Document préparatoire au synode des évêques sur la nouvelle ...

INTRODUCTION
RÉFLEXION SUR LES LINEAMENTA,
DOCUMENT PRÉPARATOIRE AU SYNODE DES ÉVÊQUES
SUR LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
(Rome 7-28 octobre 2012)
La publication du document préparatoire (Lineamenta) en vue du prochain Synode des
Évêques sur la nouvelle évangélisation, qui se tiendra à Rome du 7 au 28 octobre 2012, est
une belle occasion de réfléchir sur la mission première de l’Église : Annoncer l’évangile de
Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. Grâce au travail de synthèse des lineamenta
réalisé par Mgr Louis Dicaire, vicaire général du diocèse de Saint-Jean-Longueuil, et du
résumé qu’il a fait des réponses à huit questions (sur les 72) soumises à des membres du
personnel pastoral de ce diocèse, nous avons réfléchi sur les défis que pose la nouvelle
évangélisation à notre propre vie ecclésiale et pastorale. La mise en place du projet d’un
nouveau réseau de paroisses, nous incite à un temps de réflexion accru pour trouver les
moyens de répondre adéquatement aux signes des temps, aux besoins spirituels des hommes
et des femmes d’aujourd’hui. Nous soumettons donc cette réflexion au personnel
pastoral et à l’ensemble des diocésains et diocésaines, car la transmission de la foi est la
responsabilité de chaque chrétien et dépend en grande partie de l’élan missionnaire que l’on
donnera à nos communautés chrétiennes. Que voulons-nous transmettre aux générations à
venir? De quelle manière? Dans quels types de communautés?
1. DANS NOTRE DIOCÈSE, QUELLES SONT LES ACTIONS PASTORALES QUI S’INSCRIVENT
DANS LA LIGNE D’UNE NOUVELLE ÉVANGÉLISATION?
L’éveil à la foi : Comme suivi au baptême, la P’tite Pasto s’adresse aux enfants de
moins de 5 ans et à leur famille. À travers le jeu, le chant et le bricolage, les petits
découvrent les merveilles de la famille, de l’amitié et sont sensibilisés à la présence
de Dieu et aux valeurs chrétiennes. La P’tite Pasto est une porte d’entrée pour se
mettre à l’écoute du vécu des familles et de ses besoins d’accompagnement et de
soutien dans sa recherche de bonheur.
1

Les parcours catéchétiques: Des parcours de catéchèse initiatique sont offerts à des
enfants de 8 à 13 ans et à des jeunes de 14 à 17 ans. Ils sont des chemins d’éveil et
d’initiation, ils cherchent à favoriser le développement de la personne dans sa vie
affective, sociale et spirituelle. C’est une occasion pour chaque jeune de découvrir
les merveilles de Dieu, de s’ouvrir à la rencontre de Jésus-Christ et aux valeurs de
l’Évangile, de dire un oui personnel à Jésus. Plusieurs parents impliqués dans la
démarche de leur enfant découvrent un visage différent de Dieu, redécouvrent la
personne et le message de Jésus et décident parfois de s’impliquer dans la communauté.
Le catéchuménat: Le catéchuménat est une démarche d’initiation chrétienne proposée
à des adultes qui demandent à recevoir les sacrements d’initiation (baptême,
eucharistie et confirmation). Cette démarche se fait en trois temps :
1. Le pré-catéchuménat, temps d’accueil et de mûrissement de la demande;
2. Le catéchuménat, temps de formation et de préparation ultime;
3. La mystagogie, temps pour les nouveaux baptisés de se prendre en main, de
s’insérer dans le tissu ecclésial et de s’initier aux mystères de la foi. Cette démarche
s’inscrit dans une certaine durée. La communauté chrétienne est impliquée tout au
long de la démarche. Elle porte la responsabilité de l’accueil des nouveaux venus et
soutient le cheminement des candidats au baptême et à la confirmation. C’est un
grand défi pour la communauté que d’aider les candidats à expérimenter la vie en
Église. Le parcours catéchuménal est une bonne occasion pour expérimenter la
proximité, se faire proche de Dieu en se faisant proche de l’autre, l’accompagner sur
le chemin de la foi et de la vie et, bien sûr, pour se laisser à nouveau habiter par la
présence et le message de Jésus-Christ.
