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Sommaire - CCIFR

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Vu de Moscou<br />

une force loyale à l’Occident pour contrebalancer le Conseil national syrien, lié<br />

à l’extrémisme islamique. Selon Hollande, la position de la Russie et de la Chine,<br />

qui n’ont pas intérêt à un changement de régime en Syrie, « affaiblit » le poids du<br />

Conseil de sécurité de l’ONU dans la résolution de la crise, contribuant à l’escalade<br />

et à l’amplification de l’extrémisme armé. Dans le même temps, pour Hollande,<br />

surmonter la crise de la dette en Europe importe bien plus que les bénéfices douteux<br />

que pourrait lui apporter une intervention armée « humanitaire » comparable à<br />

celle qui avait séduit Sarkozy.<br />

François Hollande est un élève et un successeur du grand pragmatique que<br />

fut François Mitterrand. Comme Mitterrand, il est arrivé au pouvoir en pleine<br />

crise économique et ses relations avec Moscou dépendront avant tout de l’intérêt<br />

des deux parties à entretenir et développer leur coopération économique. En<br />

outre, de même que Mitterrand, il est fidèle à la tradition de la Vème République<br />

et a l’intention de défendre l’indépendance et l’influence planétaire de la France<br />

— mais avec réalisme. La politique étrangère conduite par François Hollande<br />

lors de ses premiers mois au pouvoir ne permet pas de conclure qu’il possède<br />

une stratégie de long terme répondant au nouveau rapport de forces qui s’est<br />

établi dans le monde. Le problème ne réside pas dans le fait qu’il ne se montre<br />

guère empressé de revenir à une coopération étroite avec la Russie afin d’en<br />

faire l’un des piliers continentaux de l’Europe face à une puissance chinoise<br />

en pleine progression. Certes, un tel positionnement aurait réconforté les<br />

« occidentalistes » russes mais il arriverait, aujourd’hui, probablement trop<br />

tard. Ce qui pose problème, c’est que les « messages » envoyés par Hollande à<br />

Moscou ne sortent jamais du cadre des habituelles interactions ambiguës de la<br />

France et de la Russie, tandis que les rapports personnels Poutine-Hollande ne<br />

se caractérisent pas par la compréhension réciproque qui permettait à Poutine et<br />

Sarkozy d’atténuer leurs divergences politiques. Le nouveau président a l’intention<br />

de « ne pas cacher les désaccords » et de « dire clairement à la Russie ce qui doit<br />

l’être, notamment sur les droits de l’homme » ; cependant, il est peu probable que<br />

sa politique reviendra aux années 1990, quand Mitterrand et Chirac cherchaient<br />

à peser sur le développement intérieur de la Russie. L’« affaire Depardieu », audelà<br />

de l’aspect anecdotique, a souligné la distinction stylistique existant entre<br />

les élites politiques russes et françaises d’aujourd’hui. Les milieux d’affaires et les<br />

représentants du show-business français ont saisi la caractéristique principale<br />

du pouvoir russe post-eltsinien : une rupture formationnelle avec le paradigme<br />

soviétique, une sorte de « Thermidor tardif » de la révolution russe. De nombreux<br />

Français considèrent la Russie comme « un paradis pour les riches ». L’hédonisme<br />

et le rejet ostentatoire de l’ascèse socialiste propres aux élites russes séduisent des<br />

individus au tempérament rabelaisien comme Depardieu ; mais dans un contexte<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />

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