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Des perspectives incertaines<br />
dialogue. Cette attitude a été interprétée par les autres acteurs d’abord comme la<br />
résurgence d’une logique néo-impériale, puis — en Syrie — comme une tentative<br />
de conserver à tout prix la mainmise russe sur le marché de l’armement.<br />
Cependant, c’est grâce à la détermination russe que la situation, spécialement<br />
en Syrie, a pu rester dans les limites de la rationalité. On peut même prendre le<br />
risque d’affirmer que l’« opposition constructive » incarnée par la Russie et la Chine<br />
a apporté une qualité nouvelle aux interactions collectives dans les affaires de la<br />
région. Les débats au Conseil de sécurité et les polémiques avec les représentants<br />
de diverses fractions de l’opposition syrienne ont constitué autant de pas concrets<br />
faits dans la direction d’une démocratisation des relations internationales.<br />
Malgré les jugements pessimistes d’une partie de la communauté des experts,<br />
la Russie peut encore compter sur son potentiel d’interaction bilatérale et collective<br />
avec le monde arabe comme avec Israël, forgé par des décennies d’échanges. Bien<br />
sûr, pendant les crises libyenne et syrienne, il nous est arrivé d’avoir de profondes<br />
divergences avec la Ligue arabe. Mais il faut aussi que chacun reconnaisse que<br />
les considérations de responsabilité internationale ne se trouvent pas toujours au<br />
centre de la politique des États de la région, loin de là.<br />
Le rapport de la Russie au « troisième panier » au Moyen-Orient est plus<br />
compliqué. D’un côté, Moscou n’a jamais défendu les dictateurs d’Égypte, de Libye<br />
ou de Syrie. De l’autre, notre propre expérience des deux dernières décennies<br />
nous a conduits à percevoir avec une certaine circonspection des aspects du<br />
« printemps arabe » comme les réseaux sociaux d’Internet, les ONG bénéficiant<br />
de financements étrangers et l’organisation de manifestations de protestation.<br />
Cette prudence a été encore renforcée par l’activisme, démultiplié en période<br />
électorale, de l’opposition pro-occidentale et des groupes islamistes au Caucase<br />
du Nord et dans la région de la Volga.<br />
Globalement, on peut considérer que la Russie a bien mené sa barque dans<br />
les deux premières années du « printemps arabe ». C’est en grande partie grâce<br />
à son attitude que la région demeure sous contrôle du point de vue stratégique,<br />
comme l’a montré la fin rapide de l’opération conduite par Israël à Gaza en<br />
décembre. N’est-il pas temps, dès lors, de se demander ce que nous pourrions<br />
faire tous ensemble pour assainir fondamentalement la situation ?<br />
V I R I B U S U N I T I S<br />
Puisqu’ils font des interprétations différentes des problèmes qui surgissent au<br />
fur et à mesure du déroulement du « printemps arabe », les acteurs extérieurs<br />
agissent toujours séparément — et, le plus souvent, en se faisant concurrence. Non<br />
seulement ce manque de coordination complique et repousse le règlement des<br />
conflits mais, en plus, il crée un contexte favorable à la montée en puissance des<br />
RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013<br />
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