Le Pèlerin: Depuis 2010, le Centre Le Pèlerin de Montréal assure la formation
d’intervenants (tes) dans le domaine de l’accompagnement spirituel de personnes,
de groupes ou de communautés. Ces personnes sont des leaders pour demain, grâce
au rayonnement positif qu’elles auront dans leur famille, leur milieu de travail et la
société.
Au service des pauvres et des petits: Plusieurs groupes de personnes animées par
leur foi, s’impliquent dans leur milieu (Chevaliers de Colomb, Cuisines collectives,
Centre des Femmes, Comptoirs vestimentaires, magasins de partage, Club
Richelieu, Club Optimiste, Club Lions, A.A., Maison populaire, AFÉAS, Société
St-Vincent-de-Paul, Camp Papillon, etc.). Ces groupes prennent la défense des
droits de la personne, cherchent des manières de soutenir matériellement, psychologiquement
et spirituellement les démunis et les laissés-pour-compte de notre société
2

dans leurs efforts pour préserver leur dignité. Le service diocésain de pastorale
sociale cherche à mettre en valeur l’enseignement social de l’Église 1 pour promouvoir
la justice, la solidarité, le respect et la dignité de l’être humain et la reconnaissance
de l’égalité homme-femme dans notre monde. Le service de la charité est
l’occasion unique de construire ensemble une nouvelle culture de la vie humaine, de
redonner une place prépondérante à la famille 2 , de constituer ou reconstituer des
réseaux d’entraide et d’écoute. C’est l’occasion de devenir une Église des béatitudes,
d’être la voix des sans-voix.
La pastorale jeunesse: Le mouvement La Relève s’adresse aux jeunes de 14-17
ans qui veulent vivre un cheminement personnel. Ils sont parrainés par d’autres jeunes
du mouvement. Durant une fin de semaine, les jeunes vivent l’expérience de la
triple rencontre : celle de soi, celle des autres et celle du Christ. Quant au mouvement
R³, il est inspiré, lui aussi du mouvement Cursillo et s’adresse aux jeunes
adultes de 18 ans et plus. L’expérience de la fin de semaine est aussi basée sur la
triple rencontre et se prolonge lors de réunions amicales où les jeunes partagent leur
vécu et échangent autour de l’Évangile. Ces rencontres sont des occasions pour les
jeunes de tisser des liens de fraternité, d’apprendre à partager leur expérience
humaine et leur questionnement spirituel, de s’initier à la prière et de bâtir des projets
communs. Ces mouvements donnent la chance aux jeunes de faire l’expérience
de la liberté d’expression, de l’accueil de l’autre, de l’ouverture d’esprit, du partage,
du respect et de la communion.
Les activités autour de la Parole de Dieu: Des gens se réunissent en petits groupes
dans certaines paroisses pour partager ensemble la Parole de Dieu. Le service
diocésain de pastorale biblique offre des cours de Bible et des rencontres de partage
biblique. Le troisième lundi de chaque mois se tient, à la Résidence des Clercs de
St-Viateur, une lecture publique de la Bible. Les paroisses du Grand Joliette organisent
présentement un Festival de la Parole de Dieu. Toutes ces activités sont des
occasions d’annoncer l’Évangile, de donner le goût aux gens de lire la Bible, de la
méditer, de la prier et de la vivre. Il arrive que des personnes distantes de l’Église
participent à l’une de ces rencontres et en ressortent bouleversées, touchées par le
message de l’Évangile.
1
Cf. Concile Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes n˚ 26-27;29; 63-72 et Décret Ad Gentes
n˚12, 1965.
2
Cf. Gaudium et Spes n˚ 47-48 et Exhortation Apostolique de Jean-Paul II Familiaris consortio, « Les
tâches de la famille chrétienne dans le monde d’aujourd’hui », 1981.
3

Le service de préparation au mariage : Le SPM organise annuellement des sessions
de préparation au mariage. Ces sessions sont appréciées par les couples car
elles leur permettent de vivre des moments forts de réflexion sur divers sujets tels la
connaissance de soi, la communication, l’évolution du couple, la sexualité, le
sacrement du mariage et l’engagement chrétien.
