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LES DIFFERENTS TYPE DE PERSONNALITE - ifsi-paca

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<strong>LES</strong> <strong>DIFFERENTS</strong> <strong>TYPE</strong> <strong>DE</strong> <strong>PERSONNALITE</strong><br />

INTRODUCTION<br />

La personnalité peut être définie comme le résultat, chez un sujet, de l’intégration des diverses<br />

composantes pulsionnelles, émotionnelles et cognitives. Bien que les modalités de cette<br />

intégration restent individuelles, l’agencement des différents facteurs qui entrent en jeu obéit<br />

cependant à des lois générales que l’on peut tenter d’approcher par l’étude du caractère.<br />

Selon Lagache, le caractère est l’ensemble des dispositions et des aptitudes qui « commandent la<br />

manière d’être et de réagir de l’individu dans ses rapports avec le monde extérieur et avec luimême<br />

». Le caractère, défini par une constellation déterminée de traits de personnalité, indique<br />

la manière habituelle de se comporter vis-à-vis des personnes, des situations ou objets<br />

rencontrés. La représentation de la personnalité en termes de traits de caractère implique donc<br />

une analyse des aspects comportementaux manifestes de l’individu.<br />

Dans cette perspective, les personnalités pathologiques sont des déviations de la personnalité<br />

qui se caractérisent non par la présence de symptômes psychiques proprement dits mais par un<br />

certain style de vie, par une manière d’être, c'est-à-dire par des comportements que l’on<br />

considère comme pathologique. L’étude des personnalités pathologiques soulève de nombreux<br />

problèmes théoriques, en particulier ceux des frontières entre le normal et le pathologique et les<br />

limites entre personnalité pathologique et maladie mentale.<br />

La délimitation du concept exige donc, après le choix de certains critères de normalité et de<br />

pathologie, que l’on puisse distinguer nettement les traits de caractère et les attitudes<br />

(personnalité) des symptômes caractéristiques des différentes entités morbides de la<br />

psychiatrie (maladies symptomatique).<br />

Dans ce but, Foulds a proposé les éléments distinctifs suivants :<br />

-les traits de caractère et les types de comportements sont universels, tandis que les signes et les<br />

symptômes peuvent être contingents, variables selon les cultures ;<br />

-les traits de caractère et les attitudes sont durables et stables alors que les symptômes sont<br />

variables et se modifient dans le temps.<br />

Ces critères sont sans doute trop schématiques mais ils ont néanmoins l’avantage d’établir une<br />

distinction assez claire entre les personnalités pathologiques et les autres entités morbides que<br />

sont les névroses, les psychoses et les états limites.<br />

1


I- Personnalité hystérique<br />

1. Description clinique<br />

La personnalité hystérique a été essentiellement décrite chez la femme. La description clinique<br />

retenue ici expose successivement l’histrionisme, la facticité des affects, le monde de pensée<br />

imaginaire, la réactivité émotionnelle avec hyperémotivité et impulsivité, la suggestibilité et la<br />

mythomanie, la dépendance affective, enfin les troubles de la sexualité.<br />

1.1 L’histrionisme<br />

Ce trait de personnalité est actuellement le plus souvent considéré comme le trait central du<br />

caractère hystérique. Il englobe le désir de paraître et celui d’être le point de mire des regards<br />

d’autrui. Pour ce faire, l’hystérique s’attribue des rôles changeants selon ce qui est supposé<br />

pouvoir plaire à l’autre ou, tout au moins, pouvoir susciter l’attention. Ce jeu de rôles peut être<br />

triomphant ou maladroit, convaincant ou non ; il peut, selon la qualité même du jeu, entraîner ou<br />

non l’adhésion du spectateur. En fait, ce souci du spectacle offert se réduit souvent à une hyper<br />

conformité u stéréotype féminin de l’époque. L’hystérique, uniquement préoccupée de son<br />

rapport à l’autre, est prise à son propre jeu. On peut y voir une sorte de falsification dont la<br />

personne elle-même serait dupe. Elle cherche à être cette femme qu’elle imite, mais à laquelle<br />

elle ne ressemble que de façon caricaturale, grossière et factice.<br />

Dans le DSM III, le diagnostic de personnalité histrionique nécessite la présence conjointe, au<br />

long cours et responsable « soit d’une altération significative du fonctionnement social ou<br />

professionnel, soit d’une souffrance subjective », « d’un comportement dramatisé, hyperréactif et<br />

intensément exprimé » et de perturbations caractéristiques des relations interpersonnelles,<br />

comme en témoignent au moins deux des cinq manifestations suivantes :<br />

-perçu par autrui comme superficiel et manquant d’authenticité malgré une apparence de<br />

chaleur et de charme<br />

- égocentrique, préoccupé de soi même, sans égards pour autrui,<br />

- vaniteux et exigeant<br />

- dépendant, faible, constamment en quête de rassurement,<br />

- enclin à des menaces, des gestes ou des tentatives de suicides à visée manipulatrice.<br />

1.2 La facticité des affects<br />

Il s’agit là du deuxième aspect de la personnalité hystérique. Les sentiments, régulièrement<br />

exprimés avec conviction, semblent souvent exagérés. Cette outrance ou dramatisation dans<br />

l’expression des émotions concerne aussi bien les allégations d’amour que les déclarations de<br />

guerre qui alternent et paraissent également hors de propos à autrui. Les sentiments peuvent<br />

aussi être déformés ; il s’agit de la tendance à érotiser les relations les plus banales eu sein<br />

desquelles l’hystérique peut afficher des comportements de séductions inappropriés ou<br />

franchement incongrus.<br />

2


1.3 Le mode de pensée imaginaire<br />

La prépondérance chez l’hystérique d’un mode de pensée imaginaire est un autre trait<br />

fondamental. Le réel est certes perçu, mais infiltré, à la fantaisie du sujet, de représentations<br />

imaginaires érotisées. Ce mode de pensée préside à l’hyperadaptabilité hystérique, le sujet<br />

s’emparant des éléments du réel offerts pour les agencer à sa guise en pensée ; mais il<br />

correspond aussi à l’inadéquation hystérique, à bien des situations où le sujet cherche ce qu’il ne<br />

peut y trouver. Cette vie imaginaire peut être à l’origine, par exemple, de fixations amoureuses à<br />

des personnages inaccessibles, ou des rêveries perpétuelles qui prennent le pas sur la réalité<br />

quotidienne. Dans les relations affectives réelles que tente de nouer l’hystérique, l’objet ne peut,<br />

dans une certaine mesure, que décevoir. La vie relationnelle des ces personnalités est<br />

fréquemment une vie à crises, où alternent des sautes d’humeur, des épisodes d’élans<br />

chaleureux et des phases de retrait boudeur, témoin de leur labilité émotionnelle.<br />

