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Des perspectives incertaines<br />
menaces susceptibles à court terme non seulement de déstabiliser la situation au Grand<br />
Moyen-Orient mais aussi d’en faire l’épicentre d’un conflit de civilisations.<br />
Voici les buts qui doivent absolument être atteints.<br />
P R E M I È R E M E N T.<br />
E M P Ê C H E R I S R A Ë L D E F R A P P E R L’ I R A N .<br />
La probabilité de l’emploi de la force contre le « régime des ayatollahs » augmente<br />
chaque jour. À l’automne dernier, le premier ministre israélien Benyamin<br />
Netanyahou a déclaré, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, que le<br />
programme nucléaire iranien atteindrait le « point de non-retour » au printemps<br />
2013, et prévenu que si les ambitions nucléaires de Téhéran n’étaient pas rapidement<br />
contenues, Israël se réservait le droit d’agir seul. Il ne s’agit pas d’une rodomontade<br />
rhétorique, mais d’un avertissement très clair, lancé au plus haut niveau possible.<br />
L’affaiblissement de la droite israélienne à la suite des élections législatives de<br />
janvier a réduit le risque du recours à la force contre l’Iran, mais n’a pas suffi à le<br />
faire disparaître.<br />
On peut s’étonner de voir un État nucléaire n’ayant pas signé le TNP menacer<br />
un État qui, lui, est partie au TNP et dont les sites se trouvent sous le contrôle de<br />
l’AIEA. Mais pour être irrationnelle, la situation n’en est pas moins dangereuse. Il<br />
apparaît clairement que les Iraniens ont l’intention de conduire leur programme<br />
nucléaire jusqu’à « minuit moins cinq ». À leurs yeux, c’est le seul moyen de<br />
garantir leur souveraineté. Or Israël n’est pas prêt à coexister avec un Iran nucléaire<br />
— un pays dont les dirigeants ont à de multiples reprises appelé à la destruction<br />
de l’État hébreu. Résultat : la confrontation israélo-iranienne constitue un sujet de<br />
préoccupation de premier ordre pour le monde entier. Une déflagration risquerait<br />
de provoquer une réaction en chaîne et une explosion majeure.<br />
Les États-Unis et l’Union européenne ont adopté contre l’Iran des sanctions<br />
sans précédent, qui ont déjà commencé à produire leur effet (à la fin de l’année 2012,<br />
les exportations de pétrole de Téhéran avaient chuté de 40 %). Mais jusqu’à présent,<br />
cette ligne n’a apporté aucun résultat politique. La combinaison des sanctions et de<br />
la menace d’une frappe sur les sites nucléaires n’a fait que rassembler les Iraniens<br />
autour du régime. De plus, dans cette guerre des nerfs, il arrive que les Iraniens<br />
prennent le dessus sur leurs adversaires, grâce au large soutien dont leur droit à<br />
l’atome bénéficie au sein du monde musulman et du Mouvement des non-alignés<br />
(une instance dont l’Iran a pris la présidence en 2012).<br />
La situation paraît bloquée. Trop d’ambiguïtés, certaines constructives, d’autres<br />
beaucoup moins, se sont accumulées dans le domaine de la dissuasion, si bien<br />
qu’il paraît impossible d’espérer résoudre dans ce cadre le problème posé par le<br />
programme nucléaire iranien.<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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