L’École d’évangélisation St-André et les cellules paroissiales d’évangélisation:
L’école d’évangélisation St-André veut répondre à l’appel de Jésus, qui invite à
aller évangéliser jusqu’aux extrémités du monde (Mc 16, 15) en formant de nouveaux
évangélisateurs dans chaque paroisse (Evangelii Nuntiandi 14). L’école offre
un programme de formation composé de 21 sessions. Depuis quelques années, le
système des cellules paroissiales d’évangélisation s’est implanté dans certaines
paroisses du diocèse (St-Jacques, Joliette, Ste-Élisabeth et St-Barthélemy). Comme
le souligne le responsable, l’abbé Nicolas Tremblay, cette expérience a permis à de
nombreux baptisés de redécouvrir la grandeur de leur mission d’évangélisation. Elle
a favorisé pour plusieurs, un retour à la foi et à l’Église.
2. QUELS SIGNES D’ESPÉRANCE, QUELLES ÉNERGIES LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
A-T-ELLE INSUFFLÉ À NOTRE VIE ECCLÉSIALE ET PASTORALE?
Conscients de l’importance de trouver de nouvelles stratégies pour l’évangélisation
et la mission essentielle de l’Église, le Conseil diocésain d’animation pastorale, le
Conseil diocésain de pastorale, le Comité du suivi au projet ecclésial, le Comité
diocésain de formation, le Service aux communautés chrétiennes et aux milieux,
ainsi que l’Office diocésain de catéchèse, travaillent conjointement à la mise en
place d’une vision unifiée d’une pastorale au service de la mission dans chaque
communauté chrétienne. Ce travail de collégialité démontre que chacun, comme
baptisé, se sent partie prenante et responsable de la mission (cf. Avance au large,
Projet ecclésial, carnet d’appropriation, 2004, défi no 2, p. 6).
La mise en place du chantier du nouveau réseau de paroisses a suscité tout au long
de cette démarche l’engagement de nombreux bénévoles dans le long travail de
réflexion et d’expérimentation entrepris en 1993 sur l’avenir des communautés
chrétiennes et la reconfiguration des services pastoraux. Les laïcs découvrent souvent
le rôle primordial qu’ils ont à jouer dans la transmission de la foi et le renouvellement
de la présence de l’Église au cœur de la Cité (cf. canon 210 et 211 et
l’exhortation post-synodale de Jean-Paul II Christefideles laici de 1988). De plus,
4

de nombreux laïcs n’hésitent pas à interpeller les baptisés de leur milieu à se prendre
en main afin d’assurer à chaque communauté une viabilité et une vitalité.
Depuis quelques années, les parcours d’initiation sacramentelle permettent à de
nombreux parents de prendre conscience de l’importance de s’impliquer davantage
dans la démarche de leur(s) enfant(s). Ils constatent qu’ils sont les premiers catéchètes
pour eux. (cf. canon 774 § 2). Ainsi se réalise un travail de partenariat entre
les parents, les agentes et agents de pastorale et les auxiliaires catéchétiques.
Ces dernières années, plusieurs adultes ont redécouvert la richesse des valeurs
évangéliques et la soif de cheminer spirituellement avec d’autres. Ce qui a conduit
à la mise en place de groupes de partage biblique et de cellules paroissiales
d’évangélisation et suscité plus d’engagement local au service de la charité.
La place de la Parole de Dieu au cœur des activités pastorales, des parcours catéchétiques
et des prises de parole publiques ne cesse de croître, d’où la demande grandissante,
auprès du diocèse, de formation biblique et de ressourcements à partir de
la Parole.
3. QUELS DÉFIS DEVONS-NOUS RELEVER? 3
Le leadership pastoral
Développer chez les laïcs mandatés et les ministres ordonnés un leadership pastoral
toujours plus soucieux du dialogue, de la consultation, de la concertation et de la
coresponsabilité.
Encourager de nouveaux ministères
Dans le contexte d’une Église « Peuple de Dieu » composée d’un réseau de communautés
plus petites et compte tenu du personnel pastoral disponible, il s’avère encore
plus urgent d’encourager les initiatives des communautés qui explorent de nouveaux
modes d’animation, en collaboration avec le prêtre et les équipes pastorales, afin
d’en assurer la vitalité (ex : équipes locales d’animation, équipes de proximité). Il
faut continuer à travailler au changement des mentalités à l’égard de l’attribution de
responsabilités significatives aux laïcs, en particulier aux femmes, par la reconnaissance
effective de nouveaux ministères.
3 Voir Pierre Goudreault, Chemins d’espérance pour l’avenir de l’Église. Montréal, Novalis, 2010, pp.
190-195;198-201;226-231;244-248;262-272;305-328.
