Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise
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L’autre grande tradition évolutionniste (mésestimée) en économie est celle de Friedrich Hayek. Aux yeux de Hayek, la perspective évolutionnaire est absolument irremplaçable, car elle seule permet de mettre en évidence l’évolution spontanée des règles de conduite abstraites qui président à la formation de l’ordre social. Hayek hérite de Smith et de Menger l’émergence spontanée de l’ordre social comme conséquence non-intentionnelle des actions (non des desseins) délibérées des agents. Cet ordre est spontané au sens où il a été et où il est encore engendré par un mécanisme d’évolution. Nous avons déjà abordé les intuitions Smithiennes (§1.2.1.1) fondatrices de l’évolutionnisme culturel Hayekien. Nous allons développer cet évolutionnisme en détail dans le chapitre 3, après avoir présenté (dans une lecture critique) l’évolutionnisme néo-Schumpeterien dans le chapitre 2. Auparavant, nous allons revenir sur le degré d’ancrage de la logique évolutionniste en économie (et dans les sciences sociales en général) par rapport au modèle évolutionniste en biologie.
1.3 L’EVOLUTIONNISME EN ECONOMIE : DARWINISME ET LAMARCKISME Il est extrêmement difficile de mener à bien une typologie des différentes idées évolutionnistes appliquées aux sciences, naturelles ou sociales. L’évolution, du latin evolutio (action de dérouler), de volvere (rouler), suite de transformations dans un même sens, transformation graduelle assez lente, ou formée de changements successifs insensibles (Le Petit Robert) est en effet un concept particulièrement insaisissable : son utilisation renvoie aussi bien à des significations de la prise en compte d’un processus graduel de changement d’une forme à une autre, qu’à l’idée de l’avènement d’une nouveauté, ou même à l’idée du progrès. Pouvoir dégager des lois de l’évolution sur le plan théorique se révèle dès lors une entreprise fort complexe. Mais s’il n’existe pas de lois de l’évolution, nous pouvons néanmoins en souligner les mécanismes. Toute théorie évolutionniste suppose en effet : (i) un principe de variation, (ii) un (ou des) mécanisme(s) de sélection, et (iii) un principe d’hérédité (Durham, 1991). Dès lors, tout ce dont l’évolution a besoin, c’est d’un réplicateur dans un environnement approprié. Un réplicateur, c’est toute chose qui se copie elle-même, quoique pas toujours (et même pas nécessairement) parfaitement. L’environnement approprié doit être celui dans lequel le réplicateur peut créer le plus de copies de luimême, sans qu’elles soient toutes en mesure de survivre (Ibid.). Tout système évolutif doit donc posséder : (a) des unités de réplication, (b) une rétention sélective imparfaite de quelques variantes au dépend d’autres et (c) la récréation de la variation sur une partie des unités de réplication (Ibid.). Dans n’importe quelle génération, toutes les copies ne sont pas identiques et certaines sont capables de s’adapter dans un environnement spécifique plus que d’autres. En conséquence, elles font davantage de copies d’elles-mêmes de sorte que ce type de copie devient plus diffus. Les choses deviennent alors plus compliquées dans la mesure où la population des copies survivantes commence à modifier l’environnement et donc les pressions sélectives initiales. Les variations des pressions sélectives impliquent que des copies différentes vont être plus aptes à survivre dans ce nouvel environnement, ce qui va causer une complexité plus grande. C’est ainsi que le processus peut produire toutes sortes de complexité organisée, biologique et culturelle. 13 13 La complexité fait référence au fait que le système soit composé d’un nombre infini de parties qui peuvent potentiellement interagir et dont il est difficile, sinon impossible, de prévoir ex ante les résultats d’interaction.
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LAMARCKISME<br />
Il est extrêmement difficile de mener à bien une typologie des différentes idées évolutionnistes appliquées<br />
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changements successifs insensibles (Le P<strong>et</strong>it Robert) est en eff<strong>et</strong> un concept particulièrement insaisissable<br />
: son utilisation renvoie aussi bien à des significations de la prise en compte d’un processus graduel de<br />
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progrès. Pouvoir dégager des lois de l’évolution sur le plan théorique se révèle dès lors une entreprise fort<br />
complexe. Mais s’il n’existe pas de lois de l’évolution, nous pouvons néanmoins en souligner les<br />
mécanismes. Toute théorie évolutionniste suppose en eff<strong>et</strong> : (i) un principe de variation, (ii) un (ou des)<br />
mécanisme(s) de sélection, <strong>et</strong> (iii) un principe d’hérédité (Durham, 1991). Dès lors, tout ce dont<br />
l’évolution a besoin, c’est d’un réplicateur dans un environnement approprié. Un réplicateur, c’est toute<br />
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L’environnement approprié doit être celui dans lequel le réplicateur peut créer le plus de copies de luimême,<br />
sans qu’elles soient toutes en mesure de survivre (Ibid.). Tout système évolutif doit donc<br />
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dépend d’autres <strong>et</strong> (c) la récréation de la variation sur une partie des unités de réplication (Ibid.). Dans<br />
n’importe quelle génération, toutes les copies ne sont pas identiques <strong>et</strong> certaines sont capables de<br />
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l’environnement <strong>et</strong> donc les pressions sélectives initiales. Les variations des pressions sélectives<br />
impliquent que des copies différentes vont être plus aptes à survivre dans ce nouvel environnement, ce qui<br />
va causer une complexité plus grande. C’est ainsi que le processus peut produire toutes sortes de<br />
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13 La complexité fait référence au fait que le système soit composé d’un nombre infini de parties qui peuvent<br />
potentiellement interagir <strong>et</strong> dont il est difficile, sinon impossible, de prévoir ex ante les résultats d’interaction.