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La richesse interactionnel<strong>le</strong> des SD, observées dans toutes <strong>le</strong>s classes, met cependant en<br />

évidence une contradiction interne à ce dispositif de paro<strong>le</strong> : on observe en moyenne un peu<br />

plus de trois échanges p<strong>le</strong>ins par séquence dialoguée, ce qui est relativement modeste, mais<br />

adapté aux contraintes du travail col<strong>le</strong>ctif, <strong>le</strong>s SD ne pouvant pas se prolonger outre mesure,<br />

sauf à perdre de vue que l’on se trouve dans une situation col<strong>le</strong>ctive d’interactions.<br />

Enfin, el<strong>le</strong>s jouent <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de révélateur des dispositifs spécifiques de paro<strong>le</strong> institués dans<br />

<strong>le</strong>s classes : el<strong>le</strong>s sont liées tantôt au fonctionnement des rô<strong>le</strong>s communicationnels (classes<br />

Freinet), tantôt aux pratiques de récits spontanés ou de description dirigée (classe non<br />

Freinet). El<strong>le</strong>s participent aussi de la gestion classique du dialogue scolaire (répondre aux<br />

questions de la maîtresse, par exemp<strong>le</strong>) mais dans une moindre mesure.<br />

Cette variation du polylogue scolaire semb<strong>le</strong> cependant caractériser <strong>le</strong>s classes observées<br />

à l’éco<strong>le</strong> Freinet, même si el<strong>le</strong> n’est pas l’apanage des classes Freinet : <strong>le</strong>s SD y sont<br />

nombreuses ; plus fréquentes dans certaines classes, el<strong>le</strong>s peuvent spécifier <strong>le</strong>s pratiques<br />

de certaines maîtresses Freinet par rapport à cel<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>urs collègues.<br />

Dans <strong>le</strong>s classes Freinet, la tendance est cel<strong>le</strong> d’un changement d’interlocuteur-élève à<br />

chaque nouvel<strong>le</strong> séquence dialoguée. La relative brièveté de ces séquences peut produire<br />

un effet de découpage stéréotypé du dialogue : des séquences relativement brèves qui se<br />

succèdent en changeant d’interlocuteur assez systématiquement. C’est la rançon peut-être<br />

d’une intentionnalité des enseignantes gérant de manière un peu rigide ces variations du<br />

dialogue scolaire mais <strong>le</strong> temps total accordé aux SD dans <strong>le</strong>s classes Freinet tempère cette<br />

impression de morcel<strong>le</strong>ment de l’interaction : certes <strong>le</strong>s séquences sont de durée courte ou<br />

moyenne, mais el<strong>le</strong>s occupent parfois jusqu’à plus de la moitié du temps total de la séance.<br />

Ce ne sont pas des événements aléatoires, liés à des occasions, plus ou moins saisies au<br />

vol par <strong>le</strong>s enseignantes, mais bien quelque chose qui ressemb<strong>le</strong> à un projet pédagogique<br />

(même s’il n’apparaît pas en tant que tel dans <strong>le</strong>s entretiens que nous avons menés avec<br />

el<strong>le</strong>s).<br />

Cependant, on a pu observer une variation dans la variation : dans <strong>le</strong>s classes Freinet, et<br />

uniquement dans ces classes, la séquence dialoguée peut se transformer en un trilogue.<br />

Phénomène intéressant qui montre d’une part, que la gestion du dialogue peut être parfois<br />

plus soup<strong>le</strong> qu’il n’y paraît dans d’autres observations et d’autre part, que <strong>le</strong>s élèves font<br />

preuve d’une grande aisance dans la prise de paro<strong>le</strong> : ils ne craignent pas de s’insérer dans<br />

un dialogue maître/élève pour participer à son développement.<br />

On peut dire que <strong>le</strong>s modulations du dialogue scolaire traditionnel contribuent dans <strong>le</strong>s classes<br />

Freinet à donner à l’individu élève non seu<strong>le</strong>ment une place particulière par l’apprentissage<br />

des rô<strong>le</strong>s communicationnels institués mais aussi des occasions de développer des<br />

expériences de la construction d’un dialogue avec l’adulte-maîtresse sur des sujets qui<br />

sont souvent <strong>le</strong>s siens mais dans des formes interactionnel<strong>le</strong>s publiques qui transforment la<br />

nature des comportements langagiers.<br />

Pour terminer, il convient de rappe<strong>le</strong>r que ce fonctionnement n’est pas la caractéristique<br />

exclusive des classes observées dans <strong>le</strong> groupe scolaire Hélène Boucher. Il se pratique<br />

éga<strong>le</strong>ment dans une des deux classes « autres » qui font partie des données recueillies,<br />

mais à un degré moindre : en effet, la ritualisation des rô<strong>le</strong>s de locuteurs est, d’après nous, un<br />

critère de différenciation central des séances observées. El<strong>le</strong> oblige à faire porter l’attention<br />

des élèves (et des maîtresses) sur la communication scolaire, sur ce qui l’institue comme<br />

rituel social et dispositif cognitif (Amigues et Zerbato-Poudou, 000, 0 ), ce qu’on peut<br />

considérer comme un des apprentissages centraux de l’éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong>, et non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>IUFM</strong> Nord-Pas de Calais

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