5

Ouvrir davantage ses portes à la jeunesse
Dans le souci d’assurer une relève pour poursuivre la mission et redynamiser la vie
de l’Église locale, il est important de susciter l’engagement des jeunes dans le service
de l’Évangile. Pour en faire de nouveaux collaborateurs de la mission ecclésiale,
les communautés chrétiennes, soutenues par le diocèse, s’efforceront à accompagner
les jeunes et à les préparer à des tâches nouvelles. L’Église a besoin de nouveauté
et de vent frais. Chaque baptisé est invité à se rapprocher des jeunes pour
connaître leur vision de l’Église, leurs intérêts, et pour les intégrer à la communauté
paroissiale à travers différentes responsabilités.
Une Église soucieuse d’accompagner les laïcs
L’urgence de la nouvelle évangélisation nous incite à encourager l’accompagnement
soutenu des laïcs, afin d’enfanter des hommes et des femmes à une foi adulte.
L’objectif de ce compagnonnage est d’offrir des outils pour effectuer une relecture
des expériences de vie ou d’engagement. Ces parcours pour adultes pourraient être
un temps d’accompagnement à partir de leur questionnement et de leur recherche.
Tout ce processus n’exclut pas la tenue de temps de formation.
Faire Église autrement
Depuis 50 ans, les documents conciliaires de Vatican II invitent tous les fidèles à
faire du neuf, à se convertir, à faire Église autrement 4 . L’heure est venue
d’interpréter les signes de l’Esprit à l’œuvre à travers les réaménagements paroissiaux
et la mise à jour de notre projet ecclésial « Avance au large » (2004). C’est le
temps d’œuvrer à la transformation de l’Église, d’impliquer davantage les baptisés
dans l’innovation et la poursuite de la mission, dans l’esprit de Vatican II, dont nous
allons célébrer, en octobre prochain, le 50 e anniversaire. Les textes conciliaires nous
invitent à faire la mise à jour constante de la pastorale afin d’aller à la rencontre du
monde d’aujourd’hui. Nous avons encore beaucoup à apprendre des enseignements
conciliaires, afin de les mettre en œuvre. L’Église ne doit pas seulement changer ses
structures, mais changer sa manière d’être.
Nous devons travailler avec plus de détermination à passer d’une Église hiérarchique
à une Église Peuple de Dieu, où tous ses membres se mobilisent pour inventer
son avenir. Comme le suggère Jean Rigal 5 , il faut offrir des lieux d’échange,
4
Sur la question de faire Église autrement, on consultera avec intérêt Pierre Goudreault dans Chemins
d’espérance pour l’avenir de l’Église, 2010, pp. 306-313.
5
Jean Rigal, Une foi en transhumance, Paris, Desclée de Brouwer, 2009.
6

d’écoute, de confrontation d’opinions pour donner la chance aux gens de se faire
entendre sur les enjeux de l’avenir des communautés, l’accueil des marginaux, les
questions d’éthique, les vocations sacerdotales, les besoins des familles et des jeunes.
Il est important de développer chez les fidèles un sentiment d’appartenance plus
grand à l’Église diocésaine, de dégager des pistes réalistes d’avenir et de développer
une vision commune. Le défi est d’intéresser et de consulter également les gens qui
ne viennent pas souvent à l’église et les intervenants des groupes communautaires
ou d’institutions civiles dans la préparation de l’avenir.
Le concile Vatican II (Gaudium & Spes) invite l’Église tout entière à écouter le
monde d’aujourd’hui, à s’y intéresser et à établir un dialogue avec lui (cf. Projet
ecclésial Avance au large, 2004, défi no 1). Les communautés sont invitées à
accueillir le monde d’aujourd’hui avec ses ombres et ses lumières. Elles sont appelées
à s’intéresser à ses activités humaines, ses projets, et à se faire solidaires avec
lui. Les laïcs doivent être plus présents dans les activités humaines, par leur travail,
leurs prises de parole, au nom de l’Évangile, sur les questions et les réalités concrètes
de ce temps. Il ne faut pas avoir peur de susciter le partenariat d’une paroisse
avec des groupes communautaires, l’engagement de baptisés dans des actions de
justice et de solidarité et la participation de l’Église diocésaine à certains débats de
société.
