Thorax - Maladies pulmonaires diffuses
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262 C. BEIGELMAN ET COLLABORATEURS<br />
contours des vaisseaux <strong>pulmonaires</strong> ni ceux des parois bronchiques.<br />
Il s’exprime par un contraste anormalement élevé<br />
entre la densité du parenchyme pulmonaire et celle de l’air<br />
intrabronchique. Le verre dépoli sera différencié de l’augmentation<br />
physiologique de la densité pulmonaire dans les<br />
zones gravito-dépendantes. Lorsqu’il est de distribution<br />
multifocale, le verre dépoli réalise volontiers un aspect en<br />
mosaïque, caractérisé par des plages hyperdenses mal limitées<br />
de formes variées. Une distribution de type géographique<br />
avec des interfaces nettes et régulières entre les zones<br />
anormales et normales est possible. La distribution peut être<br />
systématisée, lobaire, segmentaire, sous-segmentaire, voire<br />
lobulaire. Enfin, il peut adopter une topographie médullaire<br />
centrale ou corticale périphérique.<br />
Le verre dépoli doit être différencié de l’aspect de perfusion<br />
en mosaïque, reflet d’un déséquilibre de l’hémodynamique<br />
pulmonaire.<br />
Valeur sémiologique<br />
Le verre dépoli peut correspondre à un comblement<br />
partiel des lumières alvéolaires, à un épaississement de<br />
l’interstitium pulmonaire entraînant un collapsus partiel des<br />
lumières alvéolaires, ou à une augmentation du flux sanguin<br />
capillaire pulmonaire.<br />
Signification pathologique<br />
La signification pathologique du verre dépoli ne peut<br />
être approchée qu’en connaissance du contexte clinique et<br />
des signes TDM associés [44].<br />
Dans un contexte d’infiltration pulmonaire aiguë ou<br />
subaiguë, le verre dépoli représente volontiers un comblement<br />
minime ou modéré des lumières alvéolaires précédant<br />
le stade de condensation alvéolaire. Il peut s’observer dans<br />
les pneumopathies infectieuses, les hémorragies <strong>pulmonaires</strong>,<br />
les pneumopathies d’hypersensibilité, les pneumopathies<br />
médicamenteuses, et les pneumonies radiques aiguës.<br />
Dans le lobe moyen, il suggère un lavage broncho-alvéolaire<br />
récent.<br />
Chez un sujet immunodéprimé, le verre dépoli est hautement<br />
suggestif d’une pneumopathie à Pneumocystis carinii,<br />
d’une infection à CMV, d’une pneumopathie médicamenteuse<br />
ou d’une bronchiolite oblitérante avec pneumonie en<br />
voie d’organisation [45, 46].<br />
Dans un contexte de pneumopathie chronique infiltrante<br />
diffuse (PCID), le verre dépoli peut correspondre à<br />
diverses entités.<br />
Il peut s’agir d’un remplissage des lumières alvéolaires<br />
sans atteinte interstitielle comme dans la protéinose alvéolaire<br />
ou le cancer bronchoalvéolaire. L’aspect réalisé est celui<br />
de « crazy paving » des anglo-saxons, qui consiste en des<br />
réticulations siégeant au sein des plages de verre dépoli [47].<br />
Il peut s’agir de l’expression de l’alvéolite ou phase<br />
active d’une PCID, les anomalies étant potentiellement<br />
réversibles. Dans ce contexte, le verre dépoli peut aussi<br />
correspondre à des lésions de fibrose pulmonaire, avec ou<br />
sans distorsion pulmonaire. La fibrose peut être affirmée<br />
lorsqu’il existe des bronchectasies ou des bronchiolectasies<br />
par traction et/ou des images en rayon de miel.<br />
Lorsque le verre dépoli a une distribution prédominante<br />
dans les zones sous-pleurales et aux bases, cela suggère<br />
une fibrose pulmonaire, une pneumopathie interstitielle<br />
desquamative, non spécifique ou lymphoïde.<br />
Le verre dépoli d’origine hémodynamique peut être<br />
observé au cours de l’œdème pulmonaire cardiogénique. Il<br />
est alors volontiers associé à un épaississement des septa<br />
interlobulaires et à un élargissement des veines et des artères.<br />
Les œdèmes par stase lymphatique pouvant être observés<br />
au cours de la lymphangite carcinomateuse ou des<br />
lymphangiectasies congénitales peuvent s’exprimer par un<br />
aspect similaire. Le verre dépoli d’origine hémodynamique<br />
doit être différencié de l’aspect de perfusion en mosaïque<br />
décrit ci-après.<br />
LA PERFUSION EN MOSAÏQUE<br />
La perfusion en mosaïque, qui se traduit par une hétérogénéité<br />
de densités <strong>pulmonaires</strong> prenant un aspect en<br />
mosaïque, exprime une hétérogénéité de perfusion pulmonaire<br />
[48]. Les zones anormales sont d’aspect hypodense<br />
avec des vaisseaux <strong>pulmonaires</strong> peu nombreux et de petite<br />
taille, à l’inverse des zones normales iso ou hyperdenses<br />
(pseudo-verre dépoli) comportant elles des sections vasculaires<br />
élargies. L’augmentation de la perfusion dans les<br />
zones d’aspect hyperdense correspond en fait un phénomène<br />
de redistribution vasculaire vers les zones normales.<br />
Deux mécanismes peuvent être à l’origine de la perfusion<br />
en mosaïque :<br />
Un mécanisme d’origine vasculaire primitif<br />
La cause la plus fréquente est le cœur pulmonaire chronique<br />
post-embolique, les embolies chroniques pouvant<br />
entraîner des obstructions artérielles <strong>pulmonaires</strong> définitives<br />
avec oligémie d’aval.<br />
Un mécanisme indirect lié à une obstruction<br />
bronchiolaire<br />
L’obstruction bronchiolaire entraîne une hypoventilation<br />
d’aval, responsable d’une hypoxie régionale avec vasoconstriction<br />
réflexe.<br />
Le diagnostic différentiel repose sur l’existence ou non<br />
d’un piégeage expiratoire. Ce dernier est recherché sur des<br />
coupes complémentaires en expiration forcée bloquée, en<br />
coupes de 1 mm tous les 30 mm. Un piégeage expiratoire,<br />
qui s’exprime par une majoration du gradient de densité<br />
entre les zones saines et pathologiques, signe la nature bronchiolaire<br />
de la perfusion en mosaïque et peut en être le seul<br />
témoin. Le piégeage expiratoire sera considéré comme<br />
pathologique au-delà d’une surface supérieure à celle d’un<br />
segment, un piégeage physiologique pouvant être observé<br />
dans quelques lobules <strong>pulmonaires</strong> secondaires de topographie<br />
déclive.<br />
La perfusion en mosaïque d’origine bronchiolaire se<br />
voit principalement au cours de la bronchiolite constrictive,<br />
des bronchopneumopathies chroniques obstructives et de<br />
l’asthme.