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2012, année de transition ou de rupture ?<br />
contestataires. Ceci reproduit partiellement la situation de la fin des années<br />
1980, où ce sont justement les médias et non les structures socio-politiques<br />
qui jouèrent un rôle-clé dans le renforcement du mécontentement vis-à-vis<br />
du pouvoir. Est révélatrice en ce sens la conférence de presse du président en<br />
décembre 2012, qui aura été la première tentative dans l’histoire d’imposer à<br />
Poutine le format des débats politiques. Il s’agit d’ailleurs ici non de constituer<br />
artificiellement une opinion publique mais justement du souhait de suivre les<br />
humeurs du public (il est révélateur que, lors de cette conférence de presse, des<br />
représentants des publications traditionnellement loyales mais à grand tirage<br />
aient posé des questions délicates).<br />
Facteurs susceptibles d’affaiblir<br />
le mouvement contestataire<br />
• Un grand manque de confiance<br />
en ses propres forces, engendrant<br />
une réceptivité à des idéologues<br />
révélant la faiblesse de l’opposition<br />
(contraste entre Moscou qui<br />
manifeste et Nijni-Taguil qui est<br />
loyale, opinion négative sur les<br />
précédentes actions menées) ;<br />
• Un nombre important de conflits<br />
personnels entre les leaders<br />
officiels ;<br />
• Un manque de savoir-faire<br />
en matière de réaction face<br />
à l’activisme de base des<br />
manifestants, de rédaction d’un<br />
programme fort, l’incapacité<br />
de proposer une alternative<br />
crédible qui permettrait au<br />
moins d’améliorer l’idée que les<br />
contestataires ont d’eux-mêmes ;<br />
• Éloignement d’une partie des<br />
leaders de l’opposition par rapport<br />
aux réalités politiques qui ont<br />
évolué depuis les années 1990,<br />
mauvaise maîtrise des données<br />
sociologiques et des techniques<br />
politiques, incapacité à agir sur<br />
l’auditoire apolitique ;<br />
• Manque d’alliés actifs et réels au<br />
sein de l’élite.<br />
Facteurs susceptibles de renforcer<br />
le mouvement contestataire<br />
• Capacité à s’organiser au moment où l’activité de<br />
base est à un niveau élevé ;<br />
• Maintien d’un niveau élevé d’attitudes<br />
contestataires à Moscou ;<br />
• La tendance du pouvoir à surestimer son action de<br />
répression du mouvement contestataire ainsi que<br />
l’absence de compréhension des raisons et des<br />
mécanismes de ce mouvement ;<br />
• Poursuite du processus de désacralisation du<br />
pouvoir, lassitude croissante face à Poutine<br />
accompagnée d’une forte baisse de sa popularité<br />
(le taux de confiance, selon les données du<br />
FOM, est tombé de 57% à 42-45% d’opinions<br />
favorables de mars à décembre). Augmentation<br />
du nombre d’opinions négatives quant aux<br />
actions du pouvoir de la part des catégories les<br />
plus actives de la population (les hommes de 30<br />
à 50 ans), érosion de la loyauté dans la jeunesse<br />
et chez les fonctionnaires, manque d’entrain et<br />
faibles capacités à s’organiser chez les catégories<br />
de population sur lesquelles s’appuie le pouvoir<br />
(retraités, femmes d’âge moyen, habitants des<br />
petites villes et zones rurales) ;<br />
• Baisse d’efficacité de l’appareil de propagande du<br />
pouvoir tant sur le plan des instruments (chute de<br />
l’auditoire des chaînes de télévision fédérales en raison<br />
de l’expansion des chaînes diffusées par satellite)<br />
que sur celui du contenu. Les initiatives lancées par<br />
le pouvoir en 2012 ont souvent été soit négligées par<br />
les électeurs (nomination d’Igor Kholmanskikh), soit<br />
à l’origine de la disparition des idées sur les « réussites<br />
des années 2000 » (discrédit jeté sur la réforme de<br />
l’armée, scandale « Glonass », etc.).<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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