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Des perspectives incertaines<br />
encourageants ; les Français s’apprêtent, à présent que les élections législatives<br />
israéliennes sont passées, à rendre publique leur propre initiative pour le Proche-<br />
Orient ; en Israël même, Ehoud Barak, Shaul Mofaz et, tout récemment, Tzipi Livni<br />
ont appelé à un déblocage rapide du processus du paix.<br />
Bien entendu, cela ne signifie pas que le nouveau cabinet Nétanyahou infléchira<br />
l’approche radicale du précédent gouvernement de droite à l’égard de la question<br />
des constructions de logements dans les implantations – une question qui bloque<br />
toute relance des négociations israélo-palestiniennes. Mais, historiquement, les<br />
grandes percées du processus de paix au Proche-Orient (le voyage de Sadate à<br />
Jérusalem, les accords d’Oslo) ont toujours paru surgir de nulle part, de façon<br />
absolument inattendue – en tout cas, pour le grand public. En réalité, ces progrès<br />
sont, chaque fois, venus couronner un travail discret de longue haleine mené par<br />
des experts et des dirigeants politiques ayant bien saisi l’air du temps.<br />
La situation actuelle est comparable. Le nouveau statut de la Palestine pose la<br />
question des frontières de l’État palestinien. D’un point de vue politique, continuer<br />
d’aller de l’avant est la seule option possible, car en l’absence de progrès dans le<br />
processus de discussion israélo-palestinien, la région risque fort de connaître une<br />
nouvelle phase de radicalisation. Certaines conditions subjectives sont également<br />
réunies : le match nul politique par lequel s’est achevée l’opération « Pilier de<br />
défense » rappelle fort la situation qui prévalait après la guerre de 1973, dont<br />
Kissinger a brillamment tiré profit pour lancer un processus qui finit par aboutir<br />
aux accords de Camp David et à un traité de paix entre Israël et l’Égypte.<br />
Pour résumer, la diplomatie a une chance réelle de l’emporter au Proche-<br />
Orient, à condition que les puissances régionales se consacrent ensemble à la<br />
recherche d’une solution. L’objectif principal aujourd’hui consiste à mettre en<br />
évidence les paramètres d’une entente potentielle. La Ligue arabe s’est dite prête<br />
à passer un accord avec l’État hébreu sur la base de l’initiative saoudienne, dont il<br />
faut souligner qu’Israël ne l’a pas rejetée en bloc. Pour les Palestiniens (y compris<br />
le Hamas), il est fondamental de faire en sorte que leur État dispose de frontières<br />
légitimes. Dans ce contexte, on ne peut pas exclure que le nouveau cabinet israélien<br />
juge qu’il est dans son intérêt de chercher à élaborer un accord sur les frontières<br />
en échange de garanties de sécurité de la part des Palestiniens et du monde arabe<br />
dans son ensemble.<br />
Le document de base pour des négociations selon la formule « la paix en<br />
échange des territoires » existe déjà. Il s’agit de la « feuille de route » de 2003,<br />
amendée de façon à intégrer l’« évolution de la situation sur le terrain » et,<br />
possiblement, l’initiative de paix saoudienne. Il existe également une instance<br />
de négociation créée suite à l’élaboration de la « feuille de route » : le Quartet<br />
international, auquel il serait logique d’intégrer plusieurs puissances régionales<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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