De plus, Vatican II incite tous les baptisés à s’engager pour l’élimination de la pauvreté
et de l’injustice. Il faut prendre la parole, oser dénoncer les abus, se faire plus
solidaires de ceux et celles qui luttent contre la pauvreté et l’exploitation de l’être
humain (cf. Décret de Paul VI Apostolicam Actuositatem, 1965, no 2; 8; Décret Ad
Gentes, 1965, no 12 et Constitution pastorale Gaudium & Spes no 27-29;66;69;79).
L’Église a besoin de sang neuf et désire construire des communautés plus accueillantes
et conviviales. L’ouverture aux familles et aux jeunes crée des chemins nouveaux,
signe d’espérance et de vitalité pour notre Église diocésaine.
Passage d’une pastorale d’entretien à une pastorale d’engendrement 6
Depuis plusieurs années, l’approche d’une pastorale d’engendrement fait l’objet de
nos réflexions pastorales; nous nous inspirons en particulier des textes d’André
6 Voir au sujet de la pastorale d’engendrement : André Fossion, Évangéliser de manière évangélique. Petite
Grammaire spirituelle pour une pastorale d’engendrement, coll. Théologies pratiques, Bruxelles, Lumen
Vitae, 2008 et Philippe Bacq, Une nouvelle chance pour l’Évangile. Vers une pastorale d’engendrement, coll.
Théologies Pratiques, sous la direction de Philippe Bacq et Christoph Théobald, Bruxelles, Lumen Vitae,
2004, pp.7-28.
7

Fossion et Philippe Bacq. Il est devenu prioritaire de mettre en place une manière
renouvelée de penser la foi, de la dire et de la vivre. La transmission de la foi ne peut
plus reposer sur l’adhésion à une doctrine. Philippe Bacq parle du passage d’une
pastorale de l’inculcation et de la conformité à une pastorale de la proposition et de
l’engendrement. Pour lui, la pastorale d’engendrement suggère l’accueil des multiples
initiatives qui germent au niveau local et l’intégration de celles-ci dans la pastorale
d’ensemble d’une unité pastorale. La pastorale d’engendrement touche à
l’identité des personnes, elle reconnaît que tout être humain est unique et elle vise à
le promouvoir dans ce qu’il a de plus personnel. Cette pastorale s’intéresse plus à la
relation qu’instaure Dieu avec ceux et celles qui s’adressent à lui, qu’à l’objet à
transmettre. La pastorale d’engendrement met l’accent sur l’accompagnement des
personnes, l’annonce de l’Évangile et elle offre à tous une nouvelle chance de se
laisser engendrer par Dieu, à sa propre vie. On propose l’Évangile, de manière à
donner le goût aux gens de s’approcher de Jésus, de se laisser travailler par son message,
et à susciter en eux de nouvelles manières de célébrer la présence du Royaume
dans leur vie. Il faut accompagner les personnes sur le chemin que nous offre Jésus-
Christ à travers les sacrements de l’Église et qui conduit vers la vie en surabondance.
Dans cette optique d’engendrement, l’Église est un événement qui rassemble
à chaque instant les hommes et les femmes au nom de Jésus-Christ. Ainsi l’Église
est hors de tout lieu, plurielle et espérance d’unité à la mesure de l’attention qu’elle
accorde à chaque témoignage singulier.
Une diversité d’approche pour la mission
Devant les divers cheminements humains et spirituels des gens d’aujourd’hui, il est
difficile de n’offrir qu’une seule méthode de masse pour la pastorale. L’annonce de
l’Évangile doit se faire avec souplesse par une variété d’activités. L’Église doit cheminer
en pleine solidarité avec les hommes et les femmes de son temps pour mieux
les accompagner dans leur parcours unique de foi. Il faut laisser une marge de
manoeuvre aux divers acteurs de l’évangélisation, afin qu’ils développent localement
des activités adaptées aux besoins du milieu 7 .
La collaboration de prêtres étrangers
Depuis quelques années, en tenant compte des besoins nouveaux, notre diocèse
accueille quelques prêtres venant d’Églises-sœurs, ainsi que des candidats au presbytérat
missionnaire. Il est important d’évaluer ces nouvelles expérimentations en
nous donnant des structures d’accueil, d’accompagnement et de formation qui
7 Voir à ce sujet Pierre Goudreault, Chemins d’espérance, p.309.
8

s’inspirent des Jalons pour une politique d’accueil et d’insertion des ministres du
culte provenant d’autres pays, proposés par l’AECQ, en 2001, et présentement en
révision. Il est nécessaire d’apporter des améliorations pour assurer la fécondité de
cette expérience. La venue de prêtres et de candidats au presbytérat missionnaire
nous ouvre davantage à l’universalité de l’Église. C’est également un lien de communion
et de collaboration établi entre Églises locales.