1.4 La réactivité émotionnelle : hyperémotivité et impulsivité<br />

La réactivité émotionnelle des personnalités hystériques est parfois très spectaculaire, avec une<br />

intense traduction neurovégétative. La variabilité des états émotionnels et des dispositions<br />

affectives fait volontiers parler d’inconsistance ; mais ces termes risquent de faire oublier<br />

l’intensité de l’état affectif au moment où il est vécu et exprimé. Pour expliquer cette intensité,<br />

on fait généralement appel à une aptitude psychophysiologique particulière et au manque de<br />

recul de l’hystérique par rapport à ce qui est immédiatement ressenti.<br />

Dans le cadre de la réactivité hystérique avec hyperémotivité, on décrit aussi l’impulsivité ;<br />

explosions émotionnelles, accès de colère clastique, impulsions suicidaires constituent autant de<br />

réactions possibles, en for me de court-circuit, à une situation donnée. L’impulsivité donne<br />

parfois un aspect heurté ou chaotique à la biographie.<br />

Lorsque l’hyperémotivité s’associe à des conduites d’évitement, l’ensemble est individualisé par<br />

certains auteurs sous la dénomination de caractère hystéro-phobique.<br />

L’hyperémotivité se traduit généralement par un état d’alerte permanent, et l’évitement par<br />

l’inhibition. Le sujet est toujours sur le qui-vive, même si son hypervigilance est parfois<br />

relativement camouflée derrière des attitudes de sérénité feinte ou de tranquille assurance.<br />

L’inhibition permet, quand à elle, l’évitement des situations redoutées, particulièrement les<br />

relations à autrui et la sexualité<br />

Plus rarement, une fuite en avant se traduit par des comportements de défi ou par une activité<br />

frénétique (conduites énergiques et courageuses, sorties innombrables, lectures<br />

interminables…), destinée à rendre peu probable la moindre irruption fantasmatique.<br />

D’autres particularités sont classiquement rattachées à la pathologie hystérique de la<br />

personnalité, comme la suggestibilité et la mythomanie, la dépendance affective et les troubles<br />

de la sexualité.<br />

Les 4 critères diagnostiques de la personnalité passive-agressive sont les suivantes :<br />

-résistance aux demandes d’une activité adéquate dans le fonctionnement aussi bien<br />

professionnel que social ;<br />

3


-résistance exprimée de façon indirecte par au moins deux des manifestations suivantes :<br />

Perte de temps<br />

Entêtement<br />

Inefficacité délibérée<br />

Oublis<br />

- conséquences des deux critères précédents : inefficacité durable et globale sur le plan social et<br />

professionnel, par exemple une inefficacité délibérée qui a empêché toute promotion<br />

professionnelle ;<br />

-persistance de ce type de conduite même dans des circonstances où un comportement plus<br />

assuré et efficace est possible.<br />

1.5 La dépendance affective<br />

L’hystérique est certes dépendante d’autrui par sa recherche constante d’hommages et<br />

d’attention, par sa sensibilité aux diverses frustrations et par son mode captatif de relation<br />

interindividuelle. Mais cette dépendance peut revêtir un aspect plus inquiétant encore, celui<br />

d’une perte d’autonomie matérielle et psychique qui peut aller jusqu’à une invalidité<br />

authentique et grave. Tout aussi inquiétant est le puérilisme de certaines patientes vivant dans<br />

un monde romanesque où tout ce qui risque d’être une source de conflits et de frustrations est<br />

soigneusement gommé.<br />

Les 3 critères diagnostiques de la personnalité dépendante sont les suivants :<br />

-laisse passivement les autres assurer la responsabilité des secteurs importants de sa vie en<br />

raison de son incapacité à fonctionner de façon autonome ( par exemple, laisse son conjoint<br />

décider quel type de travail il ou elle doit faire) ;<br />

-subordonne ses propres besoins à ceux des personnes dont il ou elle dépend pour éviter d’avoir<br />

à compter sur soi, par exemple tolère un conjoint abusif ;<br />

-manque de confiance en soi, par exemple se sent abandonné, sans recours et stupide.<br />

1.6 Les troubles de la sexualité<br />

La crainte de la sexualité est souvent considérée comme une des principales caractéristiques des<br />

personnalités hystériques. En fait, cette expression paraît impropre même si des troubles de la<br />

sexualité sont en effet fréquemment observés chez ces personnalités. Il peut s’agir d’une frigidité<br />

simple, permanente ou intermittente, d’une répugnance et d’un dégoût affirmé pour la sexualité,<br />

voire d’un oubli de la sexualité, domaine considéré avec indifférence comme étranger à soi.<br />

2. Psychanalyse et structure hystérique<br />

Pour les psychanalystes, l’hystérie de conversion reste la référence centrale de la structure<br />

hystérique. Elle montre en effet, à l’état pur, le mécanisme de défense prévalent qu’est le<br />

4


efoulement. Dans l’hystérie de conversion, on considère que la représentation pénible est<br />

refoulée tandis que l’affect qui lui était lié est converti dans la sphère somatique.<br />

Si certains auteurs ont insisté sur la fixation orale dans l’hystérie, d’autres, tout en reconnaissant<br />

celle-ci, font de l’expression orale des désirs le résultat d’un déplacement des représentations<br />

dont le but demeure génital. L’échec hystérique se situerait au niveau de la résolution du<br />

complexe d’Œdipe.<br />

L’angoisse est une angoisse de castration ; elle prend surtout la forme d’une crainte de perte<br />

d’amour. La problématique érotique avec quête amoureuse domine la vie de l’hystérique et se<br />

manifeste tout à la fois dans des conduites orientées vers une demande d’amour, dans les<br />

réactions dépressives aux expériences de séparation, d’abandon et, en psychanalyse, dans<br />

l’amour de transfert.<br />

II- Personnalité paranoïaque<br />

Le terme de paranoïaque : « qui pense à côté » ou « contre » a été introduit en psychiatrie au<br />

début du XIX éme siècle. Son sens a, dans un premier temps, pris une extension considérable<br />

avant de se limiter aux délires de persécution et de grandeur. Par la suite, divers auteurs<br />

allemands ont décrit la paranoïa comme un délire systématisé auquel pouvait prédisposer<br />

certains traits de personnalité. Ceux-ci deviendront ultérieurement la personnalité paranoïaque,<br />

souvent trouvée à titre isolé, sans délire constitué.<br />

1- Description clinique<br />

Pour l’Ecole française, le trait fondamental de ce type de pathologique de personnalité est une<br />

hypertrophie du moi. Cette perspective est adoptée par Dupré dès 1912 dans son rapport sur les<br />

perversions instinctives. La constitution paranoïaque, déséquilibre de la personnalité, est<br />

caractérisée par trois éléments :<br />

-l’hypertrophie du moi, avec orgueil et sentiment de supériorité ;<br />

-l’humeur ombrageuse et méfiante, avec tendance à la méconnaissance hostile de l’entourage et<br />

aux interprétations malveillantes des actes d’autrui ;<br />

-la fausseté du jugement, avec paralogisme irréductible responsable d’interprétations erronées<br />

qui forment la trame d’un véritable système délirant, soit de persécution, soit de grandeur,<br />

suivant la prédominance chez le sujet de la méfiance soupçonneuse ou de l’orgueil ambitieux.<br />

