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chaque phase. L’exercice comporte une phase de présentation, appuyée sur un document
écrit affiché au tableau, suivie de questions à l’auditoire sur ce qui vient d’être dit (pour la
présentation de livres) ; dans un deuxième temps, lui aussi minuté, les auditeurs posent des
questions ou font des remarques à l’orateur, sous le contrôle de l’animateur qui leur passe la
parole à tour de rôle. Enfin, les élèves votent la mention à attribuer à la présentation, selon
un code de couleur, l’enseignant ayant une voix comme les élèves ; cette mention entre
dans l’évaluation du travail de chacun. Les affiches sont archivées et consultables dans la
classe. Cette institutionnalisation (présence régulière à l’emploi du temps, évaluation) et
cette ritualisation donnent une forte légitimité à l’activité aux yeux des élèves ; elle est donc
caractérisée à la fois par une grande liberté au niveau des sujets choisis et des rythmes, et
par une grande codification, voire une normativité dans le déroulement.
Cet investissement important se justifie par le fait que l’apprentissage de la parole publique
touche à des enjeux fondamentaux pour la pédagogie Freinet. Les exposés visent le
développement personnel et l’affirmation de soi, la responsabilisation, l’entrée dans de
nouveaux rôles sociaux (avoir l’initiative d’un projet et le pousser jusqu’à sa réalisation, réguler
une parole collective, développer un esprit critique raisonné) ; cela conduit au principe du
libre choix par les élèves des sujets qu’ils vont présenter. La fréquence et la répétition, mais
aussi l’évaluation régulière par les pairs, doivent permettre à chacun de se donner un projet
de formalisation de ses centres d’intérêt et de progression sur le plan de la prise de parole.
L’exercice de la parole publique fait aussi partie des apprentissages liés au fonctionnement
démocratique et responsable du groupe : les exposés sont considérés comme un moyen
fondamental de partage des connaissances pour l’élaboration d’une culture commune. Par
ailleurs ils sont aussi chargés de fonctions épistémiques : ils sont liés à la pratique de la
recherche documentaire, à l’élaboration de connaissances à partir des expériences et des
centres d’intérêt de chacun. Une grande partie des apprentissages scolaires relatifs à la
connaissance du monde leur incombe.
La pratique des exposés est donc chargée d’enjeux nombreux et importants, ce qui complexifie
l’évaluation des apprentissages des élèves : quelle part accorder aux apprentissages formels
liés spécifiquement à la prise de parole, et aux apprentissages liés à la conceptualisation et
aux savoirs concernés par les domaines abordés ? Elle comporte aussi de ce fait un certain
nombre de tensions : tension entre le principe d’initiative, de volontariat et de libre choix
des sujets pour chacun, et des exigences d’approfondissement et de progression dans le
traitement des sujets, par exemple.
L’importance du temps et de la valeur accordés aux activités d’exposition et à la parole des
élèves conduit à s’interroger sur les acquis que cet investissement produit chez les élèves.
Cependant les spécificités de ces formes d’exercice de l’oral dans la pédagogie Freinet,
d’une part, et les objectifs larges et nombreux qui y sont attachés, d’autre part, font que
des épreuves normalisées et décontextualisées d’évaluation du langage oral conviendraient
mal pour cerner ces acquis. La pratique de l’exposé n’est pas dans la pédagogie Freinet un
entraînement formel qui viserait simplement la conformité à un modèle rhétorique scolaire,
ou un usage plus normé ou plus élaboré de la langue parlée. Il faut pour l’évaluer prendre en
compte aussi ses objectifs relatifs au rapport au langage, à l’engagement devant un groupe,
à l’investissement dans les tâches etc. Il faut d’ailleurs souligner que même en voulant se
cantonner à une évaluation stricte du langage parlé, il n’existe pas vraiment d’outils valides sur
le plan scientifique pour évaluer son développement au delà des apprentissages premiers, et
on ne dispose que de peu de repères faisant consensus sur ce qui pourrait être attendu aux
différents niveaux scolaires de l’école élémentaire. De ce fait l’observation menée à l’école
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