Passer à l’ère de la culture médiatique
L’Église reconnaît actuellement l’apport des moyens de communication pour
l’annonce de l’Évangile au monde d’aujourd’hui. L’Église gagne à être présente au
monde par divers moyens de communication (journaux locaux, radio, télévision, site
Web). Pour réaliser une évangélisation efficace, il est important de connaître les
médias et de bien les utiliser. L’utilisation fréquente des médias peut montrer au
monde que l’Église se renouvelle, qu’elle veut entrer dans la société moderne pour
rendre présent l’Évangile. Quelles stratégies de communication désirons-nous
développer?
Renouveler l’image de la paroisse
Le projet du nouveau réseau de paroisses vient remettre en question le modèle traditionnel
de la paroisse. La communauté chrétienne disparaîtra-t-elle avec la suppression
d’une paroisse? Quels visages avons-nous de la paroisse? La paroisse n’est pas
d’abord une structure, mais un rassemblement de personnes. C’est une mise en relation
de communion d’hommes et de femmes au nom de l’Évangile. L’avenir de la
paroisse passe par le renouveau communautaire. Pour qu’il y ait communauté, il faut
développer des relations de proximité et de foi. Parler de communauté chrétienne,
c’est mettre l’accent sur un «vivre ensemble» des disciples de Jésus Christ. À
l’intérieur d’une paroisse, il y a place pour des communautés locales diverses où les
gens se connaissent, se reconnaissent, sont présents et attentifs à ce qui se vit dans
leur milieu. Bâtir des communautés de proximité, se faire proche, rendre l’Église
accessible, voilà un beau projet missionnaire! La paroisse de demain sera une communauté
chrétienne ouverte à tous (Actes 5,14), un lieu d’accueil au nom du
Seigneur, un lieu de communion fraternelle (lieu d’écoute et de dialogue), un lieu
d’unité, un lieu de formation et un lieu d’annonce et de témoignage. L’émergence de
petites communautés permettra à la paroisse de se revitaliser et à l’Église de se rapprocher
du monde. Il faut les encourager et les soutenir. Loin d’être une menace
pour l’existence et l’avenir des paroisses, elles sont des pousses nouvelles, sources
d’espérance pour la nouvelle évangélisation. Quels types de paroisses voulons-nous
bâtir pour demain?
9

4. QUELLE PLACE FAISONS-NOUS À LA PAROLE DE DIEU?
La lecture et le partage de la Parole de Dieu occupent une place importante dans la
majorité des rencontres des comités diocésains et paroissiaux.
Les parcours catéchétiques s’articulent autour de la Parole de Dieu. Ils permettent
aux jeunes un premier contact avec la Bible et entraînent certains parents à parcourir
les Écritures. De plus en plus de gens se regroupent dans les paroisses pour lire,
prier, méditer et partager la Parole de Dieu.
D’autres baptisés qui désirent approfondir leur foi, découvrir la vie et le message de
Jésus-Christ ou trouver des réponses à de grandes questions actuelles (vie, souffrance,
justice, solidarité avec les pauvres, etc.) se joignent aux soirées de formation
biblique offertes par le diocèse.
Il est important aussi de redonner à la Parole de Dieu toute sa place dans la liturgie.
C’est pourquoi les prêtres doivent s’efforcer de bien proclamer et commenter
l’Évangile lors de l’homélie.
Les orientations pastorales du diocèse, présentées chaque année à l’occasion de la
soirée du lancement de l’année pastorale, sont inspirées des textes évangéliques et
invitent les fidèles à s’engager au service de la mission.
5. L’URGENCE D’UNE NOUVELLE ANNONCE MISSIONNAIRE EST-ELLE DEVENUE UNE
COMPOSANTE HABITUELLE DE NOS ACTIVITÉS PASTORALES?
Le Bureau de l’évêque, les divers conseils diocésains (Conseil presbytéral, Conseil
diocésain d’animation pastorale et Conseil diocésain de pastorale), les services
diocésains (Comité diocésain de formation, Service aux communautés chrétiennes et
aux milieux) ainsi que plusieurs Conseils de pastorale paroissiale (C.P.P.) et
Conseils de pastorale d’unité paroissiale (C.P.U.), sont conscients de l’importance
de développer une attitude missionnaire. Avec ce qui est au coeur d’un nouveau
réseau de paroisses, ces conseils et comités sont amenés à s’interroger sur les stratégies
d’évangélisation et les outils à développer pour favoriser l’annonce de
l’Évangile et susciter la contribution du plus grand nombre de baptisés dans la mise
en place d’une pastorale qui engendre la vie dans tous les milieux.