Cette description, qui permet de passer progressivement de la constitution au délire et<br />

d’expliquer le délire par la constitution, assimile personnalité et psychose ; elle sera par la suite<br />

systématisée de la façon suivante : la personnalité paranoïaque est, en définitive, constituée de<br />

quatre traits fondamentaux : l’hypertrophie du moi, la méfiance, la fausseté du jugement et<br />

l’inadaptation sociale.<br />

2. Formes cliniques<br />

Avec les conceptions psychogénétiques de Kretschmer et les descriptions des personnalités<br />

psychopathiques de Schneider, l’évolution de l’Ecole allemande a conduit à un certain<br />

démembrement de l’édifice kraepelinien et de la personnalité paranoïaque.<br />

5


E. Kretschmer distingue trois variétés de personnalités paranoïaques : les personnalités de<br />

combat, les personnalités de souhait et les personnalités sensitives.<br />

K.Schneider décrit, au sein de ses personnalités psychopathiques fanatiques, un pôle sthénique<br />

(qui correspond à la personnalité de combat) et un pôle terne (personnalité de souhait).<br />

Enfin, sous le terme de personnalité inquiète, il rassemble, tout en les distinguant les uns des<br />

autres, les personnalités sensitives et les personnalités obsessionnelles.<br />

2.1 La personnalité paranoïaque de combat<br />

Elle ressemble à la personnalité quérulente de Kraepelin et à la personnalité paranoïaque des<br />

descriptions françaises classiques. L’accent est mis sur l’aspect opiniâtre, fanatique et querelleur,<br />

mais aussi sur une profonde vulnérabilité, tandis que la surestimation de soi et la méfiance sont<br />

des traits secondaires.<br />

2.2 La personnalité paranoïaque de souhait<br />

Elle correspond à la personnalité fanatique terne de Schneider. Tout en retrouvant chez ces<br />

sujets l’existence d’un sentiment de supériorité et une fausseté de jugement , Kretschmer a<br />

insisté sur certains traits de caractère particuliers ; originaux, isolés, ces sujets défendent un<br />

idéal ou une idée, mais sans se battre et sans qu’il s’agisse pour autant d’une cause personnelle (<br />

à la différence du paranoïaque de combat, agressif et égocentrique).<br />

2.3 La personnalité sensitive<br />

Elle est différente des deux types précédents. Les personnalités sensitives ou sensibles sont « ces<br />

natures qui, non seulement, sont profondément impressionnables par les expériences vécues,<br />

mais qui les élaborent longuement en profondeur, sans en laisser paraître aucun signe extérieur.<br />

Ce type de caractère possède plus de composantes asthéniques que sthéniques…lorsqu’il entre<br />

en conflit avec certaines expériences, il ne peut, comme le fait l’asthénique pur, s’y soumettre<br />

avec une passivité douloureuse et pénible. Il sera plutôt entrainé vers des luttes intérieures sous<br />

l’emprise d’un sentiment délicat de culpabilité et des aspirations éthiques propres à son<br />

caractère. Les représentants accomplis de ce groupe…intériorisent leur vie affective…ils<br />

dissimulent longuement leurs tendances affectives et ne sont pas en état de les extérioriser<br />

librement ». Ces sujets ressentent les frustrations sentimentales ou professionnelles avec un<br />

sentiment douloureux d’échec, d’humiliation qui peut les conduire à un délire dit réactionnel<br />

vécu dans l’angoisse, la tension conflictuelle, l’asthénie et la dépression.<br />

Une notion est cependant commune à ces formes cliniques : celle de la vulnérabilité, l’angoisse<br />

profonde étant surcompensée, de façon plus ou moins satisfaisante et stable, par la carapace<br />

caractérielle d’un Moi qui se veut agressif et tout-puissant.<br />

3. Psychanalyse et structure paranoïaque de la personnalité<br />

S. Freud avait, le premier, interprété le caractère paranoïaque comme un système de défense<br />

contre une homosexualité latente et les sentiments de persécutions comme des projections sur<br />

autrui de désirs inacceptables pour le Moi conscient. C’est à partir de ces travaux et de ceux<br />

d’Abraham que la prégénitalité que Bergeret a développé son propre modèle psychanalytique de<br />

6


la structure paranoïaque. Le moteur de ce type de développement pathologique de la<br />

personnalité est la régression aux pulsions sadiques du stade sadique-anal du développement.<br />

4. Diagnostic<br />

Les divers éléments développés ci-dessus permettent en règle générale de distinguer les traits<br />

de caractère paranoïaque de certaines manifestations comportementales, parfois similaires,<br />

mais qui témoignent d’une structure différente. Les diagnostics différentiels des personnalités<br />

paranoïaques sont surtout les caractères narcissiques-phalliques, les structures obsessionnelles<br />

et les déséquilibres.<br />

4.1 Les caractères narcissiques-phalliques<br />

On retrouve dans ces types de pathologies certaines conduites habituelles chez les<br />

paranoïaques : ambition démesurée, confiance en soi sans limites apparentes, hyperassurance<br />

fière et vaniteuse, amour du commandement et de la domination, recherche à tout prix du<br />

prestige, impossibilité de tolérer les critiques et échecs, manifestations qui contrastent avec une<br />

sexualité souvent perturbée par des échecs hétérosexuels, par une abstinence sexuelle ou par la<br />

recherche de l’amour en miroir, avec tendances homosexuelles.<br />

Mais ces traits de caractère, attribués par W.Reich à des formations réactionnelles à la crainte de<br />

la castration et à une fixation au stade phallique du développement avec hypervalorisation du<br />

pénis, ne s’associent généralement pas à la méfiance et aux tendances persécutives du<br />

paranoïaque. D’autre part, si la surestimation de Soi, l’orgueil et la vanité peuvent être masqués<br />

par une fausse modestie, voire des attitudes affables vis-à-vis d’autrui, le paranoïaque ne<br />

parvient jamais à donner le change, contrairement au sujet narcissique.<br />

Dans certains cas, ce seront des attitudes corporelles ou des caractéristiques somatiques qui<br />

permettront d’orienter le diagnostic. La structure paranoïaque, comme le relève Bergeret, «<br />

comporte une rigidité affective et relationnelle qui se traduit de façon assez constante et assez<br />

spécifique par un « port altier », souvent caricaturé. La façon corporelle d’affirmer le besoin<br />

d’isolement par rapport aux autres, propre au caractère paranoïaque, ne se rencontre jamais<br />

dans la lignée narcissique-anaclitique, qui cherche au contraire » à se faire bien voir » pour<br />

séduire l’autre et se l’attacher afin de se rassurer. D’autre part, il est banal de rappeler que le<br />

caractère paranoïaque jouit d’une « santé de fer » alors que le narcissique-anaclitique met en<br />

avant dans son désir de séduire et de se faire plaindre, le moindre bobo susceptible d’émouvoir<br />

son interlocuteur. »<br />

4.2 Les caractères obsessionnels<br />

La méfiance du paranoïaque et ses impressions de persécution alimentent chez lui la<br />

susceptibilité et l’isolement. Dans certains cas, son raisonnement pseudo-logique est difficile à<br />

distinguer des interminables rationalisations de l’obsessionnel. Chez ces sujets, la vulnérabilité<br />

