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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Winter, ne va pas considérer l’entreprise individuelle, ou l’entrepreneur individuel comme moteurs de la<br />

dynamique économique, mais vont se focaliser plutôt sur le rôle central des “systèmes d’innovation” dans<br />

le capitalisme moderne. Winter (1987b) explicite c<strong>et</strong>te vision en proposant une lecture de Schump<strong>et</strong>er où<br />

la conceptualisation de l’auteur autrichien de l’entrepreneur individuel semble désuète <strong>et</strong> ne<br />

correspondant plus à l’état actuel de développement économique <strong>et</strong> social :<br />

[Schump<strong>et</strong>er’s] early book, The Theory of Economic Development, focused on the role and contribution of the individual<br />

entrepreneur. From today’s perspective the work remains enormously insightful and provocative but may seem dated; the<br />

image of the late 19th-century captains of industry lurks implicitly in the abstract account of the entrepreneur. The late work,<br />

Capitalism, Socialism and Democracy, is likewise insightful, provocative and a bit anachronistic. In this case, the anachronism<br />

derives from the predictions of a future in which the innovative process is bureaucratised, the role of the individual<br />

entrepreneur is fully usurped by large organizations, and the sociopolitical foundations of capitalism are thereby undercut.<br />

Present reality does not correspond closely to Schump<strong>et</strong>er’s predictions, and it seems increasingly clear that he greatly<br />

underestimated the seriousness of the incentive problems that arise within large organizations… (Winter, 1987a, p. 546).<br />

Dans c<strong>et</strong>te visée, en considérant que la connaissance n’est jamais complète, <strong>et</strong> qu’elle est dans le même<br />

temps en partie tacite <strong>et</strong> encastrée dans des contextes spécifiques, Nelson <strong>et</strong> Winter en concluent que la<br />

performance est contextuelle <strong>et</strong> jamais optimale. Il n’y a donc pas de changement radical à leurs yeux.<br />

Changement radical qu’apporte justement la réponse créative de l’entrepreneur Schump<strong>et</strong>erien. Le<br />

changement est plutôt considéré comme un processus cumulatif, incrémental <strong>et</strong> adaptatif. Le rôle de<br />

l’entrepreneur sera donc le plus souvent passé sous silence chez <strong>et</strong> à la suite de Nelson <strong>et</strong> Winter, ou alors<br />

il sera implicitement considéré comme étant désu<strong>et</strong> dans l’économie contemporaine. Or, une théorie de la<br />

firme qui occulte c<strong>et</strong>te figure centrale de l’entrepreneur n’en peut être que fortement altérée (Casson,<br />

1998, p. 3), ce qui poussait il y a quelques années Cohend<strong>et</strong>, Llerena <strong>et</strong> Marengo (2000) à s’étonner : Y at-il<br />

un pilote dans la firme évolutionniste ?<br />

2.2.3 La conception de la firme évolutionniste<br />

Nelson <strong>et</strong> Winter (1982) considèrent de grandes firmes, complexes, où il y a une relation relativement<br />

stable entre les structures persistantes <strong>et</strong> le fonctionnement organisationnel, <strong>et</strong> où les membres sont dotés<br />

d’un ensemble de savoirs-faire <strong>et</strong> de routines constituant des répertoires de routines <strong>et</strong> déterminant leur<br />

performance. La conception de la firme chez Nelson <strong>et</strong> Winter est basée sur un modèle d’autoorganisation<br />

où les routines émergent des interactions répétées entre les agents <strong>et</strong> leur environnement.<br />

C<strong>et</strong>te vision repose sur l’idée d’une certaine équivalence entre le niveau individuel <strong>et</strong> organisationnel où<br />

les routines individuelles, définies comme des programmes d’actions séquentielles, sont équivalentes aux<br />

routines (<strong>et</strong> donc aux compétences) organisationnelles. Autrement dit, les capacités cognitives de<br />

l’organisation transcendant celles de ses membres (Bessy, 2002a). La firme est ainsi décrite par Nelson <strong>et</strong><br />

Winter principalement dans sa dimension cognitive. Elle est accessoirement un lieu de coordination.<br />

Nelson <strong>et</strong> Winter expliquent la firme à travers les routines <strong>et</strong> les compétences idiosyncrasiques qu’elle<br />

possède, <strong>et</strong> sa dynamique est décrite comme une adoption consécutive des meilleures routines en rapport<br />

avec ses capacités d’apprentissage. Ce qui explique que les firmes diffèrent selon la spécificité de leurs<br />

compétences internes qui ne peuvent être transférées ou imitées.

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