10

Bien que le personnel pastoral (prêtres, religieux, religieuses, diacres et laïcs) soit
plus conscient de la nécessité d’offrir diverses approches adaptées à ceux et celles
qui veulent cheminer dans la foi, il se sent parfois impuissant devant les défis à relever
et l’absence de collaborateurs à la mission dans chaque paroisse. On parle beaucoup
de faire Église autrement… Pour cela, il faut aller à la rencontre de ceux et
celles qui se sont éloignés de l’Église mais qui attendent toujours l’annonce d’une
bonne nouvelle et il faut investir dans la formation de disciples missionnaires.
Dans les paroisses, nous ne sentons pas l’urgence de placer l’évangélisation au cœur
des décisions et des actions pastorales, administratives et organisationnelles. Les
gens sont trop préoccupés par l’entretien des bâtisses et le maintien des services traditionnels
par un petit nombre de responsables. Qu’en est-il de l’urgence
d’engendrer de nouveaux chrétiens? Le temps est venu de passer d’une pastorale
d’entretien à une pastorale d’engendrement où l’Évangile est proposé à tous les
paroissiens et paroissiennes. Afin d’assurer la vitalité des communautés chrétiennes,
il est important de se faire proche de chaque personne, d’être à l’écoute des
besoins actuels des hommes et des femmes d’aujourd’hui, de les encourager à participer
à la mise en œuvre du projet missionnaire. Afin de stimuler la vie chrétienne et
spirituelle dans le milieu, il est proposé de susciter une nouvelle collaboration pastorale
des laïcs dans la prise de responsabilités à l’égard de leur avenir et de leur fonctionnement.
8 L’évangélisation n’est pas réservée aux spécialistes, c’est l’œuvre de
tous les membres de la communauté.
La formation des baptisés et la place que l’on fera aux familles et aux jeunes dans la
priorisation des besoins pastoraux et l’élaboration des nouvelles approches
d’évangélisation devront permettre à chacun de faire une expérience intime et personnelle
de Dieu, de développer une spiritualité axée sur la vie en soi et chez
l’autre. 9
8 Olivier Le Gendre, Lettre aux successeurs de Jean-Paul II, p.83.
9 Pierrette Daviau, Spiritualité d’engendrement et praxis pastorale dans une nouvelle chance pour
l’Évangile. Vers une pastorale d’engendrement, sous la direction de Philippe Bacq et Christoph
Theobald, Lumen Vitae, Bruxelles, 2004, pp. 137-138.
11

6. DANS LA PERSPECTIVE DES EXIGENCES DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION, QUELLE
EST LA QUALITÉ DU TÉMOIGNAGE DE NOS COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES?
Les communautés chrétiennes doivent oser dire Dieu autrement et présenter une
vision renouvelée de l’Église où tous les baptisés ont un rôle à jouer dans la mise en
œuvre du projet missionnaire (cf. défi no 2 Projet ecclésial Avance au large, 2004, p.6).
Les communautés chrétiennes sont appelées à développer une pastorale de proximité,
qui s’intéresse au vécu et aux besoins de l’ensemble des gens qui demeurent
dans la paroisse.
Il ne suffit pas seulement d’offrir des parcours catéchétiques traditionnels aux jeunes,
il est urgent de chercher de nouveaux moyens d’accompagner les adultes dans
leur quête de spiritualité.
Les communautés chrétiennes doivent soutenir les initiatives locales pour le service
de la charité, n’hésitant pas à rappeler la doctrine sociale de l’Église et le parti-pris
évangélique en faveur des démunis.
De manière à faciliter l’engagement de tous les baptisés dans le chantier de la nouvelle
évangélisation, les communautés chrétiennes auront la responsabilité d’offrir
des temps de formation autour de la Parole de Dieu, de la justice sociale, de la liturgie,
de la transmission de la foi et des temps de réflexion sur l’avenir des communautés.