du Moi, l’hyperémotivité, la scrupulosité indécise et l’incapacité de surmonter les frustrations se<br />

développent souvent dans un contexte franchement dépressif.<br />

7


4.3 La perversion de caractère<br />

Un autre diagnostic parfois soulevé par les personnalités paranoïaques est celui du déséquilibre<br />

ou de « perversion de caractère ». Certains paranoïaques oscillent, en effet, entre des<br />

mouvements rigoureusement égocentriques et des attitudes pseudo altruistes et se<br />

caractérisent par une adaptation sociale médiocre ; dans cette inadaptation entrent aussi en jeu<br />

la fausseté du jugement, les interprétations erronées de la réalité que celle-ci implique,<br />

l’incapacité d’une véritable acceptation d’une discipline collective et d’une insertion stable dans<br />

un groupe social. Il en résulte parfois un isolement et des révoltes qui risquent de faire porter à<br />

tort le diagnostic de déséquilibre psychique.<br />

Mais il faut aussi ne pas se laisser entraîner à porter un diagnostic abusif de personnalité<br />

paranoïaque, ce qualificatif ayant tendance à être employé dans le langage courant pour<br />

désigner des sujets à « mauvais caractère », facilement coléreux ou vindicatifs, chicaniers,<br />

protestataires ou idéalistes.<br />

4.4 Caractères hystéro-paranoïaque et schizo paranoïaques<br />

Certaines personnalités pathologiques, parfois qualifiées d’ « hystéro-paranoïaque » se<br />

caractérisent par une association complexe de divers traits de caractère comme un histrionisme,<br />

une érotisation des rapports sociaux et un égocentrisme, faisant évoquer une structure<br />

hystérique, associés à une rigidité caractérielle, une agressivité et une sensitivité plus ou moins<br />

manifestes.<br />

En réalité, ces cas regroupent vraisemblablement deux types distincts de personnalité ; le<br />

premier est une authentique structure paranoïaque, les traits hystéroides représentant alors la<br />

simple ébauche d’une superstructure névrotique ; le second correspond à une structure<br />

névrotique mixte avec des traits hystériques et obsessionnels, le mépris vis-à-vis d’autrui et la<br />

sévérité d’un Surmoi rigide, n’étant nullement spécifiques d’une structure paranoïaque.<br />

Dans l’ensemble des cas, la structure de base est de type schizophrénique.<br />

III-Personnalité psychasthénique-obsessionnelles ou personnalité<br />

compulsive<br />

Ces types pathologiques regroupent en réalité plusieurs variétés de personnalités pathologiques<br />

dont les principales sont la personnalité psychasthénique de Janet, la personnalité<br />

obsessionnelle proprement dite ou personnalité compulsive, la personnalité anankastique de<br />

Schneider, le caractère anal enfin décrit par S. Freud.<br />

Mais ces aspects s’observent en réalité rarement à titre isolé, la majorité des sujets possédant, à<br />

des degrés divers, des éléments de ces différentes variétés. Et de nombreux traits de caractère<br />

attribués à ces types pathologiques n’ont de rapport avec l’obsession proprement dite que dans<br />

le cadre d’une conception pathogénique globale.<br />

1. Description clinique<br />

1.1 La personnalité psychasthénique<br />

8


La typologie de Janet utilise les notions de force psychologique, potentiel énergétique quantitatif,<br />

et de tension psychologique, utilisation qualitative de l’énergie. La psychasthénie entre dans le<br />

cadre d’une pathologie de l’effort. La fatigue est un phénomène normal survenant lorsqu’un<br />

organisme fonctionne à un niveau supérieur à ses ressources énergétiques. Lorsqu’un organisme<br />

se montre incapable d’atteindre un niveau de fonctionnement correspondant aux exigences de la<br />

vie quotidienne ou n’atteint ce niveau qu’au prix d’un effort considérable, épuisant, se développe<br />

ce trouble déficitaire particulier qu’est la psychasthénie.<br />

Dans cette optique, on individualise, à la base, la description d’un syndrome psycholeptique<br />

constitué par l’expression d’une basse tension psychologique avec difficultés des opérations<br />

faisant intervenir la fonction du réel, impossibilité d’appréhension de la réalité et sentiment<br />

d’incomplétude.<br />

Mais, à ce syndrome primaire, s’associe un syndrome secondaire correspondant à l’exagération<br />

des opérations de basse tension, incluant le doute et syndrome d’ »agitation » si la force<br />

psychologique est importante (avec obsession, compulsions et phobie).<br />

Ce type de pathologie se caractérise principalement par une tendance aux scrupules et une<br />

inhibition affective. Pour le sujet psychasthénique, toute décision se rapportant au réel ou au<br />

concret, ainsi que toute activité concernant la perception du réel nécessitent un effort<br />

psychologique important, péniblement ressenti. Ces sujets sont scrupuleux et enclins à une<br />

introspection permanente. L’action leur demande un effort pénible. Leurs sentiments<br />

d’incomplétude et leurs crises de conscience alimentent leur souffrance psychologique qui<br />

devient, elle-même, un sujet d’analyse introspective. Méticuleux, lent et sérieux, le sujet<br />

psychasthénique est peu spontané et se complait dans un moralisme rigide et un<br />

abstractionnisme rigoureux. Cette prééminence de la pensée sur l’action est le plus souvent<br />

interprétée dans la théorie psychanalytique comme une défense contre des tendances agressives<br />

intenses. Le psychasthénique utiliserait en fait sa pensée pour éviter l’action, le moindre acte<br />

étant susceptible de libérer un potentiel d’agressivité important.<br />

1.2 La personnalité obsessionnelle ou compulsive<br />

Certaines personnalités sans présenter de véritables obsessions (obsessions idéatives ou<br />

représentations forcées impossibles à chasser malgré une lutte anxieuse inefficace et répétée),<br />

ont cependant tendance à vérifier toutes choses, à ritualiser nombre de leurs activités, à douter<br />

et à ruminer des pensées de façon obsédante. Ces traits peuvent être observés chez des<br />

personnalités normales soit à titre transitoire, soit lors de certains états pathologiques<br />

particuliers (comme l’épuisement physique). Lorsqu’ils sont intenses, la transition avec les<br />

névroses obsessionnelles se montre insensible.<br />

En résumé, le type pathologique obsessionnel de la personnalité est marqué du sceau des<br />

contraintes qui s’exercent sur les conduites et les actions ; les ruminations, les vérifications et les<br />

hésitations remplissent le monde de l’obsessionnel d’habitudes et de rituels dont le sens<br />

conjuratoire fait évoquer un fonctionnement magique de la pensée. Tout se passe comme si,<br />

dans ces cas, la pensée et les mots étaient devenus l’objet d’un investissement libidinal.<br />

9


1.3 Le caractère anal<br />

Selon S.Freud, ce caractère pathologique résulte des formations réactionnelles dressées contre<br />

les pulsions anales. Il est défini par une triade clinique : l’économie ou parcimonie, l’ordre ou<br />

ponctualité et l’entêtement ou autoritarisme rigides.<br />

Les traits de caractère sadique-anal sont des traductions directes des mécanismes de résolution<br />

de l’érotisme anal et de l’agressivité sadique du stade sadique anal du développement. «<br />

