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Gérard Grunberg<br />
une stratégie à l’allemande, similaire à celle de Die Linke, selon laquelle seul<br />
l’affaiblissement du Parti socialiste ouvrirait sur sa gauche un espace électoral<br />
important pour le Front de gauche.<br />
Au cours des premiers mois de son mandat, François Hollande a opté pour<br />
aller dans le sens d’un renforcement, face à la crise, de l’intégration européenne.<br />
Alors qu’il s’était engagé durant sa campagne à ne pas faire ratifier le pacte de<br />
stabilité budgétaire signé par son prédécesseur, il l’a finalement fait ratifier par<br />
le Parti socialiste. Cette décision a marqué clairement qu’il entendait, malgré ses<br />
désaccords avec Angela Merkel, défendre à tout prix l’euro et accepter les contrôles<br />
supranationaux sur la politique budgétaire française et, donc, qu’il s’engageait à<br />
diminuer les dépenses publiques ainsi que le déficit budgétaire. Cette orientation a<br />
été interprétée non seulement par les communistes mais aussi par son allié écologiste<br />
comme un compromis inacceptable avec le libéralisme. Lors du vote de ratification,<br />
les communistes et une majorité des écologistes ont voté contre. Au Sénat, où le<br />
PS ne dispose pas de la majorité à lui seul, il a fallu l’appoint des voix de l’UMP<br />
pour obtenir cette ratification. Ainsi, aujourd’hui, même si les écologistes ont, pour<br />
l’instant, décidé de rester au gouvernement, le PS ne peut plus compter que sur luimême.<br />
Et encore, l’aile gauche du PS a voté également contre la ratification.<br />
En ce début d’année 2013, les difficultés se sont accrues pour François Hollande.<br />
Elles ont concerné le fort accroissement du chômage et les négociations sociales, la<br />
question du mariage homosexuel et l’intervention militaire au Mali.<br />
Face à la brutale augmentation du chômage, le président a encouragé la tenue<br />
d’une grande négociation sociale entre les syndicats et le patronat sur l’emploi. Cette<br />
négociation a finalement pu déboucher sur un accord entre le patronat et trois<br />
syndicats dont la CFDT. De ce point de vue, c’est un succès pour le président. Mais ce<br />
succès a été obtenu dans des conditions qui ont accru le fossé entre le pouvoir socialiste<br />
et l’extrême-gauche politique et le syndicat CGT. L’aile gauche du parti socialiste ellemême<br />
a critiqué l’accord. Cet épisode confirme que la gauche française est entraînée<br />
dans une dynamique d’éclatement, la fraction la plus à gauche reprochant au pouvoir<br />
socialiste d’adopter des positions libérales ou sociales-libérales et de trop concéder<br />
au patronat. Cette dynamique de division pourrait encore se développer, remettant<br />
en cause même la signification politique du terme de gauche.<br />
La question du mariage homosexuel et, tout particulièrement, celle de<br />
l’adoption et de la procréation médicale assistée ont renforcé le clivage gauche/<br />
droite sur les questions de société. L’Église catholique s’est engagée massivement<br />
dans la manifestation de janvier qui a réuni entre 400 000 et 1 million de personnes<br />
contre le mariage homosexuel. La loi devrait être votée mais le président a<br />
obtenu que la question de la procréation médicale assistée soit disjointe du texte<br />
gouvernemental. Toutefois, cette question rebondira et continuera de constituer un<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013