Pour être source d’espérance et signe de la présence de Jésus-Christ en ce monde,
les communautés chrétiennes devront cesser de se chicaner sur la place publique à
propos des questions administratives, mais elles devront plutôt s’efforcer à être des
lieux plus fraternels, où chaque personne humaine pourra, au sein de la communauté,
faire l’expérience personnelle de Dieu à travers les saisons de la vie.
L’avenir des communautés chrétiennes passe par l’engendrement de nouveaux
baptisés. C’est pourquoi, il faut que tous portent ensemble le souci de
l’évangélisation. Il ne faut pas avoir peur de faire confiance aux jeunes et aux
familles et accueillir tous ceux qui frappent à la porte. La participation des jeunes à
la nouvelle évangélisation ouvre des chemins neufs où peut résonner la Bonne
Nouvelle des Béatitudes (environnement, politique, éthique, justice sociale, communication).
12

7. DE QUELLE FAÇON LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION REDONNE-T-ELLE UN ÉLAN À LA
PREMIÈRE ÉVANGÉLISATION ET À LA PASTORALE EN COURS ?
La mise en chantier du projet d’un nouveau réseau de paroisses doit éveiller chez les
prêtres, agentes et agents de pastorale, ainsi que chez l’ensemble des diocésains, le
souci de l’évangélisation.
La nouvelle évangélisation entraîne une révision des approches catéchétiques. On
s’intéresse maintenant un peu plus à l’initiation chrétienne pour les adultes, ayant
compris que la catéchèse rejoint tous les âges de la vie.
En suscitant chez les baptisés le désir de redécouvrir la Parole de Dieu et de mieux
saisir l’importance de l’engagement au service des pauvres.
En travaillant à la revitalisation des communautés chrétiennes : nouveau bénévolat,
accueil et accompagnement des jeunes et des familles.
En favorisant une réflexion importante sur les nouvelles manières de célébrer.
En faisant prendre conscience de la contribution des petits groupes de partage de foi
pour le renouvellement de la mission.
En appelant les communautés chrétiennes à s’ouvrir aux autres et à changer leur
mentalité de ne rien vouloir modifier dans son discours et ses activités pastorales.
En insistant davantage sur la responsabilité commune de tous les baptisés dans la
promotion de l’esprit missionnaire et dans l’annonce de l’Évangile aux chrétiens et
non-chrétiens.
En favorisant des lieux de rencontres intergénérationnelles.
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8. DANS QUELLE MESURE POUVONS-NOUS TRANSPOSER L’EXPÉRIENCE DU CATÉCHUMÉNAT
POUR ÉLABORER NOTRE PÉDAGOGIE CATÉCHÉTIQUE ET NOS PROPOSITIONS D’ÉDUCATION
À LA FOI?
Il nous semble important de développer une approche qui mette de l’avant le dialogue
pastoral, de développer des lieux « sécurisants » où les personnes puissent
s’exprimer librement. Dans cette dynamique, l’écoute précède la proposition. Mettre
en place une stratégie d’accompagnement dans nos propositions de Jésus Christ.
La formation à la vie chrétienne doit tenir compte de la culture d’aujourd’hui. Son
contenu devrait être attentif à l’expérience des personnes, et non uniquement ou
principalement axé sur la connaissance. La personne et l’Évangile sont au centre de
la formation à la vie chrétienne.
Explorer et favoriser d’autres manières de faire Église, principalement pour les personnes
qui ont peine à s’y reconnaître ou à trouver leur place dans nos communautés,
tout en favorisant le plus possible les liens avec la communauté célébrante.
Tenir compte, dans nos propositions, des contraintes vécues par les personnes :
famille, travail, horaire atypique, exigences professionnelles, etc.
Au niveau de la liturgie : Avons-nous autre chose à offrir que la messe? Sans nier
son importance, peut-on aussi proposer des liturgies signifiantes et nourrissantes qui
touchent le cœur, le corps et les sens. Être très attentif à offrir des liturgies qui fassent
sens. Célébrer des passages, des temps forts… pas seulement des sacrements.
Être ouvert à la vie des personnes. Célébrer ce qu’il y a à célébrer.
Prendre le temps de cheminer avec les personnes, sans brusquer les choses. Miser
sur le mûrissement de la foi. Se donner du temps signifiant, habité et nourrissant.
Susciter le désir au quotidien. Favoriser une relecture de vie à la lumière de
l’Évangile.
Devenir une Église accompagnatrice de toute personne à la recherche de Dieu.
Pierre Lefebvre, chancelier
Le 22 mars 2012
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