L’intérêt pour les matières fécales », écrit H. Sauguet, « réprimé spontanément ou<br />

secondairement par l’attitude de l’entourage, provoque un sentiment négatif de dégoût très<br />

rapidement reporté sur les copro-symboles : l’argent et les enfants sont parmi les plus<br />

classiques. Créer et posséder, donner et accaparer s’intriquent pour déterminer les conduites<br />

opposées du sujet selon l’objet et sa signification symbolique. La sublimation de la rétention<br />

conduit à la parcimonie, à l’avarice ».<br />

On explique ainsi, par les mécanismes de formation réactionnelle et de sublimation :<br />

-l’économie de ces sujets, parcimonieux, avares, qui refusent de partager et se plaisent, au<br />

contraire, à accumuler et à collectionner ;<br />

-l’ordre excessif avec méticulosité, soin, horreur de la saleté, du gaspillage, de tout ce qui n’est<br />

pas parfait ;<br />

-l’entêtement obstiné ; ces sujets sont en effet volontiers entêtés, persévérants, tenaces,<br />

autoritaires. Leur moralisme rigide et leur sens du devoir sont sans faille. Ils aspirent à une<br />

certaine puissance, à la maîtrise d’eux-mêmes et d’autrui.<br />

Cette description date de 1908, lorsque S.Freud écrit : « A l’époque de la vie que l’on peut<br />

caractériser comme « période de latence sexuelle », de la cinquième année accomplie jusqu’aux<br />

premières manifestations de la puberté ( vers la onzième année), on voit même se créer dans la<br />

vie psychique, aux frais de ces excitations fournies par les zones érogènes, des formations<br />

réactionnelles, des contres-puissances, comme la honte, le dégoût et la morale, qui s’opposent<br />

comme des digues à la mise en activité ultérieure des pulsions sexuelles. Or puisque l’érotisme<br />

anal appartient à ces composantes de la pulsion, qui, au cours du développement, et dans le sens<br />

de l’éducation de notre civilisation actuelle, deviennent inutilisables pour des fins sexuelles,<br />

nous sommes portés à reconnaître, dans les traits de caractère si fréquemment accusés par les<br />

anciens tenants de l’érotisme anal –être ordonné, économe, entêté-les résultats les plus directs<br />

et les constants de la sublimation de l’érotisme anal ».<br />

Puis, en 1913, dans la prédisposition à la névrose obsessionnelle, il précise ce qui permet de<br />

distinguer le caractère anal de la névrose obsessionnelle dans laquelle la substitution au refoulé<br />

des formations réactionnelles et des sublimations a échoué :<br />

« Dans le domaine du développement du caractère, nous devons rencontrer ces mêmes forces<br />

pulsionnelles dont nous avons découvert le jeu dans les névroses. Mais un fait nous suffit pour<br />

établir une nette séparation théorique : ce qui est propre au mécanisme de la névrose, l’insuccès du<br />

refoulement et le retour du refoulé, fait défaut pour le caractère.<br />

10


Dans la formation de celui-ci, ou bien le refoulement n’entre pas en action, ou il atteint sans<br />

encombre son but qui est de substituer au refoulé des formations réactionnelles et des<br />

sublimations. »<br />

Ainsi, selon Freud, le Moi peut réussir, par la sublimation des composantes érotiques anales, à<br />

intégrer des formations réactionnelles compatibles avec un fonctionnement psychique cohérent.<br />

En revanche, lorsque cette possibilité d’intégration est débordée, la réactivation des motions<br />

agressives de l’enfance aboutit à l’engagement des motions libidinales nouvelles sur des voies<br />

tracées par la régression. Celle-ci aboutit à la remise en jeu du processus de refoulement par<br />

lequel s’effectue le travail névrotique. Ce travail consiste en une séparation de l’ancienne<br />

représentation obsédante et de l’affect, en une fausse connexion de l’affect avec une nouvelle<br />

représentation, enfin en une transformation de la représentation sexuelle infantile initiale. La<br />

nouvelle représentation obsédante (celle de la névrose avérée) n’intervient donc que lorsque les<br />

mécanismes de défense initiaux -c'est-à-dire les formations caractérielle de compromis- sont<br />

dépassés, lorsque le Moi doit faire intervenir des mécanismes de défense secondaires comme le<br />

déplacement, l’isolation, etc.<br />

Une pathogénie commune : la fixation aux stades prégénitaux, est retenue, ce qui explique<br />

l’usage fréquent de la terminologie « caractère obsessionnel » pour ce caractère anal lié à<br />

l’obsession par continuité pathogénique.<br />

1.4 La personnalité anankastique<br />

Schneider décrit sous l’appellation de personnalité psychopathique anankastique une typologie<br />

combinant les éléments de la personnalité obsessionnelle et ceux du caractère anal : « Les<br />

anankastes, vus de l’extérieur, frappent bien souvent par un caractère soigneux légèrement<br />

exagéré, de la pédanterie et de la correction, de la minutie, et directement par leur inquiétude.<br />

Les compensations de cette dernière ont souvent quelque chose de contraint et forcé et sont<br />

accompagnées de doutes, obsessions, compulsions, rituels. »<br />

IV- Personnalité psychopathique<br />

On regroupe habituellement sous le terme de personnalité psychopathique une constellation<br />

d’anomalies du caractère et des conduites qui témoignent de tendances antisociales, d’une<br />

impulsivité et d’une instabilité affective et socio-professionnelle, sans que cet ensemble soit<br />

clairement intégré dans une structure névrotique ou psychotique de la personnalité.<br />

Il faut clairement distinguer la théorie de la dégénérescence d’origine française qui mettait<br />

l’accent sur une fragilité particulière de la personnalité prédisposant à différentes affections<br />

mentales, notamment à des décompensations psychotiques, et le courant développé en<br />

Angleterre qui privilégie les tendances antisociales.<br />

1. Description clinique<br />

Si les concepts de base des différentes descriptions de ces personnalités pathologiques sont<br />

hétérogènes, les cliniciens sont généralement d’accord pour qualifier de « déséquilibrés » ou<br />

d’ « antisociaux » une catégorie assez précise de sujets chez lesquels on retrouve à des degrés<br />

divers des traits de caractère et des troubles du comportement donnant à leur vie un profil bien<br />

11


particulier. Mais rien ne prouve actuellement que les conduites psychopathiques représentent<br />

une entité morbide autonome de personnalité pathologique.<br />

1.1 La vie du sujet anti-social<br />

L’élément le plus caractéristique du déséquilibre mental est en effet la biographie du sujet ;<br />

celle-ci est émaillée de faits pathologiques, souvent très précoces, à travers lesquels s’expriment<br />

l’impulsivité, l’instabilité et l’inadaptabilité. L’enfance est souvent marquée par des<br />

manifestations « caractérielle » : colères fréquentes, opposition précoce aux parents, agressivité<br />

envers les autres enfants. Ces perturbations ne s’améliorent pas avec la scolarité, généralement<br />

difficile et médiocre, malgré un niveau intellectuel normal (bagarres multiples, refus de toute<br />

discipline, fugues, instabilité permanente, petits vols). Les changements d’école et l’orientation<br />

