MEMOIRE - SCD

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23.06.2013 Views

Contexte théorique, buts et hypothèses variables puisqu’une langue n’est pas figée dans le temps : en effet, celle-ci va se métamorphoser, prendre différents aspects selon les époques, les modes, les dialectes, le niveau socio-culturel, etc. Il est donc impossible de recenser précisément et de façon exhaustive tous les mots d’une même langue. A ce stade théorique, une distinction entre les termes « lexique » et « vocabulaire » peut être faite. Ainsi, selon POLGUERE A (2003), le lexique englobe la totalité des mots d’une langue donnée dans ses différents registres tandis que le vocabulaire ne désigne que l’ensemble des termes lexicaux utilisés par un individu quand il communique dans une langue. Toutefois, par abus de langage, ces deux notions sont utilisées l'une pour l'autre sans distinction. L’enfant se constitue progressivement un stock lexical, ou lexique mental, qui regroupe des informations sémantiques, syntaxiques, phonologiques et morphologiques. Selon BRIN F et al. (2004), celui-ci est composé : • du vocabulaire actif : il regroupe les unités connues et utilisées par l’enfant. • du vocabulaire passif : il regroupe les unités que l’enfant, certes n’utilise pas, mais comprend. Aussi, l’acquisition du lexique regroupe plusieurs dimensions à l’origine de son développement, « entre autres les relations d’inclusion (« chien »-« animal »), les relations partie-tout (« doigt » - « main », - « bras »), les incompatibilités lexicales (un « chien » ne peut pas être aussi un « chat »), les différentes significations d'un mot et les relations qu'elles entretiennent les unes avec les autres » (RONDAL JA et SERON X, 1999). A ceci s'ajoutent également les connaissances morphologiques, les familles de mots et les notions grammaticales. La connaissance lexicale devient donc peu à peu très diversifiée et multiple. Pour pouvoir construire son lexique et ses représentations mentales, l’enfant doit découvrir les régularités sous-jacentes à l’utilisation des mots employés par l’adulte et comprendre les règles morphologiques afin d'émettre des hypothèses pour étendre son vocabulaire. La notion de « famille de mots » l'aidera donc à élargir son stock lexical. Dans le cadre d’un développement langagier ordinaire, l'acquisition lexicale s'effectuera au rythme de 3 à 10 mots par jour, entre 2 à 6 ans, pour aboutir à un stock lexical d'environ 14000 mots à 6 ans(CAREY S, 1978, citée par COLE P, 40

Contexte théorique, buts et hypothèses 2011). Ensuite, le vocabulaire connu augmenterait globalement de 3000 mots par an, jusqu'à 17 ans (COLE P, 2011). Actuellement, il n’existe pas de modèle théorique spécifique à la morphologie concernant le lexique. Cependant, nous nous sommes intéressées à des études psycholinguistiques sur ce sujet. Celles-ci font l’hypothèse d’un modèle permettant d’organiser le lexique mental et se déclinent en plusieurs théories : • Le modèle décompositionnel (FORSTER KI et TAFT M, 1975, cités par PILLON A, 1993) : les mots morphologiquement complexes ne seraient pas stockés intégralement dans le lexique mental mais seraient obligatoirement décomposés en morphèmes (analyse et bonne combinaison de ces morphèmes) pour être identifiés. Ce modèle induit donc une analyse pré-lexicale. • Le modèle d’accès direct et d’un listage exhaustif (BUTTERWORTH B, 1983, cité par RONDAL JA et SERON X,1999) : les mots morphologiquement complexes seraient représentés au sein du lexique mental comme n’importe quel mot simple, avec une représentation lexicale propre et indépendante et un propre « code d’accès » quelle qu’en soit la structure interne. Cette hypothèse induit donc, quant à elle, une analyse post-lexicale. • Les modèles de compromis (STANNERS RF et al., 1979, cités par PILLON A 1993) : les formes fléchies régulières et les formes dérivées préfixées utiliseraient le modèle décompositionnel tandis que les formes fléchies irrégulières et les formes dérivées suffixées seraient représentées sous leur forme globale dans le lexique mental. Concernant notre mémoire, nous nous sommes appuyées sur la théorie du modèle décompositionnel. En effet, la morphologie semble réellement jouer un rôle dans le développement du lexique mental, à condition que l’enfant ait conscience au fur et à mesure de ses apprentissages des mécanismes de dérivation. Ces procédés sont ainsi la source d’un lexique final bien plus étoffé. Il est donc nécessaire d’adopter ce postulat supposant l’existence des représentations des morphèmes dans le lexique mental (COLE P et al., 1997). En outre, il est important de rappeler la prépondérance de la richesse du lexique sur le développement cognitif général, sur les apprentissages, ainsi que sur les interactions. 41

Contexte théorique, buts et hypothèses<br />

2011). Ensuite, le vocabulaire connu augmenterait globalement de 3000 mots par an,<br />

jusqu'à 17 ans (COLE P, 2011).<br />

Actuellement, il n’existe pas de modèle théorique spécifique à la morphologie<br />

concernant le lexique. Cependant, nous nous sommes intéressées à des études<br />

psycholinguistiques sur ce sujet. Celles-ci font l’hypothèse d’un modèle permettant<br />

d’organiser le lexique mental et se déclinent en plusieurs théories :<br />

• Le modèle décompositionnel<br />

(FORSTER KI et TAFT M, 1975, cités par<br />

PILLON A, 1993) : les mots morphologiquement complexes ne seraient pas stockés<br />

intégralement dans le lexique mental mais seraient obligatoirement décomposés en<br />

morphèmes (analyse et bonne combinaison de ces morphèmes) pour être identifiés.<br />

Ce modèle induit donc une analyse pré-lexicale.<br />

• Le modèle d’accès direct et d’un listage exhaustif<br />

(BUTTERWORTH B,<br />

1983, cité par RONDAL JA et SERON X,1999) : les mots morphologiquement<br />

complexes seraient représentés au sein du lexique mental comme n’importe quel<br />

mot simple, avec une représentation lexicale propre et indépendante et un propre<br />

« code d’accès » quelle qu’en soit la structure interne. Cette hypothèse induit donc,<br />

quant à elle, une analyse post-lexicale.<br />

• Les modèles de compromis<br />

(STANNERS RF et al., 1979, cités par<br />

PILLON A 1993) : les formes fléchies régulières et les formes dérivées préfixées<br />

utiliseraient le modèle décompositionnel tandis que les formes fléchies irrégulières et<br />

les formes dérivées suffixées seraient représentées sous leur forme globale dans le<br />

lexique mental.<br />

Concernant notre mémoire, nous nous sommes appuyées sur la théorie du<br />

modèle décompositionnel. En effet, la morphologie semble réellement jouer un rôle<br />

dans le développement du lexique mental, à condition que l’enfant ait conscience au<br />

fur et à mesure de ses apprentissages des mécanismes de dérivation. Ces procédés<br />

sont ainsi la source d’un lexique final bien plus étoffé. Il est donc nécessaire<br />

d’adopter ce postulat supposant l’existence des représentations des morphèmes<br />

dans le lexique mental (COLE P et al., 1997).<br />

En outre, il est important de rappeler la prépondérance de la richesse du<br />

lexique sur le développement cognitif général, sur les apprentissages, ainsi que sur<br />

les interactions.<br />

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