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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Dans ce travail, nous considérons deux types de conflits organisationnels : (i) des conflits d’intérêts <strong>et</strong>, (ii) de<br />

conflits de vision du monde. Les deux types de conflits sont intimement liés. Les “rationalités” au sein de<br />

l’organisation sont en eff<strong>et</strong> situées <strong>et</strong> liées à des perceptions distinctes d’intérêts disparates (Benghozi, 1987). Les<br />

conflits d’intérêt créent de la dissonance cognitive les transformant en conflits d’analyse <strong>et</strong> de vision du monde.<br />

Coriat <strong>et</strong> Weinstein (1999, p. 10) considèrent que le mécanisme de trêve proposé par Nelson <strong>et</strong> Winter amène les<br />

évolutionnistes à ne considérer les conflits dans l’organisation que comme des dissonances cognitives, c’est-à-dire<br />

des incohérences <strong>et</strong> des désaccords entre les représentations du monde des différents acteurs. Le vol<strong>et</strong> social ou<br />

politique est ainsi éclipsé dans c<strong>et</strong>te vision. Comment s’effectue donc la coordination <strong>et</strong> la mise en cohérence des<br />

comportements d’agents individuels qui, a priori, se présentent comme étant hétérogènes voire potentiellement<br />

conflictuels ?<br />

[L]es firmes sont génératrices de valeur <strong>et</strong> visent à la formation d’un surplus, alors même que les individus ou groupes qui sont<br />

à l’origine de sa formation ou qui sont associés à son partage sont animés par des intérêts qui diffèrent, se pose la question de<br />

savoir comment sont ‘coordonnés’ <strong>et</strong> gérés les conflits d’intérêts qui sont au cœur de toute firme <strong>et</strong> qui s’expriment –<br />

notamment mais non exclusivement – à l’occasion de la formation du surplus <strong>et</strong> du partage des revenus (profits, salaire, intérêt,<br />

…) entre les acteurs qui ont concouru à sa formation. (Coriat <strong>et</strong> Weinstein, 1999, p. 5).<br />

Si l’hypothèse de trêve organisationnelle peut être favorable à la mise en avant du processus<br />

d’exploitation, elle peut représenter une résistance au changement que soulignait Schump<strong>et</strong>er quant à la<br />

difficulté pour un entrepreneur-innovateur de s’imposer face à ces résistances économiques, sociales <strong>et</strong><br />

psychologiques. Il est par conséquent nécessaire d’avoir une approche à la fois en termes cognitifs <strong>et</strong><br />

motivationnels pour rendre compte correctement des véritables comportements organisationnels <strong>et</strong><br />

processus d’innovation. Une considération de la distribution asymétrique du pouvoir dans l’organisation 39<br />

<strong>et</strong> de la divergence d’intérêts de l’agent <strong>et</strong> du principal quant au partage du surplus <strong>et</strong> quant à la vision du<br />

monde devrait amener à abandonner c<strong>et</strong>te vision consensuelle de l’organisation pour lui substituer une<br />

représentation conflictuelle 40 , bien illustrée par Jacoby (2001, p. 2) :<br />

Within the organization, agents are engaged in conflicts with the aim of sharing organizational rent. They want to negotiate the<br />

organizational surplus sharing. During the negotiation, everybody aims to obtain a higher surplus share than his contribution to<br />

the organization. In other words, each agent is inclined to stay in the organization only if his surplus share is at least equal to<br />

his own contribution. Organization members arbitrate according to their own capacity to stay or to leave.<br />

Ce qui revient donc à abandonner de fait l’hypothèse forte de trêve <strong>et</strong> entreprendre une nécessaire re-intégration<br />

de toutes les dimensions de coordination dans la théorie évolutionniste de la firme. C’est la principale idée que<br />

nous discutons dans c<strong>et</strong>te thèse. La manière dont ces conflits sont réglés représentant une rationalité<br />

organisationnelle ou une culture d’entreprise particulière.<br />

2.5 CONCLUSION<br />

39 Distribution reconsidérée dans une économie basée sur la connaissance (Cf. chapitres 8 <strong>et</strong> 9).<br />

40 C<strong>et</strong>te dimension conflictuelle de l’organisation avait été bien illustrée par March <strong>et</strong> Simon (1993) en définissant les<br />

organisations comme des “systems of coordinated actions among individuals and groups whose preferences, informations,<br />

interests and knowledge differ. Organization theories describe the delicate conversion of conflict into cooperation” (March <strong>et</strong><br />

Simon, 1993, p. 2).

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