Sommaire - CCIFR

Timofeï Bordatchev
réponse graduée qui était l’argument de dissuasion contre les opérations militaires.
Désormais, avec l’acquisition par les États-Unis de la capacité de frapper une cible
à des centaines, voire des milliers de kilomètres, la tentation d’employer la force
militaire s’accroît brusquement, et donc aussi sa signification dans la majorité des
types de conflits.
Au fond, de nos jours, seules les relations stratégiques entre la Russie et les
États-Unis, pays égaux en termes d’arsenaux nucléaires, sont garanties contre un
glissement vers une confrontation armée. Et puis, jusqu’à un certain point, les
relations entre ces deux pays et la Chine qui détient aussi une force nucléaire,
certes moindre mais suffisante pour assurer la dissuasion. D’ailleurs, de nombreux
analystes en Russie et aux États-Unis ont curieusement l’habitude de considérer
ce fait comme un argument en faveur de la faible pertinence de la force armée en
tant que telle.
Pour achever la discussion autour de la raison d’être de l’OTAN au XXIe siècle,
il convient de noter que le monde contemporain ne se limite plus à la Russie et à
l’Amérique, sans cesse engagées dans des disputes à l’ombre du parapluie nucléaire.
La garantie qu’une guerre entre les superpuissances est impossible ne constitue pas
une garantie de paix pour le monde entier. Dans notre monde, comme le montrent
les événements des dernières années, la capacité de mobilisation rapide des Alliés
(non seulement au sens militaire mais aussi au sens politique, économique et
idéologique), aussi décisive et opérationnelle que possible pour porter un coup
contre les ennemis ou simplement contre des indésirables, devient une exigence de
plus en plus importante de survie et de compétitivité des États. Pour cette raison,
l’avenir de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord – dernière alliance militaire
en temps de paix – est tout à fait prometteur.
152 RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013