Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise
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(ii) Ensuite, les sélectionnés pour des raisons contingentes deviennent souvent efficients du fait qu’ils ont<br />
été sélectionnés, interdisant par conséquent un r<strong>et</strong>our des formes éliminées au départ, à cause du<br />
phénomène de verrouillage (lock-in).<br />
(iii) Enfin, les aptitudes qui perm<strong>et</strong>tent la survie de certains agents dans un groupe déterminé (la<br />
maximisation du taux de profit) ne nous disent rien sur leur efficacité pour l’ensemble des<br />
acteurs (salariés, consommateurs, <strong>et</strong>c.).<br />
A côté du rôle central de l’histoire dans les trajectoires de changements, un second élément tout aussi<br />
important est la combinaison du hasard <strong>et</strong> de la nécessité, d’un blind process <strong>et</strong> d’un deliberate process :<br />
Although we stress the importance of certain elements of continuity in the economic process, we do not deny (nor does<br />
contemporary biology deny) that change is som<strong>et</strong>imes very rapid. Also, some people who are particularly alert to teleological<br />
fallacies in the interpr<strong>et</strong>ation of biological evolution seem to insist on a sharp distinction b<strong>et</strong>ween explanations that feature the<br />
processes of “blind” evolution and those that feature “deliberate” goal-seeking. Whatever the merit of this distinction in the<br />
context of the theory of biological evolution, it is unhelpful and distracting in the context of our theory of the business firm. It<br />
is neither difficult nor implausible to develop models of firm behavior that interweave “blind” and “deliberate” processes.<br />
Indeed, in human problem solving itself, both elements are involved and difficult to disentangle. (Nelson <strong>et</strong> Winter, 1982, p.<br />
10-11).<br />
Nelson <strong>et</strong> Winter explicitent bien un schéma, mais on y voit beaucoup le rôle de l’environnement externe<br />
<strong>et</strong> la pression qu’il fait subir aux agents <strong>et</strong> peu la capacité propre (interne) des agents. Et bien que Winter<br />
(2003) se défend ici de la similitude de c<strong>et</strong>te vision phylogénétique avec l’approche néoclassique, il<br />
subsiste quelques affinités :<br />
In evolutionary theory the story is, the mark<strong>et</strong> system is a device such that when new opportunities and new problems come up,<br />
a bunch of different actors have incentives to think up solutions and try them. Some of those solutions are b<strong>et</strong>ter than others,<br />
and the mark<strong>et</strong> system functions in such a way as to promote, at least in a crude sense, superior solutions and suppress the less<br />
desirable solutions. That is a story about how soci<strong>et</strong>y goes about solving its ever-changing economic problems; that is a<br />
compl<strong>et</strong>ely different story than the story that orthodox economics tells about efficient allocations. (Winter, 2003, p. 16).<br />
Chez Nelson <strong>et</strong> Winter, bien que les agents semblent jouer un rôle actif dans le processus aux premières<br />
phases du processus de découverte entrepreneuriale, leur rôle dans le processus de sélection demeure<br />
principalement réactif. De plus, leur recours à la notion de mutation n’est pas innocent 35 : tout se passe<br />
comme si le saut qualitatif que c<strong>et</strong>te notion incarne était indissociable d’une totalité insécable de causes<br />
multiples (Rall<strong>et</strong>, 1999, p. 38). Le search considéré par Nelson <strong>et</strong> Winter est tout simplement le<br />
synonyme du hasard 36 . Le recours à la notion de mutation en est l’illustration. L’apprentissage n’existe<br />
que peu ou prou dans la vision originale de Nelson <strong>et</strong> Winter.<br />
34<br />
Encore une fois, la qualification par Khalil (2000) du mécanisme de sélection naturelle d’optimisation évolutionnaire<br />
nous paraît parfaitement adaptée.<br />
35<br />
Comme le montrent en termes biologiques Devillers <strong>et</strong> Tintant (1996, p. 87), l’eff<strong>et</strong> de la mutation sur l’organisme peut<br />
paraître aléatoire pour deux raisons : (i) parce que nous ne saisissons pas la relation entre le signal émané du génotype <strong>et</strong> la<br />
réponse extériorisée. En réalité, signal <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> sont liés par un enchaînement de transformations chimiques <strong>et</strong> morphologiques.<br />
Si l’aléatoire intervient dans la mutation, c’est à son origine <strong>et</strong> non dans ses conséquences ; (ii) parce que l’eff<strong>et</strong> de la mutation<br />
ne répond en rien à un besoin adaptatif immédiat de l’organisme ou de la lignée.<br />
36<br />
Jacques Monod illustre bien c<strong>et</strong>te vision Darwinienne basée sur le seul hasard : « … le hasard seul est à la source de<br />
toute nouveauté, de toute création dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolue mais aveugle, à la racine<br />
même du prodigieux édifice de l’évolution : c<strong>et</strong>te notion centrale de la biologie moderne n’est plus aujourd’hui une hypothèse,