éventuelle vers des institutions spécialisées ne font guère progresser l’adaptation au groupe ni<br />

la stabilité du sujet. L’adolescence se caractérise souvent par une accentuation des troubles du<br />

comportement : l’instabilité empêche toute formation professionnelle ; des fugues à caractère<br />

impulsif débouchent, plus ou moins vite, sur une délinquance caractérisée : vols, agressions,<br />

sexualité précoce et agressive, prostitution, toxicomanie. Après un service militaire que des<br />

conduites d’opposition ou des fugues répétées font interrompre par une réforme, l’âge adulte<br />

reste marqué par les mêmes comportements. La vie professionnelle du déséquilibré est une<br />

succession d’essais et d échecs, sa vie affective et sentimentale, une suite d’aventures sans liens<br />

affectifs durables ; et son adaptation sociale reste médiocre, du fait d’une instabilité permanente<br />

et d’une délinquance généralement mineure, mais toujours récidivante.<br />

Cependant, une certaine évolutivité caractérise parfois ces conduites et il n’est pas exceptionnel<br />

d’observer, avec l’âge, une atténuation progressive de l’instabilité et de l’impulsivité.<br />

Ainsi, particulièrement après l’âge de 30ans, les troubles sexuels, l’agressivité, le vagabondage et<br />

la criminalité diminuent habituellement de fréquence. Mais parallèlement à la sédation des<br />

passages à l’acte, on observe assez souvent des manifestations anxieuses psychiques ou<br />

somatiques avec fixation hypocondriaque.<br />

1.2 Les Traits de personnalité<br />

Les traits de personnalité sont toujours plus ou moins aisément perceptibles lors des entretiens<br />

cliniques.<br />

-L’impulsivité : Elle est à l’origine de la plupart des troubles du comportement. Les déséquilibrés<br />

sont généralement incapables de retarder l’accomplissement de leurs désirs immédiats et<br />

d’anticiper les conséquences de leurs actes en fonction de leur expérience passée.<br />

-L’agressivité : Elle jaillit régulièrement à la moindre objection ou au moindre obstacle opposé<br />

aux désirs du sujet. Elle revêt parfois un aspect pervers en ce qu’elle peut s’accompagner du<br />

plaisir de faire le mal et, éventuellement, de le faire faire par d’autres.<br />

-L’inaffectivité apparente : Ce trait de caractère joint aux précédents explique la grande<br />

instabilité des liens affectifs et sociaux. Insoucieux d’autrui, égocentriques, les psychopathes<br />

déséquilibrés établissent facilement des relations superficielles, limitées à la recherche<br />

d’autosatisfactions immédiates.<br />

12


-L’absence d’anxiété est classique chez ces personnalités.<br />

-Les autres manifestations : Divers autres éléments cliniques sont habituels chez les<br />

psychopathes parmi lesquels des traits de caractère d’apparence hystérique avec narcissisme,<br />

histrionisme et surtout mythomanie (type de l’escroc-séducteur-persuasif). Des troubles des<br />

conduites sexuelles sont relativement fréquents ; mais ces conduites n’ont généralement pas,<br />

chez le déséquilibré, la stabilité et le caractère répétitif qu’elles revêtent chez les authentiques<br />

pervers sexuels. Les troubles de l’humeur enfin ne sont pas rares ; il s’agit surtout d’une<br />

instabilité thymique avec des épisodes dysphoriques de brève durée, pouvant comprendre un<br />

brusque désinvestissement général, à l’origine parfois d’une hospitalisation en milieu<br />

psychiatrique par le biais d’un geste suicidaire impulsif.<br />

2. Organisation psychopathique de la personnalité<br />

En terme psychodynamiques, l’absence de formation du surmoi a été avancée dans un premier<br />

temps ; elle a été suivie par l’hypothèse d’une conduite psychopathique à valeur masochiste<br />

(punition recherchée par culpabilité œdipienne inconsciente) puis par la notion d’un surmoi non<br />

pas absent mais archaïque indissolublement lié au sadisme anal.<br />

Les recherches psychanalytiques se sont progressivement centrées sur les facteurs susceptibles<br />

d’éclaircir la psychogénèse du passage à l’acte. Ainsi ont été décrites des vicissitudes<br />

relationnelles précoces avec une carence du narcissisme primaire, une absence d’intériorisation<br />

des conflits (nécessaire à la structuration névrotique), ou encore, une incapacité à intégrer les<br />

pulsions dans un langage symbolique. C’est cette impossibilité de médiatiser les tensions qui<br />

traduirait l’acte impulsif, résolution pulsionnelle en « court-circuit », sans fantasme, sans affects,<br />

sans pensée ni langage.<br />

En conclusion, le déséquilibre mental a été rattaché à des concepts divers où les notions de<br />

dégénérescence et de constitution perverse ont été longtemps prédominantes.<br />

V-Personnalité limite ou « borderline » (personnalité narcissique et<br />

schizotypique)<br />

1. Description clinique<br />

Malgré le polymorphisme clinique de ces patients, il est possible de dégager certaines<br />

manifestations psychopathologiques, non spécifiques certes, mais dont la sémiologie propre et<br />

surtout le groupement ou l’alternance doivent faire évoquer le diagnostic. Suivant les<br />

descriptions de Kernberg et de Marcelli, nous insisterons sur l’angoisse manifeste, les<br />

symptômes névrotiques, les affects dépressifs, et certaines complications (conduites<br />

antisociales, épisodes délirants).<br />

1.1 L’angoisse est constante, diffuse et envahissante.<br />

Typiquement, il ne s’agit ni d’une angoisse banale de type névrotique ni d’une angoisse de<br />

morcellement schizophrénique mais plutôt d’un sentiment de vide ou de manque incomblable,<br />

et d’un trouble du sens de l’identité avec incapacité de disposer d’une image nuancée de soi.<br />

13


Cette angoisse témoigne, selon Widlocher, du sentiment de disparition de la « cohérence<br />

interne » qui donne sens à la vie. Les accès d’angoisse aigue s’accompagnent parfois d’un<br />

syndrome de dépersonnalisation.<br />

1.2 Les symptômes névrotiques<br />

Incapable de lier de façon efficace l’angoisse, les symptômes névrotiques sont multiples et<br />

changeants, qu’il s’agisse de phobies, de symptômes de conversion, de préoccupations<br />

hypocondriaques ou obsessionnelles (où la lutte anxieuse est en règle générale peu apparente,<br />

sinon absente).Ces fluctuations symptomatiques où l’on passe d’un registre névrotique à un<br />

autre sont évocatrices.<br />

1.3 Le syndrome dépressif.<br />

Pour Bergeret, la dépression est l’élément fondamental de ce mode d’organisation pathologique<br />

de la personnalité.<br />

En effet, le désespoir, l’impuissance, les sentiments d’ennui sont souvent des symptômes<br />

manifestes prédominants. Il en est de même des affects agressifs (sentiments de rage et de<br />

colère). L’insatisfaction profonde et le rejet de tout ce qui pourrait être source de satisfaction<br />

sont une dernière caractéristique de ces états qui peuvent alterner avec de brefs épisodes<br />

d’excitation stérile. Par ailleurs, la personnalité limite ne supporte pas la solitude ; elle exprime<br />

souvent des exigences impérieuses vis-à-vis d’autrui (demande d’aide, d’arrêt de travail, etc..).<br />

