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22.06.2013 Views

46 Gérard Grunberg la campagne, François Hollande, faisant preuve de détermination et de confiance en lui, a réussi à contrebattre les arguments de la droite sur sa faiblesse de caractère et son indécision. Son face-à-face entre les deux tours avec le président sortant a été de ce point de vue déterminant, présentant une image de futur président que son concurrent ne put contrer en se prévalant de son autorité et de son expérience. Ainsi François Hollande sut-il incarner une alternative crédible à Nicolas Sarkozy. Au premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril, le candidat socialiste arriva en tête du scrutin avec 28,6% des suffrages exprimés. Il devança très largement les autres candidats de gauche. Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, obtint 11,1% des voix, score très décevant par rapport à ses espoirs ; la candidate écologiste, 2,3% et les candidats trotskistes (NPA et LO) 1,7% à eux deux. La domination socialiste sur la gauche fut donc confirmée. Ensuite, la vieille règle de la « discipline républicaine » conduisit les candidats du Front de gauche et écologiste, éliminés, à appeler à voter pour le candidat socialiste au second tour ou, du moins, à faire battre le président sortant. La victoire de François Hollande a du coup été rendue possible par le report massif (80%) des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Eva Joly sur sa candidature au second tour de scrutin, tandis que Nicolas Sarkozy ne recueillait que la moitié des voix de Marine Le Pen. Au second tour, il l’emporta sur le président sortant avec 51,6%. Il devenait ainsi le septième président de la Vè République. La victoire de François Hollande ne doit pas minorer la signification de l’ensemble des résultats. D’abord, avec 27% des suffrages exprimés, le président sortant a réalisé au premier tour un résultat assez proche de celui du candidat socialiste. Et au second tour, avec 49,4%, il a obtenu un score plus important qu’attendu, démontrant que la droite UMP était battue mais pas écrasée. En outre, au premier tour, le très bon résultat du Front national a montré que ce parti, que l’UMP pensait avoir marginalisé en 2007, demeurait un grand parti électoral. Enfin, le score de 11% du candidat de Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a attesté la résilience de l’électorat d’extrême-gauche. L A V I C T O I R E L É G I S L AT I V E D U PA R T I S O C IA L I S T E . Comme en 1981, 1988, 2002 et 2007, le président élu a bénéficié de l’effet d’entraînement de la victoire présidentielle sur les élections législatives suivantes. Avec 29% des suffrages exprimés, le Parti socialiste est arrivé en tête au premier tour, suivi par l’UMP, parti du président sortant, qui a obtenu près de 27% des suffrages. Au total, au premier tour, les candidats du Parti socialiste et des radicaux de gauche ainsi que les candidats écologistes soutenus par le Parti socialiste, qui leur avait alloué soixante circonscriptions, ont obtenu près du tiers des suffrages, leur meilleur score depuis 1988, devançant celui de l’UMP et de ses alliés. Le Front de RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

Les élections françaises de 2012 gauche, essentiellement représenté par des candidats communistes, n’a rassemblé que 7% des suffrages. La domination du PS sur la gauche a donc été encore plus forte qu’à l’élection présidentielle. Comme aux élections législatives de 2002 et de 2007, les voix socialistes ont représenté à peu près les deux tiers des voix de gauche. Mais le score socialiste a été nettement plus élevé qu’à ces deux scrutins passés, dépassant 30% des suffrages. À droite, l’UMP a confirmé sa position dominante. Au second tour, des duels entre les deux grands partis ont eu lieu dans la plupart des 541 circonscriptions en ballottage. Avec près de 80% des voix, à eux deux, le PS et l’UMP ont montré qu’ils demeuraient les deux grands partis électoraux. La traduction en sièges de ces résultats a donné au Parti socialiste la majorité absolue à l’Assemblée nationale pour la seconde fois sous la Vè République, la première étant 1981. Le groupe socialiste représente 88% de l’ensemble des députés de gauche. Le Front de gauche n’a pu constituer un groupe parlementaire, ayant perdu près de la moitié de ses députés, qu’en faisant appel à cinq élus d’Outre-mer, le nombre minimum pour constituer un groupe étant de quinze députés. A droite, le groupe UMP avec 196 membres confirme sa domination totale à droite à l’Assemblée nationale. Le système partisan français demeure donc structuré par l’opposition entre les grands partis présidentiels, le PS et l’UMP qui, à eux deux, obtiennent près de 90% des sièges à l’Assemblée nationale. L E N O U V E AU G O U V E R N E M E N T Dès son élection, François Hollande a nommé Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, maire de Nantes et très proche de lui aussi bien personnellement que politiquement, étant comme lui à la fois réformiste et européen. La nouvelle majorité, qui a voté la confiance à ce gouvernement, renommé après les élections législatives, comprend le parti socialiste, les écologistes de EELV et les radicaux de gauche, soit 295 socialistes, 18 écologistes et 15 radicaux et divers gauche. La majorité gouvernementale était donc de 328 membres alors que la majorité absolue à l’Assemblée est de 289 sièges, les socialistes à eux seuls dépassant ce seuil. Le Front de gauche, dont le Parti communiste constitue l’essentiel, a appelé au second tour de l’élection présidentielle à voter en faveur du candidat socialiste mais il a refusé, à la différence de ce qui s’était passé après les victoires présidentielle et 1981 et législative de 1997, de participer au gouvernement. Il faut donc remarquer que, dès le début du quinquennat, si l’extrême-gauche n’est pas encore dans l’opposition au nouveau pouvoir socialiste, elle ne fait pas partie de la nouvelle majorité gouvernementale. Jean-Luc Mélenchon privilégie RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013 47

