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Économie Évolutionniste et Culture d'Entreprise

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Les contributions de Simon ont permis de repenser les comportements économiques <strong>et</strong> de reconnaître la<br />

firme comme un acteur <strong>et</strong> non comme un simple agent de production. L’analyse du comportement<br />

économique chez Simon s’articule autour de deux concepts : le “satisficing” <strong>et</strong> le “search”. Le concept de<br />

search prend sa source dans la nécessité de filtrer, de m<strong>et</strong>tre en cohérence un certain nombre<br />

d’informations. S’il est vrai que l’agent ne manque pas d’informations, seulement une partie d’entre-elles<br />

est pertinente pour le choix, les autres s’avèrent superflues. Le search intervient alors à deux niveaux.<br />

Dans un premier temps, l’agent construit des plans d’actions susceptibles d’être menés à bien. Ensuite, il<br />

estime chacune des alternatives potentielles. Le concept de satisficing est défini clairement en rupture par<br />

rapport à l’idée de maximisation. Simon (1987, p. 243) explique qu’un preneur de décision qui choisit la<br />

meilleure alternative disponible en fonction d’un critère quelconque, optimise ; celui qui choisit une<br />

alternative qui s’accorde ou excède un critère spécifié, mais qui n’est pas garantie pour être ni unique ni la<br />

meilleure, se satisfait.<br />

La confrontation du search <strong>et</strong> du satisficing détermine la possibilité d’une solution de choix. Un<br />

comportement est procéduralement rationnel quand il est le résultat d’une délibération appropriée. La<br />

rationalité procédurale dépend du processus qui l’a générée (Simon, 1976, p. 131). Il ne suffit plus alors<br />

de considérer les buts des agents <strong>et</strong> la nature de leur environnement pour prévoir leurs comportements, il<br />

convient de considérer leurs structures internes de prise de décision <strong>et</strong> d’adaptation. Pour Simon, la<br />

rationalité des agents est limitée même dans un environnement informationnel complètement définissable<br />

comme c’est le cas du jeu d’échecs. Les joueurs n’ont tout simplement pas les capacités de calcul <strong>et</strong> de<br />

traitement de l’information nécessaires pour envisager toutes les possibilités de jeu <strong>et</strong> choisir la meilleure<br />

d’entre elles. Si le joueur ne peut pas choisir la meilleure solution, il va se contenter d’une solution<br />

satisfaisante en utilisant des règles <strong>et</strong> des procédures d’action compatibles avec le contexte d’action. Sa<br />

rationalité est donc procédurale. La rationalité substantielle ne peut être envisagée que dans un cadre atemporel<br />

<strong>et</strong> a-social.<br />

En s’inspirant de l’œuvre Simonienne dans leur conceptualisation des routines organisationnelles 12 ,<br />

Nelson <strong>et</strong> Winter vont cependant s’en démarquer. D’abord, ils ont souligné que les routines, comme des<br />

procédures de comportement non-délibératives, peuvent être plus opaques que transparentes. Ce qui<br />

signifie que les routines fonctionnent sans détour par des représentations grâce aux apprentissages<br />

antérieurs stockés dans le ‘background’. Ensuite, ils ont soutenu qu’en plus d’être des instruments de<br />

contrôle managérial, les routines représentent des accords informels négociés entre les intérêts divergents<br />

dans les interactions précédentes. En donnant une importance capitale à la dimension tacite de la<br />

connaissance sous-jacente aux routines, Nelson <strong>et</strong> Winter vont à l’encontre du proj<strong>et</strong> Simonien qui était<br />

justement, à travers l’intelligence artificielle <strong>et</strong> le cognitivisme, de simuler les compétences des personnes<br />

à partir d’un ensemble de règles, d’une décomposition sous la forme d’opérations séquentielles. En<br />

m<strong>et</strong>tant l’accent sur l’existence d’apprentissages, de répétitions faisant converger progressivement des<br />

12 Dans la lignée de leur adhésion à la vision Simonienne de la nature humaine pour saisir la dimension d’apprentissage<br />

individuel, Nelson <strong>et</strong> Winter vont adhérer à l’approche béhavioriste de Cyert <strong>et</strong> March pour saisir la dimension d’apprentissage<br />

collectif. C’est l’importance de la dimension tacite des connaissances <strong>et</strong> le coût élevé des processus d’explicitation qui vont<br />

inciter Nelson <strong>et</strong> Winter à s’inspirer du modèle béhavioriste de l’organisation. Ils vont opérer dans le même temps une analogie<br />

forte entre le fonctionnement individuel <strong>et</strong> le fonctionnement organisationnel.

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