Mais la présence d’autrui n’est jamais pour autant une source de réelle satisfaction.<br />

Plusieurs auteurs ont mis l’accent sur l’aspect primordial, dans cette pathologie, du sentiment de<br />

vide avec désinvestissement global lié à la perte du sens donné à la vie. Ce retrait a aussi pu être<br />

interprété comme un refuge contre l’établissement d’une relation à autrui trop proche, vécue<br />

comme dangereuse. On a enfin insisté sur la labilité de l’ensemble de ces états affectifs tant est<br />

marquée l’instabilité de ces patients.<br />

1.4 L’instabilité et l’impulsivité avec facilité du passage à l’acte sont en effet de règle.<br />

Elles expliquent une insertion socioprofessionnelle souvent fragile et une biographie émaillée de<br />

rupture sentimentales ; elles s’associent souvent à des conduites sexuelles déviantes (parfois de<br />

type pervers), à des fugues et à des abus toxicomaniaques (drogues, alcool) dont la signification<br />

est autodestructrice. L’instabilité peut s’accompagner de conduites antisociales, posant alors des<br />

problèmes diagnostiques avec le déséquilibre mental.<br />

2. Conceptions psychanalytiques et états limites<br />

Nous schématiserons les différentes conceptions psychanalytiques des états limites en résumant<br />

les positions de Kernberg, de Bergeret et Widlocher.<br />

• Selon Kernberg, les troubles limites de la personnalité correspondent à une organisation<br />

déterminée et fixe de la personnalité caractérisée par des mécanismes de défense contre<br />

l’angoisse qui sont de type psychotique. Cette théorie s’inspire des travaux de Mélanie<br />

Klein et de D. Winnicott sur le développement psychologique précoce. Les patients<br />

limites ont atteint et dépassé la différenciation soi-non soi ; mais l’union du bon et du<br />

14


mauvais objet, du bon et du mauvais soi ne peut se faire, en partie en raison de l’excès de<br />

charge agressive portée par les mauvaises parties de soi et de l’objet. Ainsi, c’est contre<br />

la menace de destruction qu’entraînerait cette unification que le patient érige ses<br />

défenses. Celles-ci sont dominées par le clivage et par un certain nombre de mécanismes<br />

complémentaires comme l’idéalisation, l’identification projective, le déni et la<br />

dénégation.<br />

Le clivage désigne la coexistence simultanée de deux attitudes par rapport à la réalité<br />

extérieure, l’une tenant compte de celle-ci, l’autre la déniant et mettant à sa place la<br />

réalité intérieure, celle du désir. Ces deux attitudes contradictoires coexistent sans<br />

s’influencer réciproquement.<br />

• Pour Bergeret, les mécanismes de défense contre l’angoisse mis en place dans les états<br />

limites sont voisins de ceux décrits par Kernberg ; ils comprennent le déni et<br />

l’identification projective ; l’originalité de sa conception réside dans le concept<br />

d’angoisse dépressive qui menacerait l’état limite, angoisse de perte d’objet ou<br />

d’abandon intermédiaire entre l’angoisse œdipienne névrotique et l’angoisse de<br />

morcellement schizophrénique. Le ou les traumatismes subis par le futur patient limite<br />

surviendraient au stade anal du développement et seraient suivis d’une « pseudo<br />

latence » précoce et durable, où la relation d’objet établie est de type anaclitique.<br />

Cet aménagement peut rester stable, sans symptômes, on pourrait le qualifier de pseudonormalité<br />

; mais le réveil de l’angoisse d’abandon par tout ce qui peut être vécu comme<br />

une menace de perte risque d’entraîner une décompensation certes le plus souvent sur<br />

un mode dépressif, mais aussi parfois sur un mode psychosomatique ou avec de<br />

nouveaux aménagements, de type pervers notamment.<br />

La troisième lignée structurale de Bergeret soulève un certain nombre d’objections. Pour<br />

Widlocher par exemple, l’emploi, dans ce cadre, de la notion de structure risque de<br />

conduire au rétablissement d’une opposition caractérologique et nosologique et les états<br />

limites aussi conçus s’insèrent entre deux lignées rigides « qui, à trop respecter la<br />

nosologie classique, nous empêchent de voir toute la mobilité et la diversité des<br />

formations névrotiques et psychotiques ».<br />

• Dans une perspective descriptive, D. Widlocher a initialement considéré que les quatre<br />

traits sémiologiques fondamentaux des états limites étaient :<br />

-une activité fantasmatique dénuée des défenses névrotiques habituelles ;<br />

-une angoisse d’annihilation (destruction de la cohérence de soi) ;<br />

-une organisation chaotique du développement libidinal ;<br />

- des tendances agressives particulièrement intenses avec crudité de l’expression<br />

fantasmatique.<br />

Cet auteur, comme Kernberg, fait de l’importance de l’agressivité un des facteurs étiopathogéniques<br />

des états limites, agressivité liée à des décharges où des niveaux<br />

pulsionnels hétérogènes sont en règle générale intriqués. Contrairement à ce qui se<br />

passe dans le conflit névrotique, le fantasme, dans l’état limite, « revêt la forme d’une<br />

attaque interne où représentation du soi et de l’objet fonctionnent comme des parties de<br />

soi, des introjects ».<br />

Enfin pour Widlocher, l’organisation limite de la personnalité ne correspond pas à une<br />

structure. Elle se caractérise par l’intrication de traits névrotiques et psychotiques et les<br />

15


particularités des conflits qui lui donnent naissance sont la pluralité des fixations<br />

pulsionnelles, la part prépondérante des organisations prégénitales, le rôle dominant de<br />

l’oralité et le clivage de l’agressivité et des fixations libidinales.<br />

3. Personnalités borderline, narcissiques et schizotypiques : Diagnostic<br />

Un certain nombre de personnalités pathologiques posent le problème soit du diagnostic<br />

différentiel avec les personnalités borderline, soit des limites nosographiques de ce concept.<br />

Nous envisagerons successivement les critères diagnostiques de la personnalité borderline puis<br />

les principales caractéristiques des personnalités schizotypiques et narcissiques.<br />

