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Tournant africain
Mali : la nouvelle politique africaine
française à l’épreuve des faits
Jean-Pierre Maulny
Le vendredi 11 janvier 2013, le président Hollande annonce, lors d’une intervention
télévisée, « l’appui des forces armées françaises en soutien aux armées maliennes »
afin de contenir l’action conjuguée des forces d’AQMI, Mujao et Ansar Eddine en
direction du sud malien. La France vient d’entrer en guerre au Mali. La soudaineté
de l’opération, la solennité de la déclaration du chef de l’État ont surpris. Comment
expliquer cette action militaire ?
U N E P O L I T I Q U E D E D É S E N G A G E M E N T M I L I TA I R E
D E L A F R A N C E E N A F R I Q U E
On ne s’attendait pas, en France, à une telle opération. Depuis 15 ans, la France
essaie en effet de réformer sa politique africaine, de la normaliser, en somme de
cesser d’être le gendarme du continent noir. La critique sur la « Françafrique », le
traumatisme – bien que non exprimé publiquement – du génocide rwandais en
1994 ont fini par faire leur œuvre. C’est contrainte et forcée que la France était
intervenue en Côte d’Ivoire en 2002 et y avait joué le rôle de force d’interposition
avant d’aider à imposer la légalité démocratique. La France avait également essayé
de limiter son engagement militaire dans les opérations de l’Union européenne,
que ce soit en 2006 lors de l’opération EUFOR RDC d’aide à l’organisation des
opérations électorales en république démocratique du Congo ou lors de l’opération
de protection des civils EUFOR Tchad en 2007. Dans le premier cas, la France
souhaitait qu’un autre pays de l’Union européenne, en l’occurrence l’Allemagne,
soit la nation cadre de l’opération ; dans le deuxième, Paris avait fixé comme limite
de ne pas fournir plus de la moitié des forces militaires nécessaires à la conduite de
la mission EUFOR Tchad.
Cette politique était pour la première fois communément admise par les
deux familles politiques françaises, l’UMP et le PS. Ainsi, après son élection
à la présidence de la république en 2007, Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il
Jean-Pierre Maulny, Directeur-adjoint de l’IRIS.
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013
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