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Gérard Grunberg<br />

la campagne, François Hollande, faisant preuve de détermination et de confiance<br />

en lui, a réussi à contrebattre les arguments de la droite sur sa faiblesse de caractère<br />

et son indécision. Son face-à-face entre les deux tours avec le président sortant a<br />

été de ce point de vue déterminant, présentant une image de futur président que<br />

son concurrent ne put contrer en se prévalant de son autorité et de son expérience.<br />

Ainsi François Hollande sut-il incarner une alternative crédible à Nicolas Sarkozy.<br />

Au premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril, le candidat socialiste<br />

arriva en tête du scrutin avec 28,6% des suffrages exprimés. Il devança très<br />

largement les autres candidats de gauche. Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc<br />

Mélenchon, obtint 11,1% des voix, score très décevant par rapport à ses espoirs ;<br />

la candidate écologiste, 2,3% et les candidats trotskistes (NPA et LO) 1,7% à eux<br />

deux. La domination socialiste sur la gauche fut donc confirmée. Ensuite, la vieille<br />

règle de la « discipline républicaine » conduisit les candidats du Front de gauche<br />

et écologiste, éliminés, à appeler à voter pour le candidat socialiste au second tour<br />

ou, du moins, à faire battre le président sortant. La victoire de François Hollande<br />

a du coup été rendue possible par le report massif (80%) des électeurs de Jean-Luc<br />

Mélenchon et d’Eva Joly sur sa candidature au second tour de scrutin, tandis que<br />

Nicolas Sarkozy ne recueillait que la moitié des voix de Marine Le Pen. Au second<br />

tour, il l’emporta sur le président sortant avec 51,6%. Il devenait ainsi le septième<br />

président de la Vè République.<br />

La victoire de François Hollande ne doit pas minorer la signification de<br />

l’ensemble des résultats. D’abord, avec 27% des suffrages exprimés, le président<br />

sortant a réalisé au premier tour un résultat assez proche de celui du candidat<br />

socialiste. Et au second tour, avec 49,4%, il a obtenu un score plus important<br />

qu’attendu, démontrant que la droite UMP était battue mais pas écrasée. En outre,<br />

au premier tour, le très bon résultat du Front national a montré que ce parti, que<br />

l’UMP pensait avoir marginalisé en 2007, demeurait un grand parti électoral.<br />

Enfin, le score de 11% du candidat de Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a<br />

attesté la résilience de l’électorat d’extrême-gauche.<br />

L A V I C T O I R E L É G I S L AT I V E D U PA R T I S O C IA L I S T E .<br />

Comme en 1981, 1988, 2002 et 2007, le président élu a bénéficié de l’effet<br />

d’entraînement de la victoire présidentielle sur les élections législatives suivantes.<br />

Avec 29% des suffrages exprimés, le Parti socialiste est arrivé en tête au premier<br />

tour, suivi par l’UMP, parti du président sortant, qui a obtenu près de 27% des<br />

suffrages. Au total, au premier tour, les candidats du Parti socialiste et des radicaux<br />

de gauche ainsi que les candidats écologistes soutenus par le Parti socialiste, qui leur<br />

avait alloué soixante circonscriptions, ont obtenu près du tiers des suffrages, leur<br />

meilleur score depuis 1988, devançant celui de l’UMP et de ses alliés. Le Front de<br />

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