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Polynésie Arts et Divinités 1760-1860 - musée du quai Branly

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* A LA RENCONTRE DE LA POLYNESIE<br />

« Comment parviendrait-on à comprendre un jour le mécanisme des civilisations,<br />

anciennes ou modernes, si l’on s’obstine à séparer ce que l’homme a uni <strong>et</strong> à unir ce<br />

qu’il a séparé ? »<br />

Arthur Maurice Hocart, Le Mythe sorcier, 1973.<br />

Les îles de <strong>Polynésie</strong> (<strong>du</strong> Grec poly <strong>et</strong> nesos : « les îles nombreuses ») commencèrent à<br />

être explorées il y a 3000 ans, par les premiers voyageurs partis vers l’est depuis le<br />

Pacifique occidental.<br />

Le Pacifique central fut la dernière région habitable <strong>du</strong> globe à être explorée <strong>et</strong> occupée<br />

par les hommes. D’un point de vue archéologique, le Pacifique a été divisé par Roger<br />

Green (1991) en deux zones : l’Océanie proche (les îles Salomon <strong>et</strong> les terres plus à<br />

l’ouest) <strong>et</strong> l’Océanie éloignée (les Vanuatu <strong>et</strong> toutes les îles qui se trouvent plus à l’est <strong>et</strong><br />

au sud). Les îles, qui constituent ce que nous appelons désormais la <strong>Polynésie</strong>, furent<br />

des lieux fantasmés par des voyageurs <strong>et</strong> habitants de toutes sortes : « les peuples<br />

Lapita* » qui progressaient vers l’est <strong>et</strong> ses horizons inconnus, mille ans avant notre ère ;<br />

leurs successeurs polynésiens qui s’aventurèrent plus loin encore en direction de l’est,<br />

<strong>du</strong> nord <strong>et</strong> <strong>du</strong> sud ; plus tard, enfin, voyageurs, missionnaires, colons, artistes,<br />

chercheurs <strong>et</strong> touristes européens.<br />

Des populations originaires initialement de l’Asie <strong>du</strong> Sud-Est accostèrent aux Vanuatu,<br />

à peu près 1000 ans avant J.-C., <strong>et</strong> entreprirent presque aussitôt un long voyage de mille<br />

kilomètres contre les vents jusqu’aux îles qu’on appelle aujourd’hui les Fidji. Ces<br />

peuples devaient être des navigateurs hors pair <strong>et</strong>, selon toute vraisemblance, leurs<br />

voyages de r<strong>et</strong>our s’inscrivirent dans le cadre d’expéditions de colonisation pour occuper<br />

les nouvelles terres fertiles où les ressources terrestres <strong>et</strong> marines abondaient.<br />

Ce n’est qu’au XVI e<br />

siècle que des voyageurs européens,<br />

(Hollandais, Espagnols <strong>et</strong> Britanniques), entreprirent d’explorer les<br />

marges <strong>du</strong> Pacifique. Les « galions manillais » des Espagnols, qui<br />

échangeaient de l’argent contre des pro<strong>du</strong>its exotiques chinois,<br />

commencèrent même à le traverser régulièrement selon une route<br />

est-ouest qui reliait les côtes américaines, les Mariannes, les<br />

Philippines <strong>et</strong> Canton. Pendant des siècles, ils ne rencontrèrent<br />

jamais les archipels polynésiens situés au sud de l’Équateur, ni<br />

Hawai, plus au nord.<br />

* ces ancêtres <strong>Polynésie</strong>ns tiennent leur surnom <strong>du</strong> site Lapita situé<br />

en Nouvelle-Calédonie où des archéologues ont mis au jour des<br />

vestiges de poterie à pointillés perm<strong>et</strong>tant leur identification.<br />

Effigie en plumes Hawaï © British Museum, Londres<br />

Ce mode d’exploration <strong>et</strong> de traversée per<strong>du</strong>ra jusque dans les années <strong>1760</strong>, date à<br />

laquelle débuta une ère de voyages européens sans précédent. Ces voyageurs –<br />

explorateurs, scientifiques, artistes, marchands, baleiniers, évangélisateurs, planteurs,<br />

colons, de toutes sortes <strong>et</strong> de tout pays – apportèrent avec eux leurs propres<br />

constructions imaginaires sur les îles qu’ils découvrirent.<br />

Ces territoires nourrissent depuis lors l’imaginaire de générations d’Européens. Paradis<br />

<strong>et</strong> palmiers, hommes à l’état de nature ou au stade de la barbarie païenne, amour libre<br />

<strong>et</strong> terre bon marché : les rêves <strong>et</strong> les illusions des Européens se transformèrent souvent<br />

en d’amères expériences pour eux comme pour les insulaires.<br />

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