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Ambivalence et distanciation<br />
D É T É R I O R AT I O N D E L’ I M A G E D E L A RU S S I E<br />
Depuis plusieurs années, en France comme dans les autres pays membres de l’UE,<br />
les perceptions de la Russie se sont sérieusement détériorées. En décembre 2004,<br />
selon un sondage fait par GlobeScan dans 23 pays, la Russie était l’État perçu comme<br />
ayant une influence positive par le plus faible nombre de pays. Plus de la moitié des<br />
personnes interrogées en France (57 %) « considèrent l’influence de la Russie dans<br />
le monde aujourd’hui comme plutôt négative », moins d’un tiers, « comme plutôt<br />
positive ». Deux ans plus tard (sondage BBC World Service), la France est de loin<br />
celui des huit pays de l’UE étudiés dans lequel les perceptions de la Russie sont les<br />
plus négatives : les deux tiers des personnes interrogées estiment que son influence<br />
est principalement négative, 14 % seulement en ont une vision positive. En 2008, huit<br />
Français sur dix interrogés par le Pew Research Center déclarent avoir peu ou pas du<br />
tout confiance dans la capacité de Vladimir Poutine à gérer les affaires mondiales.<br />
En 2009, plusieurs sondages (BBC World Service, Pew Reseach Center et German<br />
Marshall Fund) confirment cette détérioration. D’autres enquêtes montrent que la<br />
Russie est depuis 2007 une source d’inquiétudes et que sa politique en Europe est<br />
désapprouvée : en 2010 (sondage Gallup), seuls 13 % des Français l’approuvent. La<br />
même année, ils sont moins de quatre sur dix à considérer que les relations UE-<br />
Russie sont bonnes. Trois ans plus tard, la méfiance continue à dominer. En mai<br />
2012 (sondage BBC World Service), un quart seulement des Français interrogés<br />
sur leur vision de l’influence de la Russie estiment que celle-ci est « principalement<br />
positive », six sur dix qu’elle est « principalement négative ». 31 % de ceux interrogés<br />
par le German Marshall Fund (Transatlantic Trends 2012) ont une opinion favorable<br />
de la Russie, 64 % une opinion défavorable. Le recul est général en Europe. La France<br />
fait partie des États dans lesquels il est le plus prononcé.<br />
La Russie est par ailleurs perçue comme un pays en perte de vitesse. En juillet<br />
2008 (enquête CSA), 6 % seulement des élites françaises (4 % du « grand public »)<br />
la citent comme faisant partie des pays les plus dynamiques du monde – ils la<br />
situent très loin derrière la Chine, l’Inde, les États Unis et d’autres, au même niveau<br />
que l’Irlande – et 1 % des uns et des autres comme faisant partie des pays les plus<br />
innovants. Elle n’est pas non plus considérée comme une priorité de politique<br />
étrangère. À titre d’exemple, en 2009 (German Marshall Fund), 1 % seulement<br />
des Français interrogés estiment que les relations avec la Russie devraient être la<br />
priorité du président des États Unis et des leaders européens. Elle ne représente<br />
pas, on le voit, un enjeu politique.<br />
Sondages et enquêtes sont à prendre avec prudence : ils ne sont que des<br />
photographies d’une situation à un moment donné. Mais la répétition du message<br />
délivré année après année laisse peu de place au doute : tout indique la présence dans<br />
le regard porté sur la Russie d’une forte défiance et d’une grande incompréhension.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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