3.1 Les critères diagnostiques de la personnalité limite (borderline)<br />

Au moins 5 des 8 manifestations suivantes doivent caractériser le fonctionnement habituel, au<br />

long cours, du sujet, « sans être limitées à des épisodes pathologiques et sont responsables soit<br />

d’une altération significative du fonctionnement social ou professionnel, soit d’une souffrance<br />

subjective » :<br />

-Impulsivité et imprévisibilité dans au moins deux domaines dommageables pour soi-même, par<br />

exemple dépenses, sexualité, jeu, drogue, vol à l’étalage, excès de table ou conduites<br />

dommageables pour sa santé physique ;<br />

-instabilité et excès dans le mode de relations interpersonnelles, par exemple changements<br />

marquées d’attitudes, idéalisation, dévalorisation ou manipulation d’autrui ( utilisation régulière<br />

des autres pour son intérêt personnel) ;<br />

-accès intenses de colère inappropriée ou manque de contrôle de la colère, par exemple<br />

fréquents accès de mauvaise humeur, colère permanente ;<br />

-perturbation de l’identité caractérisée par une incertitude dans divers domaines relatifs à<br />

l’identité comme l’image de soi, l’identité sexuelle, les objectifs à long terme ou le choix d’une<br />

carrière, les types de relations amicales, les valeurs et la loyauté, par exemple : » qui suis je »,<br />

« j’ai l’impression d’être ma sœur quand je suis bon » ;<br />

-instabilité affective ; changements marqués d’humeur, habituellement pendant quelques heures<br />

et rarement plus de quelques jours, avec passages d’une humeur normale à la dépression, à<br />

l’irritabilité ou à l’anxiété puis retour à une humeur normale ;<br />

-difficultés à supporter la solitude, par exemple efforts effrénés pour éviter de rester seul,<br />

déprimé en cas de solitude ;<br />

-conduites dommageables pour sa santé physique, par exemple tentatives de suicide, automutilation,<br />

accidents à répétition ou bagarres ;<br />

-sentiments permanents de vide ou d’ennui.<br />

16


3.2 Les personnalités narcissiques<br />

Initialement le caractère « phallique –phallique » a été décrit par W.Reich. Aux comportements<br />

hyperactifs et énergétiques s’associent dans cette première description une ambition<br />

démesurée, une confiance en soi sans limites, une hyperassurance fière et vaniteuse, un amour<br />

du commandement et de la domination. Ces manifestations contrastaient avec une sexualité<br />

perturbée par des échecs hétérosexuels, par une abstinence ou par une homosexualité. W.Reich<br />

avait isolé la structure phallique en attribuant ses traits de caractère à des formations<br />

réactionnelles à la crainte de la castration et à une fixation au stade phallique du développement<br />

psychologique, avec hypervalorisation du pénis.<br />

Sur le plan clinique, ces patients éprouvent un besoin constant de se mettre en avant, mais ils<br />

font preuve d’une profonde vulnérabilité avec déficit de l’estime de soi. Ils ont besoin d’être un<br />

objet d’admiration mais méprisent ceux-là même qui les admirent.<br />

Lorsque les personnalités narcissiques sont isolées, elles sont souvent bien adaptées sur le plan<br />

social. Néanmoins, en situation d’échec, elles manifestent volontiers des réactions de colère et de<br />

rage destructrice.<br />

Les 5 critères diagnostiques proposés par le DSMIII correspondent assez étroitement à cette<br />

description. Ils doivent tous être présents au long cours pour que le diagnostic puisse être<br />

portés ;<br />

-« Sentiment grandiose de sa propre importance ou de son caractère exceptionnel, par exemple<br />

surestimation de ses réalisations et de ses capacités, focalisation sur le caractère spécifique de<br />

ses problèmes personnels ;<br />

-préoccupation par des fantaisies de succès sans limites, de pouvoir, d’éclat, de beauté ou<br />

d’amour idéal ;<br />

-exhibitionnisme : réclame constamment attention et admiration ;<br />

-indifférence froide ou sentiments marqués de colère, d’infériorité, de honte, d’humiliation ou de<br />

vide devant la critique, l’indifférence d’autrui ou l’échec ;<br />

-au moins deux des manifestations suivantes sont caractéristiques des perturbations des<br />

relations interpersonnelles :<br />

1/ sentiment d’ »avoir droit » : attente de faveurs spéciales sans assumer les responsabilités<br />

correspondantes, par exemple manifestations de surprise et de colère lorsque autrui n’agit pas<br />

selon ses propres désirs ;<br />

2/ exploitation des relations interpersonnelles : abus d’autrui pour satisfaire ses propres désirs<br />

ou peur de se faire valoir, dédain pour l’intégrité et les droits des autres ;<br />

3/ relations oscillant de façon caractéristique entre les positions extrêmes d’idéalisation et de<br />

dévalorisation d’autrui.<br />

4/ manque d’empathie : incapacité à ressentir les sentiments d’autrui, par exemple incapable<br />

d’apprécier la détresse d’une personne gravement malade »<br />

3.3 Les personnalités schizotypiques<br />

Ce type de personnalité individualisé par le DSM III est caractérisé par des « bizarreries de la<br />

pensée, de la perception, du discours et du comportement d’une sévérité insuffisante pour<br />

répondre aux critères de la schizophrénie ».Il fait partie du spectre de la schizophrénie et peut se<br />

compliquer d’épisodes psychotiques de courte durée.<br />

17


Selon le DSM III, les critères diagnostiques mettent l’accent sur les troubles de la pensée pouvant<br />

entraîner un isolement social : existence d’au moins 4 des 8 manifestations suivantes en dehors<br />

de tout contexte schizophrénique :<br />

« 1/Fonctionnement magique de pensée, par exemple superstition, don de voyance,<br />

télépathie, »sixième sens », « les autres sentent ce que je ressens » ;<br />

2/ idées de référence ;<br />

3/ isolement social, par exemple absence d’amis intime ou de confidents, contacts sociaux<br />

limités aux obligations essentielles de tous les jours ;<br />

-4/illusions récurrentes, sensations d’une force ou d’une personne, en réalité absente,<br />

dépersonnalisation ou déréalisation en l’absence d’attaques de panique ;<br />

5/bizarreries du discours par exemple discours digressif, vague, trop compliqué, trop détaillé,<br />

métaphorique ;<br />

6/ attitudes inadéquates dans une relation duelle liées à la pauvreté ou à l’inadéquation des<br />

affects, par exemple contact froid, distant ;<br />

7/ méfiance ou mode de pensée persécutoire ;<br />

8/crainte excessive des contacts sociaux ou hypersensibilité à la critique réelle ou imaginaire ».<br />

CONCLUSION<br />

Les personnalités pathologiques sont définies par des profils caractériels dont les attitudes et les<br />

comportements habituels sont rigides, inflexibles, mal adaptés, source d’une altération du<br />

fonctionnement socioprofessionnel et d’une souffrance subjective (du sujet lui-même ou de la<br />

société).<br />

De nombreux problèmes théoriques demeurent non résolus dans le domaine des personnalités<br />

pathologiques, notamment à propos des limites nosographiques de la plupart des types<br />

individualisés. Ainsi, si certaines « structures » histrioniques, paranoïaques ou comme les<br />

personnalités antisociales, borderline, narcissiques ou schizotypiques peuvent être diversement<br />

associés entre eux. On ignore encore s’il est plus justifié de les considérer comme des<br />

personnalités pathologiques « pures » , voire comme des manifestations variées appartenant au<br />

spectre de la schizophrénie, voire comme des formes cliniques particulières, à minima, de la<br />

psychose dissociative.<br />

Sciences humaines<br />

Ifsi Croix Rouge<br />

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