semblant » <strong>le</strong>s deux<br />

« lames » en cartons. El<strong>le</strong> va demander aux élèves de couper du papier avec cet objet<br />

malgré <strong>le</strong>urs réticences. Et ce n’est qu’à la fin de la séance qu’il sera question dans sa<br />

phrase de conclusion de vrais et de faux ciseaux. Cette catégorisation en termes de vrais et<br />

faux objets n’est jamais utilisée à l’éco<strong>le</strong> Freinet et serait peu pertinente aux vues des objets<br />

fabriqués par <strong>le</strong>s maîtresses.<br />

<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais

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