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22.06.2013 Views

150 Timofeï Bordatchev à-vis de leurs citoyens, ne peuvent pas être relevés au moyen de la force militaire. On considère communément que c’est le cas des problèmes écologiques, de la pénurie alimentaire et du manque d’eau, des déséquilibres de l’économie mondiale. Il convient ici cependant de prendre en compte que la majorité des « nouveaux » défis de sécurité, bien qu’ils soient de nature supranationale ou globale, n’ont pas encore débouché sur l’élaboration par la communauté internationale d’actions supranationales pour les surmonter. Or, en fait, la réponse à ces nouveaux défis demeure au niveau des États nationaux qui ne sont pas tenus de prendre en compte les répercussions sur leurs voisins des mesures qu’ils prennent. Ce qui, à son tour, peut conduire à un regain de tension dans les relations internationales quand on se trouve sous la menace d’un emploi de la force militaire. En ce qui concerne les menaces émanant du terrorisme international ou des réseaux criminels, la question de l’emploi de la force est encore plus d’actualité. La réaction la plus sûre, comme l’expérience l’a montré récemment, est de détruire l’ennemi dans son foyer. Compte tenu de ce que l’adversaire n’est pas basé dans un espace abstrait mais sur le territoire d’États souverains (Afghanistan, Pakistan, Yémen, etc.), les forces et les moyens des services spéciaux sont bien évidemment insuffisants. Il est alors indispensable de recourir aux forces conventionnelles qui effectuent de facto une intrusion sur un territoire étranger. Fût-ce grâce à des armes hautement technologiques ou à des drones. En même temps, on voit s’accroître le nombre de défis politiques globaux, extrêmement complexes, diversifiés et propres aux particularités du monde contemporain. Le principal d’entre eux, c’est le désarroi ressenti par les États et leurs dirigeants face aux limitations objectives de leurs possibilités de contrôler le marché mondial et son influence sur les économies nationales. La force reste un des ultimes domaines où s’exerce le monopole de l’Étates . Elle devient, en premier lieu, une réaction naturelle à la pression exercée sur la souveraineté dans d’autres domaines. Plus une menace est complexe et incompréhensible, plus la tentation est grande pour les États de répondre de manière « simple et efficace ». La démocratisation rapide de la politique internationale et le renforcement des nouveaux centres de force non-occidentaux imposant de répartir les ressources de pouvoir et les avantages économiques incitent les puissances de statu quo à passer à une défense plus rude de leurs droits « historiquement acquis », et les pays révisionnistes doivent répondre à cette situation par une recrudescence des forces et moyens militaires. Le résultat, c’est la concurrence qui, dans le cas de la Chine et de l’Amérique peut revêtir les traits d’une course aux armements. Le développement des technologies militaires, en premier lieu dans le domaine des armements conventionnels, conduit à la formation d’un facteur psychologique d’impunité. Or, c’est justement le dommage traditionnellement causé par une RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

Россия в глобальной политике RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013 151

150<br />

Timofeï Bordatchev<br />

à-vis de leurs citoyens, ne peuvent pas être relevés au moyen de la force militaire.<br />

On considère communément que c’est le cas des problèmes écologiques, de la<br />

pénurie alimentaire et du manque d’eau, des déséquilibres de l’économie mondiale.<br />

Il convient ici cependant de prendre en compte que la majorité des « nouveaux »<br />

défis de sécurité, bien qu’ils soient de nature supranationale ou globale, n’ont pas<br />

encore débouché sur l’élaboration par la communauté internationale d’actions<br />

supranationales pour les surmonter. Or, en fait, la réponse à ces nouveaux défis<br />

demeure au niveau des États nationaux qui ne sont pas tenus de prendre en compte<br />

les répercussions sur leurs voisins des mesures qu’ils prennent. Ce qui, à son tour,<br />

peut conduire à un regain de tension dans les relations internationales quand on se<br />

trouve sous la menace d’un emploi de la force militaire.<br />

En ce qui concerne les menaces émanant du terrorisme international ou des<br />

réseaux criminels, la question de l’emploi de la force est encore plus d’actualité. La<br />

réaction la plus sûre, comme l’expérience l’a montré récemment, est de détruire<br />

l’ennemi dans son foyer. Compte tenu de ce que l’adversaire n’est pas basé dans<br />

un espace abstrait mais sur le territoire d’États souverains (Afghanistan, Pakistan,<br />

Yémen, etc.), les forces et les moyens des services spéciaux sont bien évidemment<br />

insuffisants. Il est alors indispensable de recourir aux forces conventionnelles qui<br />

effectuent de facto une intrusion sur un territoire étranger. Fût-ce grâce à des<br />

armes hautement technologiques ou à des drones.<br />

En même temps, on voit s’accroître le nombre de défis politiques globaux,<br />

extrêmement complexes, diversifiés et propres aux particularités du monde<br />

contemporain. Le principal d’entre eux, c’est le désarroi ressenti par les États et<br />

leurs dirigeants face aux limitations objectives de leurs possibilités de contrôler le<br />

marché mondial et son influence sur les économies nationales. La force reste un<br />

des ultimes domaines où s’exerce le monopole de l’Étates . Elle devient, en premier<br />

lieu, une réaction naturelle à la pression exercée sur la souveraineté dans d’autres<br />

domaines. Plus une menace est complexe et incompréhensible, plus la tentation est<br />

grande pour les États de répondre de manière « simple et efficace ».<br />

La démocratisation rapide de la politique internationale et le renforcement des<br />

nouveaux centres de force non-occidentaux imposant de répartir les ressources<br />

de pouvoir et les avantages économiques incitent les puissances de statu quo à<br />

passer à une défense plus rude de leurs droits « historiquement acquis », et les pays<br />

révisionnistes doivent répondre à cette situation par une recrudescence des forces<br />

et moyens militaires. Le résultat, c’est la concurrence qui, dans le cas de la Chine et<br />

de l’Amérique peut revêtir les traits d’une course aux armements.<br />

Le développement des technologies militaires, en premier lieu dans le domaine<br />

des armements conventionnels, conduit à la formation d’un facteur psychologique<br />

d’impunité. Or, c’est justement le dommage traditionnellement causé par une<br />

RUSSIA IN GLOBAL AFFAIRS • VOL. 11 • NUMERO SPECIAL • 2013

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